Processus de Barcelone : un bilan mitigé

Nicolas Sarkozy (à droite) avec Hosni Moubarak ( au centre /Président à l'époque) et Juan Manuel Barroso
lors du lancement de l'UPM.
Le processus de Barcelone est une mesure qui vise le renforcement de la cohésion entre les pays de l’UE et ceux de la rive méridionale de la Méditerranée.

Le Processus de Barcelone, également connu sous l’appellation de « Partenariat Euromed », a été lancé à l’initiative de l’Union européenne en novembre 1995, alors que l’Espagne assurait la présidence tournante. 

Il vise (visait ?) à instaurer une alliance reposant sur les desseins de la paix, de la stabilité et de la prospérité entre les Etats membres de l’UE ainsi que douze autres pays de la rive méridionale de la méditerranée (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Palestine, Turquie, Israël, Liban, Jordanie, Chypre, Malte et Syrie), et de poser les bases d’une coopération économique, financière, sociale et culturelle entre ces pays.

Focus sur ce projet ambitieux, son évolution historique et les principaux défis auxquels il est confronté.

Vers un espace commun de paix et de sécurité

Les ministres des Affaires étrangères des pays mentionnés, en plus de la Mauritanie en qualité d’observateur, se sont réunis à Barcelone en 1995 pour concrétiser cette alliance qui a suscité un vent d’optimisme sur la rive sud de la Méditerranée. Il faut dire que l’objectif affiché est dithyrambique : créer dans la zone euro-méditerranéenne un cercle vertueux susceptible de la transformer en une zone de paix et de prospérité durables.

Si l’UE était déjà le premier partenaire économique des pays du sud, elle aspirait à s’engager sur les volets politiques, sécuritaires et sociaux, sur la base de la Charte des Nations unies ainsi que de la Déclaration des droits de l’Homme.

Au-delà de sa portée symbolique, le processus de Barcelone se voulait un véritable catalyseur de projets, de mesures et de chantiers opérationnels :
  • Instauration progressive d’une zone de libre échange dans la zone ;
  • Instauration de l’institution parlementaire du Processus de Barcelone (APEM) pour adopter les résolutions non contraignantes ;
  • Lancement du programme MEDA par lequel l’UE apporte une aide financière et technique à ses partenaires méditerranéens ;
  • Lancement de la Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP) pour développer le secteur privé et facilité l’accès des PME au financement…
Seulement, pour de nombreux observateurs, ce partenariat n’a pas dépassé le stade de « pont de communication ». En effet, le rattachement du Processus de Barcelone à la Politique européenne de voisinage (avec les pays d’Europe de l’Est) a été perçu comme un désengagement de l’UE en direction de la Méditerranée.

En 2007, c’est Franco Marini, ancien président du Sénat italien, qui jeta un pavé dans la mare : « Le processus de Barcelone est une déception. Treize ans après sa signature, il peine toujours à avancer ». Un bilan largement partagé par Nicolas Sarkozy, alors en pleine campagne électorale pour les présidentielles de 2007 : « Le dialogue euro-méditerranéen imaginé il y a 12 ans à Barcelone n'a pas atteint ses objectifs. L'échec était prévisible dès lors que la priorité de l'Europe était à l'Est(…), que le commerce avait pris seul le pas sur tout le reste alors que c'était la coopération qui aurait dû être la priorité absolue(…), dès lors qu'il s'agissait une fois de plus de faire dialoguer le Nord et le Sud, en perpétuant cette frontière invisible qui depuis si longtemps coupe en deux la Méditerranée… », avait notamment déclaré le futur Président dans un discours à Toulon.

Des projets en devenir

Au cours des années, le processus a connu de nombreuses transformations. Huit nouveaux pays d’Europe centrale et orientale l’ont rejoint et deux pays membres de ce partenariat (Malte et Chypre) sont devenus membres dans l’Union Européenne. Voici les étapes majeures qui ont marqué le développement du Processus de Barcelone :

#1 La conférence de Malte
Tenue en 1997, cette conférence a débouché sur la mise en place de mesures visant le renforcement de la démocratie, de la sécurité et la mise en place de mécanismes dédiés comme la création du réseau des instituts de politique étrangère « EuroMeSCo » et l’instauration des bases de la charte pour la paix et la stabilité.

#2 La conférence de Stuttgart
Dans le cadre de cette conférence conclue en 1999 ont été décidées les lignes directrices du projet de la charte de la stabilité, et ce, en dépit de l’évolution négative du processus de paix et du climat politique tendu.

#3 La réunion ministérielle de Marseille
Conclue en 2000, cette réunion a débouché sur la création d’une commission de hauts fonctionnaires de la présidence pour se rendre aux capitales des pays partenaires du Processus de Barcelone et recueillir les estimations sur les moyens de relancer le processus au point mort. L’absence de perspectives favorables à l’évolution de la paix dans la région et la reprise des violences au Proche-Orient en 2000 ont largement affecté les chances d’aboutissement de ce projet.

#4 L’élaboration difficile d’une charte de sécurité et l’Union pour la Méditerranée
Bien que les discussions aient progressé, la charte n’a pu être adoptée lors de la réunion « Think Tank » conclue en Lisbonne en mai 2000. Ce texte ne sera en application que « lorsque les circonstances politiques le permettront » selon les membres du partenariat.

Pendant le mandat de Nicolas Sarkozy, et au terme d’un bras de fer avec l’Allemagne, le processus de Barcelone a été « prolongé » par le projet de l’Union pour la Méditerranée. Malgré la réticence, voire l’hostilité, des capitales européennes envers un projet financé par l’UE mais préférentiellement destiné aux pays du Sud, le projet de Nicolas Sarkozy est amendé.

On parlera longtemps de « revitalisation », de « nouvel élan », voire de « résurrection ». Seulement, le printemps arabe a balayé les timides avancées en faveur du rapprochement des pays membres du partenariat.

La crise économique, les flux des migrants et des réfugiés et la montée de l’insécurité ont empêché toute avancée notable. Il aura fallu attendre l’année 2017 pour que la 2e édition du forum régional de l’UpM se déroule à Barcelone, avec des visées essentiellement culturelles et sociales…

Source de l'article la Rédaction Ecomnews Med

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