Station de pompage de l'aquifère de DISI |
La Jordanie a réalisé un grand investissement dans le sud du pays pour pouvoir assurer l’alimentation en eau de sa capitale, Amman.
Les aquifères fossiles, ces eaux souterraines qui datent de plusieurs dizaines de milliers d’années, peuvent représenter une gigantesque ressource en eau dans un pays aride.
Un tel pompage ne peut être qu’une solution temporaire, l’eau de ces réserves ne se renouvelant pas.Le roi jordanien Abdallah II a inauguré à la mi-juillet la station de pompage de l’aquifère de Disi. L’événement n’est pas anodin. Selon le ministère jordanien de l’eau, ces nouvelles installations fourniront 20 à 25 % des besoins de la Jordanie en eau potable. L’objectif principal est d’alimenter la capitale, Amman, située à 325 kilomètres plus au nord et qui regroupe quasiment la moitié des 6,8 millions d’habitants du pays.
L’aquifère de Disi est une réserve d’eaux fossiles constituée il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, à quelques dizaines de mètres sous le sol, et qui n’est quasiment plus alimentée depuis. Dans les régions arides, ces réserves constituent souvent un moyen précieux d’obtenir de l’eau, car ces pays ne disposent pas d’eau en surface ou de nappes phréatiques réalimentées par la pluie.
Les Jordaniens prévoient de pomper 100 millions de mètres cubes par an d’eau potable grâce à ces installations. « Ce sont des quantités importantes, mais ce n’est pas spectaculaire », indique Ghislain de Marsily, professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie et membre de l’Académie des sciences. Dans le Sahara, où de gigantesques réserves d’eaux fossiles sont exploitées depuis des décennies, les quantités sont beaucoup plus impressionnantes. « De l’ordre de 600 millions de mètres cubes par an dans les réserves de Libye, d’Algérie, du Niger… Mais surtout, elles pourront être exploitées pendant plusieurs siècles. »
Un des pays les plus arides au monde
Cela peut faire rêver les Jordaniens. Leur pays est un des plus arides du monde. On estime les ressources en eau à environ 150 m3 par an et par habitant. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe le seuil en dessous duquel il y a pénurie à 1 000 m3 par an…
Avec une population qui augmente de 2 à 3 % par an en moyenne, la question des ressources en eau se pose de façon plus aiguë chaque année, pour un pays qui a si peu accès à la mer, à Aqaba, en mer Rouge, et dont le seul fleuve, le Jourdain, voit son débit se réduire d’année en année.
Réalisé par une société turque, Gama Endustri, le projet de pompage de Disi a été lancé en 2009. Il a coûté 1,1 milliard de dollars, financés en partie par des partenaires internationaux. Il comprend la station de pompage et un aqueduc qui relie les installations à Amman. Mais il ne réglera pas définitivement les problèmes d’alimentation en eau du pays.
« La réserve se monte à 6 km3 , indique Serge Lallier, directeur adjoint à la direction de l’eau du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui a travaillé sur le projet. L’exploitation pourra durer une cinquantaine d’années, autant dire pas grand-chose. »
8 % de l'eau potable issue du dessalement
C’est bien la particularité des aquifères fossiles. Leurs réserves n’étant quasiment pas renouvelées, le pompage devient de plus en plus compliqué, car il faut aller chercher l’eau plus profondément. « La Jordanie partage l’aquifère de Disi avec l’Arabie saoudite, explique Serge Lallier. Les Saoudiens l’ont intensément pompé depuis la fin des années 1970, n’hésitant pas à faire de l’agriculture en plein désert. »
Résultat : les zones pompées se sont retrouvées à sec il y a dix ans, et il a fallu aller plus profond, ce qui coûte plus cher. Les réserves étant énormes du côté saoudien, le pompage peut se poursuivre mais ils doivent nécessairement penser à une solution de plus long terme.
D’autant que plusieurs études ont indiqué des taux de radioactivité élevés dans l’aquifère, jusqu’à 20 fois les taux admis par l’OMS, même si les gouvernements jordanien et saoudien se veulent rassurants. « On est encore très loin de comprendre comment se produit cette radioactivité,précise Serge Lallier. Mais c’est un phénomène qui n’est pas rédhibitoire s’il est traité convenablement. »
Le dessalement d’eau de mer pourrait être la solution la plus durable. En vingt ans, la technologie s’est grandement améliorée, son coût a baissé et elle s’impose de plus en plus. « Dans le monde, 8 % de l’eau potable est issue du dessalement de l’eau de mer, avec une augmentation de 17 % chaque année, indique Ghislain de Marsily. L’Australie, ou encore les pays du Golfe, dessalent désormais à tour de bras. »
La Jordanie, dépourvue de tout accès à la Méditerranée, possède néanmoins un petit littoral sur la mer Rouge, à Aqaba, mais surtout elle partage la mer Morte avec la Cisjordanie et Israël. Ce grand lac salé diminue d’année en année, et les trois pays envisagent de le relier à la mer Rouge par un long aqueduc, pour le sauver de la disparition. Une grande usine de dessalement est aussi prévue. C’est peut-être la solution pour que les Jordaniens puissent continuer d’être alimentés en eau dans les décennies à venir.
