Malgré la crise de croissance, le Maghreb veut croire encore en un sursaut européen

En cette semaine anniversaire du déclenchement du « Printemps Arabe » , et alors que l’Europe traverse une crise de confiance économique sans précédent, la question du modèle économique qui sera poursuivi par les pays du Maghreb à partir de 2012 commence à prendre une dimension toute particulière. Décryptage.

En effet, si 2011 est à classer comme « hors concours » en termes économiques de part les évènements extraordinaires qui l’ont traversé, l’année 2012 qui s’annonce ne semble pas augurer d’une amélioration substantielle des économies du sud de la Méditerranée, alors même qu’elles sont dans une situation de transition politique qui requiert la plus grande prudence.

En effet, le Maghreb souffre de son accrochage structurel au monde latin, que ce soit en termes de carnet de commande pour son industrie, de vacanciers pour son tourisme, ou d’Investissements Directs Etrangers. Premier partenaire commercial pour la Tunisie, le Maroc ou l’Algérie, la France se trouve donc en première ligne. C’est d’ailleurs la baisse drastique des commandes de la confection française qui avait contribué à faire sombrer la Tunisie dans une crise économique sans précédent il y a près de deux ans, créant les conditions de la révolution.

Depuis quelques mois, les maghrébins regardent avec encore plus d’attention la situation européenne, et ont vécu au rythme des discussions sur le sauvetage grec ou le renforcement de la zone euro, se passionnant –peut être plus que les européens- pour les multiples rounds de négociations et les rencontres au sommet.

Au delà de cet intérêt marqué et significatif, le sud regarde vers l’Europe en espérant y trouver -à nouveau- un peu de cohérence et de transparence, alors même que les modèles politiques issus des révolution du « Printemps Arabe » n’ont pas encore trouvé leur voie, et semblent avancer à tâtons.

Malheureusement, même l’Europe ne semble plus en mesure de jouer ce rôle de « Sherpa démocratique » auprès de ses partenaires du sud, la faillite grecque, la montée en puissance des agences de notation et la crise de l’Euro ayant démontré que le système est actuellement en train de lutter pour sa survie, et n’a donc pas de « temps de cerveau disponible » pour regarder autour de lui.

Or, entre un « péril vert » constitué par la montée en puissance des courants islamistes, et un « péril économique » matérialisé par le déclin constaté de son principal donneur d’ordres économique, dans quelle direction se tournera le Maghreb afin de tenter de maintenir un taux de croissance qui évitera une explosion sociale ?

Certains pensent que le temps est venu pour que le centre de gravité économique du Maghreb bascule vers un autre pôle, accélérant ainsi le déclin européen.

Lors d’une récente réunion des place boursières africaines à Marrakech (ASEA 2011) , une grande majorité de participants ont ainsi estimé que le réservoir de croissance « naturel » pour le Maghreb se situerait en Afrique subsaharienne, mais qu’il faut attendre encore quelques années pour que ces marchés qui peinent à s’ouvrir puissent constituer un réel relais de croissance.

Or, comment concilier des besoins économiques urgents avec les impératifs qu’implique une redéfinition des stratégies économiques des pays du Maghreb en faveur du continent ? Telle est la question à laquelle personne ne semble aujourd’hui capable de répondre de manière satisfaisante, ce qui pousse la plupart des maghrébins à espérer que l’Europe saura trouver les moyens de remettre sur les rails son économie à court terme, au risque de relancer des vagues d’immigration massives qui ne feront que surinfecter le marasme économique du vieux continent.

Par Abdelmalek Alaoui - Managing Partner, Global Intelligence Partners - LesEchos.fr

L'Union pour la Méditerranée confirme « sa prééminence » comme nécessité politique et opportunité socioéconomique

L'Union pour la Méditerranée (UPM) confirme, aujourd'hui comme demain, «sa prééminence» en tant que «nécessité politique, opportunité socioéconomique et, par-dessus tout, l'expression d'un besoin géostratégique incontournable pour tous les pays de la région», a assuré son secrétaire général, le Marocain Youssef Amrani.

«Le partenariat euro-méditerranéen qu'incarne l'UPM, que beaucoup voyaient comme une coquille vide, un bébé mort-né, etc., vient confirmer le caractère avant-gardiste de cette initiative, étant donné que personne en 2008 ne pensait qu'il y aurait des processus de transitions démocratiques dans le monde arabe», explique-t-il, dans un entretien accordé à la revue «Études européennes», parue en France. «Aujourd'hui cette région bouge, il faut donc pouvoir l'accompagner dans cette phase», a-t-il ajouté, en exprimant la disposition de l'UPM à accompagner ces processus de transitions et d'ouverture démocratique, notamment à travers des initiatives et des projets «tangibles et visibles» qui puissent avoir un impact socioéconomique sur le citoyen.

Selon lui, l'UPM, qui se base sur l'acquis du processus de Barcelone, puise son importance d'un processus décisionnel associant désormais l'ensemble des pays euro-méditerranéens, sur «une base égalitaire», ayant permis l'identification de nouvelles priorités avec des secteurs stratégiques importants pour le Nord et le Sud (dépollution de la Méditerranée, le Plan solaire méditerranéen, etc.).

«L'UPM est aujourd'hui une entité unique non seulement par la grandeur de son marché potentiel mais aussi par l'existence de son secrétariat qui lui permet de favoriser et d'incarner une structure paritaire dans la prise de décision et la définition d'actions régionales concrètes», explique-t-il. Il se dit convaincu que l'Union pour Méditerranée, en tant qu'acteur régional qui regroupe quarante-trois pays, une population de plus de 800 millions de personnes avec environ 100 millions de jeunes au Sud, peut être considérée comme «l'une des plus grandes entités régionales dans le monde».

