Le géant public russe du pétrole Rosneft a signé un accord préliminaire avec la compagnie nationale libyenne pour développer le potentiel pétrolier libyen. La Russie étend sa diplomatie du pétrole en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Le géant russe du pétrole Rosneft prend pied en Libye. Alors que le pays est encore en plein chaos, Rosneft signe un accord avec la compagnie nationale libyenne, la NOC, pour développer la production de pétrole, toujours très inférieure à ce qu'elle était avant la chute de Mouammar Kadhafi (1,6 million de barils jours avant 2011). La compagnie russe s'engage aussi et c'est le plus concret pour l'instant, à enlever une partie du brut libyen pour l'exporter.
Pour l'instant seul le négociant suisse Glencore s'était engagé à commercialiser le pétrole libyen, alors que les terminaux d'exportation n'étaient même pas contrôlés par le gouvernement reconnu par l'ONU, ce qui avait suscité la colère de la compagnie pétrolière libyenne. Aujourd'hui, le gouvernement de Tripoli ne contrôle pas plus les terminaux de l'Est, désormais aux mains du général Haftar, mais la NOC n'en signe pas moins cet accord d'exportation du brut par le géant russe. Signe que la compagnie nationale libyenne, et donc le gouvernement officiel, s'est entendue avec le général Haftar pour partager les revenus du pétrole. Il faut dire que ces revenus sont en hausse, la production ayant repris de la vigueur (600 000 barils par jour), souligne Philippe Sébille-Lopez, l'enjeu n'en est que plus important aujourd'hui pour les frères ennemis libyens.
Pour Moscou, c'est un double coup commercial et politique, estime Colette Lewiner, spécialiste des marchés de l'énergie. Via son bras pétrolier Rosneft, la Russie prend pied en Libye, elle a toujours rêvé d'une base militaire sur cette rive de la Méditerranée, et elle peut soutenir le général Haftar dans sa lutte contre les djihadistes. Cet accord de Rosneft en Libye s'ajoute à d'autres engagements de la compagnie russe dans la région : préfinancement par Rosneft du pétrole du Kurdistan irakien, prise de participation dans le champ gazier géant de Zohr en Egypte. Comme si Moscou menait décidément une diplomatie du pétrole très active au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en ce moment.
Par Claire Fages - Source de l'article RFI
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