« Développement à travers le libre-échange ? » Tel est le titre de la dernière publication éditée par la fondation Rosa Luxemburg, présentée au public, à Tunis.
Lors de la présentation du livre, Khaled Chaabane, directeur du département Sciences, a fait savoir que le livre en question contient toutes les interventions d’un colloque tenu au mois d’octobre 2015, date qui a coïncidé avec le début des négociations entre la Tunisie et l’Union européenne sur l’Aleca.
Ainsi, il a été question dans le livre d’analyser le bilan de la relation entre la Tunisie et l’Union européenne à partir de 1995 jusqu’à aujourd’hui et toutes ses imperfections. « Il ne faut pas oublier que le rapport des forces entre la Tunisie et l’Union européenne n’est pas favorable à la Tunisie », indique-t-il.
De même, ce livre servira d’outil aux acteurs de la société civile et aux décideurs. « La société civile, contrairement à d’autres parties, sait que l’Aleca dans sa forme actuelle peut porter atteinte à l’économie tunisienne », dit-il.
Revenant sur les aspects négatifs de l’Aleca du fait qu’elle ouvrira la porte aux marchandises européennes pour accéder au marché tunisien sans contrainte tarifaire – et vice-versa pour les marchandises tunisiennes -, Khaled Chaabane estime, toutefois, qu’il y a un problème de niveau de compétitivité concernant les marchandises tunisiennes. « On comprend l’enjeu », s’inquiète-t-il. L’accord de l’Aleca concerne le domaine de l’agriculture et le secteur des services. Ainsi, il plaide pour un accord de libre-échange qui prenne en considération l’intérêt suprême du pays.
L’économiste Sami Aouadi, l’un des coauteurs du livre, a expliqué à leconomistemaghrebin.com que sa participation porte sur l’accord conclu entre la Tunisie et l’Union européenne en 1996 pour lequel il a fait une évaluation :« Cet accord est l’aboutissement naturel du changement opéré dans les relations économiques internationales suite à la création de l’Organisation mondiale du commerce qui a institué de nouvelles règles commerciales bannissant les privilèges et les avantages unilatéraux qu’accordait l’Union européenne à ses voisins du sud comme la Tunisie, l’Egypte et le Maroc.», commente-t-il
La différence entre l’Aleca et l’Accord de 96, c’est le démantèlement du système de protection tarifaire de la Tunisie pour les produits manufacturiers, en provenance de l’Union européenne, qui graduellement vont entrer sur le territoire tunisien. De même pour les produits tunisiens sur les marchés européens.
Il y a urgence à mettre un terme à cette attitude passive des gouvernements du sud qui consiste à attendre les projets européens et ne pas avoir leurs propres projets. « Surtout qu’il existe plusieurs choix de diversification et plusieurs destinations dans le monde », dit-il. Et de considérer que l’Aleca est une menace pour un certain nombre de secteurs, notamment l’agriculture : « Les agriculteurs tunisiens ne sont pas préparés à concurrencer la production de leurs homologues européens qui ont bénéficié depuis longtemps de la politique agricole commune et de beaucoup de subventions ».
Pour réaliser un accord gagnant-gagnant, Sami Aouadi a recommandé la mise en place d’une coopération scientifique réelle, un transfert de technologie, une nouvelle politique de la migration et la facilitation de la mobilité des hommes et pas uniquement de la marchandise.
Source de l'article l'Economiste maghrébin
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