M. Amrani se félicite à cet égard de la volonté des pays de l'Union de «créer un espace institutionnel propice à gérer la dimension régionale euro-méditerranéenne pour contribuer à la stabilité et la prospérité partagée dans l'ensemble de la région». Mais, au regard du changement des paramètres dans la région, il a tenu à souligner que «si nous voulons répondre aux besoins des citoyens du Sud, nous sommes appelés à nous adapter et à nous ouvrir sur notre environnement immédiat en associant les acteurs non gouvernementaux et les parlementaires et à nous focaliser sur les domaines prioritaires liés au développement socioéconomique local, la création d'emploi et d'entreprises».

«Aujourd'hui, ce contexte nouveau doit nous amener à unifier notre démarche pour privilégier plus d'efficacité entre les actions régionales, notamment européennes destinées aux voisins du Sud, qui sont inscrites dans la dimension régionale de la Politique européenne de voisinage (PEV) et l'UPM en tant que structure d'unification de ces actions régionales pour les quarante-trois pays euro-méditerranéens», plaide le secrétaire général de l'UPM. D'où l'attention accordée, selon lui, par son secrétariat à œuvrer pour «plus de proximité et plus d'efficacité» dans sa coopération avec des instances comme le Parlement européen, à travers l'Assemblée parlementaire de l'Union pour la Méditerranée (AP-UPM), l'Assemblée régionale et locale euro-méditerranéenne (ARLEM), la fondation Anna Lindh et les forums de la société civile qui «réalisent un travail considérable auprès des jeunes générations dans les différents pays du Sud».

Par MAP & LeMatin.ma

Méditerranée - Exploiter l’énergie solaire : un jeu d’enfants ?

Dans un cadre international critique de raréfaction des réserves énergétiques fossiles, d’accroissement de la demande énergétique et de réchauffement climatique, le projet Desertec a vu le jour avec pour but d’exploiter une ressource inépuisable, le soleil. Si son but semble simple, les modalités de sa mise en œuvre ne se décident pas dans une cours d’école.

Le projet Desertec constitue en soi une « Révolution du Tournesol ». En revanche, pour que cette révolution ne se transforme pas en guerre des tranchées dans laquelle chacune des parties impliquées serait obligées de rendre les armes et de compter ses blessés, il convient d’en identifier les facteurs clefs de réussite.

Sous quelles conditions un projet comme DESERTEC peut-il être une opportunité pour les deux rives de la Méditerranée, voire au-delà ? Quel mode de gouvernance entre les pays du nord de la Méditerranée et ceux du sud pour avoir un projet gagnant pour les différents pays qui sont à des niveaux de développement différents ? Quelle juste répartition du risque, de l’investissement entre le secteur public et le secteur privé afin de sécuriser tant le lancement du projet mais aussi de le pérenniser sur plusieurs décennies ?

Autant de questions auxquelles le cabinet BearingPoint, à l’aide d’experts de plusieurs disciplines a tenté de répondre en menant une étude indépendante qualifiant les conditions de réussite du projet Desertec. Sept facteurs clefs de réussite ont été identifiés.

Ces conditions de réussite sont multidimensionnels (réglementaire, politiques, techniques, financiers, économiques). Elles posent cependant clairement quelques questions aujourd’hui essentielles et dépassant, encore une fois, les projets eux-mêmes.
 
1. Favoriser des deux côtés de la Méditerranée une réglementation cohérente
Plutôt que de faire émerger un cadre contraignant, qui rendrait, en Europe, obligatoire le recours aux énergies renouvelables, l’enjeu réside dans la déclinaison de l’article 9 de la Directive sur les énergies renouvelables en créant des incitations fiscales et économiques au niveau de chaque pays membres de l’union européenne. Les mesures fiscales, les politiques étrangères et le marketing lié au positionnement de chaque pays de l’union européenne envers les pays du sud devront également être régis par de grands principes. En effet, il est important d’assurer une cohérence et une compatibilité des messages à adresser aux partenaires de l’autre côté de la méditerranée pour éviter un déséquilibre au sein même de l’Europe et des pays du sud. Dans le cas contraire, cela pourrait faire émerger des points de blocage dans le fonctionnement d’un marché intégré à moyen et long terme. Dans les pays du sud, il s’agirait de laisser les législations évoluer au niveau national sans forcément pousser à l’harmonisation. Le danger serait de présupposer que les pays du MENA réagiront de la même façon que les pays de l’Union Européenne. Les discours pratiqués sur le vieux continent pourraient être sans effet de l’autre côté de la Méditerranée.

2. Repenser la coopération entre le nord et le sud afin de construire une relation durable gagnant-gagnant
Au préalable d’un projet de grande envergure et à forts enjeux politiques, il est crucial d’apporter une attention particulière aux relations qui existent entre chaque partie prenante du projet et donc entre l’Europe et l’Afrique. Il apparaît en effet nécessaire d’adopter une approche de gagnant-gagnant permettant d’assurer les intérêts des pays du sud notamment dès l’amont à travers les contrats d’approvisionnement ainsi que par la mise en place d’une gouvernance portée par l’ensemble des pays (pays du sud producteurs et pays du nord consommateurs). Le projet DESERTEC, de par l’implication des pays du sud en réponse aux besoins des pays du Nord, peut susciter des relations bilatérales parfois tendues. C’est la raison pour laquelle, la Dii est très vigilante aussi bien sur le fond des objectifs du projet que sur la communication du projet et la perception des pays de la région MENA afin d’éviter tout polémique stérile susceptible de retarder les délais de déploiement. Par conséquent, Il est fondamental que ce soit les pays producteurs qui portent les projets d’investissements et partagent la gouvernance de la coopération avec les états concernés afin de rester le plus indépendant possible.

La création d’une situation de coopération entre le nord et le sud sera d’autant plus durable si elle s’accompagne de la construction d’un véritable écosystème d’échange.

3. Mettre en place un « marché européen de l’électricité verte » pour permettre la rentabilité des infrastructures et le développement du secteur

Le modèle financier des tuyaux transportant l’électricité d’un pays à l’autre est complexe pour la raison suivante : il ne crée de la valeur que lorsque de l’électricité y passe. De ce fait, il serait intéressant de décloisonner le marché de l’électricité et de créer un réseau dédié d’énergie verte Nord-Sud permettant d’individualiser et de valoriser les transports d’énergie verte sur le réseau. Le coût moyen de cette électricité échangée, sur un tel marché, devra être calculé pour permettre la rentabilité de l’infrastructure. La création d’un marché européen de l’électricité verte s’avère être un catalyseur pour améliorer l’organisation du secteur de la production et de la commercialisation de l’électricité verte et permettra d’absorber l’augmentation à venir de la consommation des énergies vertes.