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Un des pays les plus arides au monde
Cela peut faire rêver les Jordaniens. Leur pays est un des plus arides du monde. On estime les ressources en eau à environ 150 m3 par an et par habitant. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fixe le seuil en dessous duquel il y a pénurie à 1 000 m3 par an…
Avec une population qui augmente de 2 à 3 % par an en moyenne, la question des ressources en eau se pose de façon plus aiguë chaque année, pour un pays qui a si peu accès à la mer, à Aqaba, en mer Rouge, et dont le seul fleuve, le Jourdain, voit son débit se réduire d’année en année.
Réalisé par une société turque, Gama Endustri, le projet de pompage de Disi a été lancé en 2009. Il a coûté 1,1 milliard de dollars, financés en partie par des partenaires internationaux. Il comprend la station de pompage et un aqueduc qui relie les installations à Amman. Mais il ne réglera pas définitivement les problèmes d’alimentation en eau du pays.
« La réserve se monte à 6 km3 , indique Serge Lallier, directeur adjoint à la direction de l’eau du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui a travaillé sur le projet. L’exploitation pourra durer une cinquantaine d’années, autant dire pas grand-chose. »
8 % de l'eau potable issue du dessalement
C’est bien la particularité des aquifères fossiles. Leurs réserves n’étant quasiment pas renouvelées, le pompage devient de plus en plus compliqué, car il faut aller chercher l’eau plus profondément. « La Jordanie partage l’aquifère de Disi avec l’Arabie saoudite, explique Serge Lallier. Les Saoudiens l’ont intensément pompé depuis la fin des années 1970, n’hésitant pas à faire de l’agriculture en plein désert. »
Résultat : les zones pompées se sont retrouvées à sec il y a dix ans, et il a fallu aller plus profond, ce qui coûte plus cher. Les réserves étant énormes du côté saoudien, le pompage peut se poursuivre mais ils doivent nécessairement penser à une solution de plus long terme.
D’autant que plusieurs études ont indiqué des taux de radioactivité élevés dans l’aquifère, jusqu’à 20 fois les taux admis par l’OMS, même si les gouvernements jordanien et saoudien se veulent rassurants. « On est encore très loin de comprendre comment se produit cette radioactivité,précise Serge Lallier. Mais c’est un phénomène qui n’est pas rédhibitoire s’il est traité convenablement. »
Le dessalement d’eau de mer pourrait être la solution la plus durable. En vingt ans, la technologie s’est grandement améliorée, son coût a baissé et elle s’impose de plus en plus. « Dans le monde, 8 % de l’eau potable est issue du dessalement de l’eau de mer, avec une augmentation de 17 % chaque année, indique Ghislain de Marsily. L’Australie, ou encore les pays du Golfe, dessalent désormais à tour de bras. »
La Jordanie, dépourvue de tout accès à la Méditerranée, possède néanmoins un petit littoral sur la mer Rouge, à Aqaba, mais surtout elle partage la mer Morte avec la Cisjordanie et Israël. Ce grand lac salé diminue d’année en année, et les trois pays envisagent de le relier à la mer Rouge par un long aqueduc, pour le sauver de la disparition. Une grande usine de dessalement est aussi prévue. C’est peut-être la solution pour que les Jordaniens puissent continuer d’être alimentés en eau dans les décennies à venir.
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Un canal pour sauver la mer Morte
En 2005, Israël, la Jordanie et la Palestine ont demandé à la Banque mondiale une étude de faisabilité pour relier, par un canal, la mer Rouge à la mer Morte. La Banque mondiale a estimé, dans un rapport rendu en janvier dernier, que le projet était réalisable à un coût de 7,5 milliards d’euros. Le pompage intensif du Jourdain et de la mer Morte a en effet considérablement réduit la surface de cette dernière. Le canal, selon ses promoteurs, permettrait de sauver la mer Morte, mais aussi de construire une usine de dessalement et de produire de l’électricité. Les écologistes, pour leur part, critiquent les conséquences environnementales d’un tel projet.
Par Rémy Pigaglio - Source de l'article La Croix
Un canal pour sauver la mer Morte
En 2005, Israël, la Jordanie et la Palestine ont demandé à la Banque mondiale une étude de faisabilité pour relier, par un canal, la mer Rouge à la mer Morte. La Banque mondiale a estimé, dans un rapport rendu en janvier dernier, que le projet était réalisable à un coût de 7,5 milliards d’euros. Le pompage intensif du Jourdain et de la mer Morte a en effet considérablement réduit la surface de cette dernière. Le canal, selon ses promoteurs, permettrait de sauver la mer Morte, mais aussi de construire une usine de dessalement et de produire de l’électricité. Les écologistes, pour leur part, critiquent les conséquences environnementales d’un tel projet.
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