Pour autant, un tel marché devra être ouvert aux fournisseurs non européens de la rive sud méditerranéenne, afin de former un marché unifié et connecté au marché nord-africain, permettant le libre-échange de l'électricité entre tous les pays - la cohérence des règles du jeu entre les secteurs économiques concernés, et les pays de l’Union européenne sera essentielle. Par ailleurs, l’engagement pris par l’Europe d’améliorer une grande partie de l'infrastructure existante pour accueillir les énergies renouvelables (infrastructures plus souples, interactives, moyens de stockage, etc.) devra s’accompagner de réalisations concrètes. Pour le cas de la France, EDF par exemple, a lancé des pilotes pour le stockage de l’énergie.

4. Evaluer la maturité des technologies et être continuellement à la pointe de l’innovation technologique
Les technologies de production de l’énergie solaire sont variées, les deux principales étant le solaire thermodynamique et le photovoltaïque.

Le solaire thermodynamique (miroirs paraboliques) est la technologie privilégiée dans la projet Desertec. Il s’agit d’une vieille technologie (son utilisation date des années 1980) qui a déjà fait ses preuves aux Etats-Unis et en Espagne. C’est donc une technologie que l’on peut considérer comme « mâture » et qui présente l’avantage, par rapport au photovoltaïque, de pouvoir emmagasiner de la chaleur et être ainsi opérationnelle plusieurs heures la nuit. En revanche, son potentiel de développement reste aujourd’hui conditionné par l’amélioration de son rendement et de son coût.

Même si DESERTEC va démarrer avec la technologie du solaire thermodynamique, le format des centrales (nature des équipements) reste encore à définir. La compétitivité de ce système (surtout face au photovoltaïque) et donc le prix du kWh dépendra, en première ligne, des progrès technologiques réalisés sur les optiques et les fluides caloporteurs. La veille technologique s’avère donc fondamentale pour suivre l’évolution le plus finement possible. La consolidation d’un écosystème de start-up et de laboratoire de recherche peut permettre de conserver une avance technologique voire d’anticiper des points d’inflexion.

5. Prendre en compte l’ensemble de l’équation environnementale
Le solaire thermodynamique a un impact environnemental modéré du fait de son empreinte carbone faible, cependant cette technologie nécessite deux à trois fois (de 3 à 4 m3) plus d’eau qu’une centrale à charbon. L’eau est essentielle pour refroidir le système et pour nettoyer la poussière sur les panneaux solaires, ce qui est nécessaire pour améliorer leur efficacité. Ceci pose donc un double enjeu du fait que les installations soient au Sahara : la rareté de l’eau dans cette région et la grande fréquence des tempêtes de sables. La prise en compte de l’ensemble de l’équation environnementale n’est donc pas aussi simple que prévu.

La réussite d’un projet de l’ampleur de DESERTEC passe par une estimation des coûts d’opération et de maintenance qui tient compte de tous les aspects particuliers du Sahara (tempêtes de sable, rareté de l’eau, etc.) et qui respecte en même temps les exigences environnementales. Le retour d’expérience du projet de Ouarzazate, seul projet à date qui a été réalisé dans des conditions similaires à celle de Desertec, serait intéressant à analyser en détail.

6. Garantir la pérennité du développement de DESERTEC en améliorant son niveau de rentabilité
Pour que le projet voit le jour, il est important de répondre à des exigences de rentabilité de l’ordre de 12 à 15% (niveaux de rentabilités comparables à ceux des projets hydrocarbures). Aujourd’hui, ce taux de rentabilité n’est pas atteint mais des analyses du DLR (Centre allemand de recherche aérospatiale) datant de 2005 ont montré que la rentabilité du projet Desertec serait atteinte entre 2020 et 2030. Pour garantir l’atteinte de cet objectif, Desertec devra jouer sur plusieurs leviers comme les revenus dégagés et les coûts engendrés.

La vitesse de croissance du secteur émergent de l’énergie solaire, découlant de l’atteinte d’une rentabilité convenable, va dépendre des soutiens forts des régulations étatiques, seuls vrais moteurs de la décroissance indispensable des prix et d’une gestion des coûts maîtrisée et sans cesse améliorée. La capacité de l’énergie solaire à être un facteur de lutte contre le changement climatique doit être traduite par des externalités positives qui prennent en compte les bénéfices environnementaux de ces énergies. Les instruments matérialisant ces externalités ne devront pas se réduire à des gadgets mais constituer de réels leviers économiques, afin de contribuer notamment à niveler le niveau des coûts de l’énergie solaire. Les niveaux des tarifs de rachat ou des primes devront être étudiés scrupuleusement et emporter l’adhésion de tous les acteurs impliqués parce qu’ils sont inefficaces s’ils sont trop bas et économiquement improductifs s’ils sont trop généreux.

7. Consolider les ressources financières tout au long du projet par la mise en place d’un partenariat Public-Privé
L’un des principaux enjeux du projet DESERTEC est de s’assurer de la mise à disposition de ressources financières suffisantes sur toute la durée du projet : aussi bien pour le lancement même du projet que pour sa maintenance et son exécution.

Il faudra alors faire appel à deux types de ressources financières qui assureront le financement de Desertec de manière différente mais complémentaire tout au long du projet : des ressources provenant d’acteurs publics et des ressources provenant d’acteurs privés. Au-delà de ces deux acteurs évidents (l’Etat et le secteur privé), un troisième acteur devra également être sollicité : les agences des garanties de crédit international. En effet, leur rôle sera de veiller à minimiser les risques encourus par chacun des deux acteurs auxquels nous avons précédemment fait référence (publics et privés). Pour autant, le risque pays, allant du non-respect des engagements préalablement actés à la faillite étatique, doit être pris en compte. La création d’un écosystème fiable impliquant deux acteurs tout aussi important l’un que l’autre : l’Etat et le secteur privé. La compensation des effets liés aux risques, aussi bien du secteur privé que du secteur public, sera permise par le recours à des organismes indépendants de garantie de crédit international.

Desertec peut apporter des réponses aux facteurs de mutation énergétique mondiale, mais cela ne peut se faire sans poser au préalable les bases d’un cadre juste, incitatif et réglementé. Il est donc indispensable d’encourager de grands projets solaires, tels que Desertec, tout en gardant à l’esprit que cela ne relève pas d’un simple jeu d’enfants et que des prérequis doivent être impérativement pris en compte, tels que les 7 facteurs clés de succès précédemment évoqués
Au-delà de l’alternative énergétique, un projet tel que Desertec ne représenterait-il pas la possibilité pour l'Afrique du nord d’avoir de nouvelles perspectives non seulement dans ses relations avec l’Europe mais également au sein même du continent africain.

Par Jean-Michel Huet, Amira Khediri, Prisca Bala, Abir Haddoud et Khamel Haddar, BearingPoint

Méditerranée - Les islamistes jouent leur crédibilité sur l'enjeu économique

En Egypte, en Tunisie, au Maroc, les islamistes arrivent ou sont arrivés au pouvoir. Sont-ils porteurs de changements économiques ? Quels sont leurs programmes et à quoi s'attendent les investisseurs ? De l'ouest à l'est, le rôle et les marges de manoeuvre des islamistes sont assez différents.


En Tunisie, c'est une révolution qui a porté au pouvoir le parti Ennahda (Renaissance), une formation islamiste qui quoique dominante devra gouverner en coalition avec deux autres partis non islamistes (le Congrès pour la République et Ettakatol).

Au Maroc c'est le roi Mohammed VI qui a chargé Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), de former le gouvernement également en coalition et sous la houlette du monarque.

L'Egypte enfin, neuf mois après l'éviction de Moubarak, est peut-être en train de vivre sa deuxième révolution. La première des trois phases des législatives, étalées jusqu'à la mi-janvier, vient d'accorder une large victoire au mouvement des Frères musulmans - représenté par le Parti de la liberté et de la justice - ainsi qu'aux salafistes, tenants d'un islam ultra-rigoriste, emmenés par le parti Al-Nour, devenu la deuxième force politique d'Egypte.

Poids du tourisme
Economiquement tournés vers l'Europe, les trois pays ont en commun l'important poids du tourisme bien sûr (autour de 16% du produit intérieur brut, PIB), mais surtout une très forte demande sociale à l'origine des changements politiques de 2011.

L'enjeu des nouveaux gouvernements sera donc de redresser l'économie pour répondre à ces attentes.

Globalement, les programmes économiques des islamistes sont assez flous, hormis leur volonté commune de rassurer les investisseurs étrangers et de moraliser l'économie. Ils laissent présager un changement sans profond changement économique.

En Egypte, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), créé par les frères musulmans, reprend sans programme précis le discours de la confrérie : volonté d'abolir la finance fondée sur la spéculation, les intérêts, la corruption ; volonté de voir émerger un système islamique qui repose sur l'économie réelle et mettrait fin aux inégalités croissantes.

L'expert économique du PLJ, Abdel Hafez Saoui, invité d'une émission de télévision sur Al Mehwar TV, indiquait le 7 décembre que le programme du parti prévoit la création d'institutions liés au Zakat (aumône musulmane), séparées des institutions récoltant et distribuant l'impôt. " Car l'impôt profite aux riches et aux pauvres simultanément, alors que seuls les pauvres bénéficient de la Zakat. Il faut essayer d'amener l'institution du Zakat à devenir un outil de développement. " Il prend exemple sur l'expérience de la Malaisie, tout en voulant rassurer la population sur le respect de la propriété privée. " Un programme pas très clair ", estime l'économiste égyptien Mahmoud Abdel Fadil.

De son côté le parti salafiste Al-Nour qui prône l'application de la charia et une adoption plus large des banques islamiques, " indique vouloir augmenter les recettes touristiques ", rapporte Samir Aïta, président du Cercle des économistes arabes. " Notre parti ne veut pas faire perdre du temps au Parlement dans des questions liées à la doctrine religieuse, alors qu'il y a dans le pays des questions vitales ; comme la possibilité d'un effondrement de l'économie, les dettes publiques, le déficit budgétaire et le tourisme qui est dans une situation catastrophique et qui nécessite une reprogrammation et une refonte totale ", déclarait ainsi, mercredi 7 décembre, le porte-parole du parti salafiste Al Nour, Mohammad Nour.

" Alors que la situation économique est sérieuse, avec une baisse notable du tourisme, principale " rente " avant le pétrole, un fort déficit budgétaire et une baisse substantielle des réserves de change, le débat économique reste très pollué par la rhétorique électorale ", indique Samir Aïta.

Les plus clairs sur leur programme sont les islamistes tunisiens. La compétence économique du parti de Rached Ghannouchi est reconnue. La victoire d'Ennahda a d'ailleurs été bien accueillie par les milieux d'affaires.

Rassurer les investisseurs est le premier souci des islamistes. " Nous sommes pour une économie libérale, qui favorise l'initiative privée. Le rôle de l'Etat doit être celui d'un régulateur. A lui de définir les stratégies, d'être une sorte de juge économique. Nous sommes pour une économie de marché, mais nous voulons donner une importance plus grande à tout ce qui est social et solidaire ", déclare Ridha Saïdi, coordinateur du programme économique et social du parti Ennahda.

Avec un taux de chômage de 14,7% en 2011, la priorité doit être donnée au problème de l'emploi, (en particulier celui des diplômés chômeurs), dit-il. Le parti n'a pas l'intention de pratiquer une rupture en matière économique par rapport à l'ère Ben Ali. Son souci est d'attirer les investisseurs et de développer une " économie solidaire ".

Ridha Chkoundali, conseiller économique d'Ennahda et professeur en sciences économiques à l'université de Carthage, explique qu'il s'agit d'établir " une relation de complémentarité entre le public et le privé, favorisant l'émergence d'un troisième secteur : l'économie solidaire ". Il croit à un redressement rapide de la croissance, (après le 0% de 2011). " Seuls trois secteurs ont vraiment souffert de l'année 2011 : les mines, le tourisme, et les transports (à cause du climat d'insécurité dans le pays). En revanche, l'agriculture et l'industrie manufacturière ont enregistré de bons résultats, et même progressé ".

Ridha Chkoudali est confiant : " La mauvaise gouvernance de l'époque Ben Ali nous a fait perdre deux points de croissance chaque année. Si nous instaurons une bonne gouvernance, une complémentarité entre le public et le privé, tout en favorisant progressivement le troisième secteur, celui de l'économie sociale et solidaire, la Tunisie s'en sortira très bien ".

Besoin de financement 
Comment les islamistes tunisiens vont-ils financer leurs projets? C'est un peu l'inconnu. " Ils disent avoir besoin de 84 milliards d'euros. Il est question d'emprunt national et d'aides bilatérales, mais c'est un peu flou", estime un expert occidental à Tunis qui reste toutefois confiant. La Tunisie peut encore diversifier ses partenaires commerciaux. Ce pays a " tous les ingrédients pour montrer qu'un régime islamiste éclairé peut réussir, un peu sur le modèle turc, dont ils se réclament ".

Le financement est aussi le maillon faible d'éventuels changements au Maroc.

Le PJD a promis, outre la réduction de la corruption, une revalorisation du salaire minimum, une hausse des pensions de retraite. La croissance du PIB à 4,6% en 2011 est bien meilleure qu'en Tunisie (0%) et qu'en Egypte (1,2%), mais " le PJD sera nécessairement conduit à plus de pragmatisme ", prévoit Larabi Jaïdi, professeur d'économie à l'université Mohammed-V de Rabat.

Le PJD va être surtout le chantre des valeurs morales, des grands principes. C'est une vision générale de l'économie et de la société dans laquelle beaucoup de Marocains se retrouvent. Comme en Tunisie, il n'y a pas eu d'émoi dans les milieux d'affaires marocains à l'annonce de la victoire des islamistes.

D'abord parce que le Parti de la justice et du développement (PJD), agréé, fait partie depuis longtemps du paysage politique marocain et qu'il ne conteste pas la monarchie.

Ensuite parce qu'il va lui falloir s'allier à d'autres partis, à commencer par le vieux parti de l'Istiqlal, pour gouverner. Il n'y aura donc pas de rupture dans la politique économique marocaine.

Moraliser l'économie
Cela dit, le PJD, qui espère bien se voir attribuer le portefeuille de l'économie et des finances, souhaite moraliser l'économie et développer la finance islamique, jusque-là marginale au Maroc.

" Notre priorité sera de recadrer l'économie marocaine pour qu'elle gagne en efficacité et en intégrité, déclare Mohamed Najib Boulif, député PJD de la circonscription de Tanger, et expert en finances internationales. Nous voulons mettre fin aux disfonctionnements actuels comme la concurrence déloyale, l'économie de rente, la spéculation, les autorisations spéciales, notamment, pour aboutir à un système de solidarité plus équilibré. "

Pour cet économiste reconnu, qui figure avec Lahcen Daoudi sur la liste des " ministrables " de l'économie et des finances dans le gouvernement Benkirane, le Maroc doit corriger sans tarder ses écarts sociaux et régionaux.

Pour cela, le PJD n'hésitera pas si besoin à creuser davantage le déficit des finances publiques : " Nous disposons encore d'une bonne marge de manœuvre. Nous n'avons pas comme les pays européens un déficit budgétaire de 8%. Le notre est à 4 ou 4,5%. Quant à notre endettement, il est de 55% du PIB. Pour ma part, je pense qu'un déficit plus grand, mais qui génère des investissements dans l'infrastructure productive et une amélioration du niveau de vie des citoyens, est acceptable ", estime Najib Boulif.

Mais le PJD compte aussi sur l'apport de la finance islamique : " Il y a des réserves d'un montant de 120 milliards de dollars qui n'attendent que des lieux stables. C'est le moment opportun. Nous allons revoir notre législation de manière à permettre l'introduction de la finance islamique en bonne et due forme au Maroc ", déclare Mohamed Najib Boulif.

Pour l'instant les investisseurs étrangers sont dans l'expectative, après un fort recul des investissements directs étrangers sur les neuf premiers mois de 2011, en Tunisie, comme en Egypte. C'est l'Europe qui est le premier partenaire de la Tunisie, de l'Egypte et du Maroc depuis quinze ans. Mais l'arrivée des islamistes pourrait être à l'origine d'une recomposition de partenariats économiques dans la région.

Car, si " les pays de la méditerranée ne devraient perdre ni les investissements européens ni ceux des BRIC (Chine, Russie), affirme Emmanuel Noutary, délégué général d'Anima, réseau de développement économique des pays de la Métiterranée, en revanche, les pays du Golfe qui avaient réduit leurs investissements depuis 2006, au profit des BRIC, pourraient revenir en force ".

Par Benjamin Barthe, Florence Beaugé et Anne Rodier - LeMonde.fr

Rideau de fer sur la Méditerranée ?

Vues depuis Paris, la vitesse et la radicalité des changements sur la rive méridionale de la Méditerranée font irrésistiblement penser à la chute du mur de Berlin, autre révolution démocratique survenue sur une bordure de l’Union européenne.

En se penchant sur les rapports entre l’Europe occidentale et le bloc de l’Est dans les années 1980, on découvre combien ce rapprochement est biaisé, mais instructif. Pour l’Europe libérale, il y avait, au-delà du rideau de fer, des États ennemis – les dictatures communistes – et des sociétés amies qui en subissaient le joug.

Les divers instruments mobilisés lors de la dernière décennie de la guerre froide provenaient de ce constat. En soutenant les dissidents, les Églises, les syndicats, en multipliant les canaux médiatiques, les radios libres et les samizdats, on renforçait des sociétés amies contre des États ennemis.

A l’aune de cette transition démocratique réussie, le Printemps arabe semble pour le moins ambigu. Ben Ali et Moubarak étaient-ils des ennemis de l’Europe démocratique ?
Et les sociétés tunisienne et égyptienne des amies ? On a beaucoup reproché le soutien occidental – surtout européen – aux dictatures arabes, et son indifférence aux oppositions démocratiques. Politiquement, cette préférence européenne pour la dictature est incompréhensible.
L’introduction de la variable culturelle éclaircie un peu la complexité de ces rapports.

Les dictatures arabes : différence politique, proximité culturelle
Les régimes arabes, politiquement éloignés du modèle européen, y étaient culturellement proches. Le féminisme et la laïcité jouaient un rôle décisif dans la politique internationale de Tunis et du Caire. Au Maroc, les festivals culturels internationaux participent du même principe. Injustifiables politiquement, les régimes de la rive méridionale cherchèrent des proximités culturelles au modèle européen. Plus leur bilan politique était déplorable, et plus ils projetaient d’eux-mêmes une image culturellement transparente aux normes supposées européennes. Parallèlement, ils noircissaient celle de leurs oppositions, non pas tant d’un point de vue politique – les oppositions arabes réclamaient les droits de l’Homme et des élections libres – mais culturel – l’islamisme étant le nom générique de cet antagonisme culturel.

Tel fut le choix implicite de l’Europe, qu’avec ténacité elle maintint depuis le début des années 1990 : soutenir des Etats politiquement différents mais culturellement proches, contre des sociétés politiquement proches dans leurs revendications, mais culturellement éloignées. En ce moment, les gouvernements de trois pays clefs du dispositif euro-méditerranéen basculent dans l’alternance islamiste – le Maroc, la Tunisie, l’Egypte.

Les opinions dubitatives de plusieurs voix autorisées devant les choix populaires disent cette difficulté à admettre le renversement du chiasme méditerranéen. Désormais, on aura sur la rive sud des régimes politiquement similaires – des démocraties – et culturellement distincts – des islamistes. Que fera l’Europe de cette nouvelle configuration ?

Le dilemme méditerranéen
En réalité, il y avait avant 2011 quelques lieux en Méditerranée ayant connu ce renversement, deux précisément. Démocratiquement élu, le gouvernement turc était boudé par l’Europe, rejeté vers Damas ou Téhéran ; puis l’armée procédait à un putsch, et les putschistes retrouvaient leurs amis européens et démocratiques. Les élections dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, ensuite, il y a quelques années, remportées par le Hamas, affectèrent fortement les pourparlers israélo-palestiniens, déjà chétifs.

Ainsi, démocratiques, les régimes orientaux, étaient rejetés par leurs partenaires occidentaux; dictatoriaux, l’Occident leur souriait. Ce dilemme méditerranéen risque de se multiplier au cours des années à venir.

Les pessimistes regretteront l’unité culturelle de la Méditerranée. Ils oublieront qu’elle était factice, fondée sur une division politique entre une rive démocratique et libérale et une autre autoritaire et répressive. Les optimistes salueront la généralisation de la démocratie sur le pourtour méditerranéen. Ils négligeront l’émergence de cette dissension culturelle jusque-là habilement masquée, et les craintes qu’elle soulèvera dans la rive nord…

◆ Par Omar SAGHI - Politologue et écrivain, enseignant-chercheur à Sciences Po Paris www.omarsaghi.com

Savoir-faire en Méditerranée Ogliastru a tout ce qu'il faut

Le « projet villages » a pour ambition de mobiliser un maximum de personnes autour de la notion de transfert du savoir-faire en Méditerranée liée au développement durable et plus particulièrement dans les zones rurales défavorisées.
L'objectif est, d'une part, d'obtenir l'activation de la mesure sur le « développement des villages » dans le prochain Plan de Développement Rural 2014-2020 et, d'autre part, d'élaborer des initiatives et des outils pour améliorer son efficacité.

C'est dans ce contexte qu'une délégation d'une vingtaine de personnes des pays et régions partenaires du projet, Égypte, Murcie (Espagne), Liban, Palestine, Thessalie (Grèce), Tunisie, Sardaigne (Italie), s'est récemment déplacée dans le Cap-Corse, à Ogliastro pour y découvrir les réalisations de la commune. Le maire, Toussaint Morganti, a servi de guide dans un circuit balisé qui aura permis à tous ses hôtes d'apprécier la revitalisation agricole, à travers la constitution d'une « association foncière autorisée », la dynamisation culturelle et touristique à travers la remise en production d'un ancien moulin à huile et à châtaigne, la création de sentiers culturels, la restauration des chapelles San Dumenicu e San Michele, San Roccu, l'importance de la bibliothèque nouvellement réaménagée, la restauration des fontaines, des placettes et l'aménagement de la plage et l'arrière plage, etc.

Après un buffet pas moins apprécié au restaurant Morganti, une réunion s'est tenue sous la forme d'un atelier d'échange méthodologique sur le thème du développement intégré, à partir de l'exemple du village d'Ogliastru. La journée s'est terminée avec la préparation de la prochaine réunion prévue au mois d'avril, pour la construction de la stratégie de développement, toujours dans la perspective du prochain plan de développement rural.

Méditerranée - Paysages culturels, une fragilité qui a besoin d’attention

Paysages culturels, une fragilité qui a besoin d’attention - Renfort du cadre institutionnel et légal du patrimoine: EH4 atelier à Tunis

Compte tenu de la fragilité des nombreux sites culturels paysagers, une attention particulière doit leur être accordée dans un certain nombre de champs problématiques, et notamment les normes relatives aux aspects juridiques, organisationnels, urbanistiques ou de conservation de ces paysages culturels. RMSU est en cours de préparation d’un atelier sur le thème des paysages cultures prévu en début de 2012.

Amman, Jordanie - projet ELAICH
La catégorie patrimoniale des paysages culturels a été mise en lumière au cours des vingt dernières années, abordant l'intéressante interaction entre le milieu naturel et l'intervention humaine. L'identification des paysages culturels remarquables, leur sauvegarde et leur mise en valeur demandent des approches nouvelles, tout particulièrement pour des aires habitées par des sociétés traditionnelles exposées à des changements économiques et sociaux rapides.
Le plus souvent, des dispositions législatives et réglementaires spécifiques doivent être adoptées. Une étroite coopération entre les divers services concernés doit aussi être instaurée : services du patrimoine, de l'aménagement du territoire, de l'agriculture, des eaux et forêts, de l'habitat en milieu rural.

Un atelier juridique sur ces thèmes est organisé à Tunis le 12-14 Janvier 2012 par la RMSU (Regional Monitoring and Support Unit) du programme Euromed Heritage 4.

L'atelier de Tunis vise à examiner les normes et les pratiques internationales afin d'en tirer les applications adaptées à la région et au pays. Des analyses comparatives de gestion des paysages culturels dans les pays méditerranéens permettront de comparer les expériences et les bonnes pratiques et de dégager des orientations opérationnelles adaptées.

L'atelier examinera aussi les possibilités de coopération autour de la Méditerranée.

Pour plus d’info :
Christiane Daboub-Nasser, EH4 Regional Monitoring and Support Unit team leader








Méditerranée - Le salon logistique Logismed en avril 2012

Les six dernières années d’expérience et d’effort au service de la promotion de la culture logistique au Maroc ont contribué à la création d’un mouvement soutenu fédérant l’ensemble des acteurs clés opérant dans le secteur.

Les évolutions récentes du contexte économique impliquent une révision des priorités stratégiques, tactiques et opérationnelles des entreprises. C’est dans le sillage de cette logique que s’inscrit Logismed, le salon international du transport et de la logistique pour la Méditerranée qui se tiendra du 12 au 14 avril 2012. Un salon qui se veut une plateforme d’échange s’inscrivant dans le sens des mutations auxquelles le secteur devra faire face. «Il découle en même temps de la conviction partagée que l’espace méditerranéen ouvre à chacun des perspectives de croissance et de développement», explique Abdelali Berrada, président du salon.

Cinq pôles

L’événement vise essentiellement à soutenir les entreprises dans leur recherche de compétitivité et de performance, et à offrir des opportunités d’affaires et de networking. «Il s’agit également de se situer par rapport aux polémiques du secteur ainsi que de contribuer aux débats sur les voies et moyens d’augmentation de l’efficacité des systèmes logistiques des pays de la Méditerranée. Surtout dans un contexte de turbulences et des perspectives d’économie mondiale en détérioration», affirme le président du salon.

Plus de 150 exposants mettront à la disposition d’un visitorat professionnel les dernières innovations en matière de logistique et de transport. Ainsi, cinq pôles d’activité y seront dédiés.
Il s’agit des prestations de transport et logistique, des technologies d’information, équipement et manutention, des infrastructures et immobilier logistique, des camions, véhicules utilitaire et accessoires ou encore du pôle formation, service et conseil.
Un ensemble de solutions concrètes et outils de performance en termes de réduction des coûts, d’adaptation des systèmes d’information, d’amélioration du taux de satisfaction client, de pilotage des flux, d’optimisation des ressources stratégiques de l’entreprise, sont attendues.

Pour cette première édition, plus de 10.000 visiteurs sont pressentis de l’ensemble des sphères d’activité et fonctions de l’entreprise.

En marge du salon, une série de conférences et de débats qui s’articuleront autour des schémas logistiques à prévoir en Méditerranée dans un contexte de crise, la politique d’ouverture du Maroc, les perspectives de développement et l’échange d’expériences dans la région méditerranéenne et africaine en général. Les ateliers devront analyser l’offre en logistique agroalimentaire, urbaine et verte ainsi que la gestion des projets logistiques. Des rencontres d’experts et des ateliers techniques sont également prévus.

Des trophées récompenseront les entreprises performantes dans la mise en place de solutions logistiques ou de prestations de transport. Quatre catégories de prix seront décernées: transport, prestation logistique, industrie et distribution. Un prix sera également décerné au meilleur mémoire de stage «Transport et Logistique» réalisé en entreprise.

Par Intissar BENCHEKROUN -

Investissements Directs Étrangers en Méditerranée - Le Maroc maintient sa pole position au Maghreb et au Machrek

Marquée par les bouleversements politiques en cours dans plusieurs pays méditerranéens et la crise de la dette des pays de la zone euro, l'année 2011 ne pouvait logiquement que donner lieu à une baisse des annonces d'investissement direct étranger (IDE) et de partenariat au sud de la Méditerranée. Mais dans cette nouvelle donne pour le moins pernicieuse, le Maroc reste assez bien loti. D'après l'Observatoire ANIMA-MIPO, la chute des projets annoncés au cours des trois premiers trimestres 2011 est importante dans tous les pays arabes, hormis le Maroc qui résiste en affichant des performances proches de celles de 2010.

Le Royaume aura même fait figure d'exception parmi les pays du Maghreb et du Machrek, avec un nombre d'annonces d'IDE stable, avec même une hausse de 15% par rapport à la même période en 2010. Des avancées qui ont permis de placer le pays juste derrière la Turquie en ce qui concerne le nombre de projets détectés. «Si les investisseurs n'abandonnent pas leurs projets d'IDE au Maroc, ils poursuivent néanmoins la dynamique de moindre implication financière qui est à l'œuvre depuis 2009 : les montants en jeu dans les projets d'IDE annoncés au Maroc au cours des 9 premiers mois de l'année 2011 diminuent encore de 50%», indique le même observatoire.

Malgré la crise de la dette qui secoue les pays de la zone euro, les intentions d'investissement en provenance des pays européens représentent toujours près de la moitié des projets annoncés dans les pays MED depuis janvier 2011. Par ailleurs, la stabilité du nombre d'annonces d'IDE en provenance des États-Unis et du Canada est remarquable, alors que ce nombre diminue pour toutes les autres régions du monde en 2011. La part relative des investissements nord-américains passe ainsi à près du tiers du total des annonces détectées (contre 20% en moyenne), tandis que les intentions d'investissement en provenance des pays du Golfe sont à leur plus bas niveau depuis 2005, avec 8% du nombre total d'annonces contre 15% en moyenne. La dynamique d'évolution de l'investissement dans la région dépendra bien évidemment de la situation politique de chaque pays, mais aussi du contexte économique global.

À quelques semaines de la fin de l'année 2011, la Banque mondiale estime que les flux d'IDE vers les pays de la zone MENA décroîtront en 2011 puis en 2012, avant d'entamer une reprise en 2013. Elle rappelle qu'à moyen et long termes, la région demeure attractive en raison de facteurs économiques et démographiques, et le sera d'autant plus que des progrès auront été accomplis pour améliorer la gouvernance et réduire les pesanteurs bureaucratiques. Après une année 2010 de reprise de l'investissement direct étranger en Méditerranée, les intentions d'investissement connaissent un nouveau ralentissement au cours des trois premiers trimestres 2011. D'après l'Observatoire ANIMA-MIPO, le nombre d'annonces de projets d'IDE dans les pays MED1 a diminué de 26% par rapport à la même période 2010, avec 467 projets détectés au cours des neuf premiers mois 2011, contre 625 l'année précédente. Les montants d'investissement diminuent également fortement, avec environ 20 milliards d'euros annoncés en 9 mois contre 40 au cours de l'année 2010.

Cela étant signalé, au plan interne, il convient de rappeler que la politique d'ouverture de l'économie nationale sur son environnement régional et mondial n'est plus une perspective ou un horizon lointain, mais une dynamique quotidienne et une réalité vécue. Elle a connu un nouvel élan en vue de conforter la position du Royaume dans les espaces euro-méditerranéen et arabe et de consolider ses relations avec les principaux moteurs de la croissance économique mondiale, l'UE et les États-Unis d'Amérique. Dans la perspective de consolider son processus d'intégration à l'économie mondiale et de tirer profit des opportunités offertes en matière d'investissement, l'implication du secteur privé a toujours constitué l'une des priorités de l'action gouvernementale pour tenir compte des exigences d'une croissance forte et soutenue, s'appuyant pour une large part sur l'intensification des efforts d'attractivité d'investissement du secteur privé.

L'expérience de ces dernières années a démontré que ce pari n'a pas été vain. L'implication croissante de l'initiative privée dans l'effort d'investissement national, constatée au cours de ces quelques dernières années, trouve son origine dans la conjugaison de la mise en place d'un environnement global favorable au déroulement normal de l'activité économique et de la mise au point de dispositifs appropriés sur le plan institutionnel. En vue de promouvoir l'acte d'investir, un intérêt particulier a été accordé à l'amélioration du climat de l'investissement. Dans ce cadre, la modernisation de l'environnement juridique des affaires s'est concrétisée par l'application d'un ensemble de textes relatifs à la consolidation de la concurrence et de la transparence.

Par Abdelali Boukhalef  - LeMatin.ma

MEDREG soutient les investissements énergétiques dans le bassin méditerranéen

MEDREG, l’association des régulateurs méditerranéens dans le domaine de l’électricité et du gaz,a organisé sa 12e assemblée générale à Athènes, sous la présidence de l’autorité grecque de régulation de l’énergie.Les principales décisions prises incluent la création d’une « Task force » sur les investissements d’infrastructure, visant à soutenir les acteurs du secteur énergétique de la région.

Alors que la demande d’énergie est en augmentation dans le monde entier, le bassin méditerranéen abrite quelques-uns des plus gros pays producteurs et consommateurs, ainsi que d’importants pays de transit des matières premières énergétiques (réels ou potentiels).MEDREG joue un rôle capital dans la région, explique un communiqué de presse, car elle s'emploie à simplifier les investissements d'infrastructure, ainsi qu’à soutenir l’augmentation de l’efficacité et de l’intégration des marchés énergétiques.

Dans ce contexte, MEDREG, qui sert de pont institutionnel entre l’Union européenne et les rives méridionales de la Méditerranée, s’implique de plus en plus dans le développement de partenariats institutionnels, tant sur la scène internationale que régionale. Ces partenariats, basés sur un dialogue de qualité et un échange mutuel d'expériences, devraient contribuer à promouvoir une coopération efficace entre les pays de la région.

La protection des consommateurs est aussi une question de plus en plus importante dans les pays méditerranéens.Raison pour laquelle MEDREG souhaite continuer à développer son action et se concentrer davantage sur ce sujet crucial, indique le communiqué de presse.

MEDREG a profité de l’assemblée générale pour lancer sa « task force » sur les investissements d'infrastructure.Il s’agit d’un observatoire interne qui peut fournir une analyse réglementaire des futurs investissements dans la région à moyen et long terme, en entretenant un dialogue permanent avec les acteurs et institutions du secteur énergétique.Pour contribuer au financement de futurs investissements dans la région méditerranéenne, le communiqué de presse précise que la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) va étendre son mandat à la région. Elle devrait être en mesure d’investir jusqu’à environ 2,5 milliards d’euros par an, comme l’a annoncé Riccardo Puliti, le Directeur général de la BERD, Energie et Ressources naturelles.

L’assemblée a également permis de faire le bilan des activités des groupes de travail et des task forces.Les membres ont adopté une série de recommandations en vue d’harmoniser les règles qui régissent les interconnexions électriques transfrontalières, ainsi qu’un rapport sur l’accès des tiers aux infrastructures gazières.MEDREG promeut en outre une réflexion stratégique sur le développement des réseaux électriques intelligents dans la région méditerranéenne.

Nadjib Otmane, Président de MEDREG et de la Commission algérienne de régulation de l’électricité et du gaz, a souligné l'importante contribution du comité ad hoc sur les sources d’énergie renouvelable et a mis l’accent sur la possibilité de stimuler les échanges d’électricité entre les deux rives de la Méditerranée.

MEDREG est une association qui rassemble les régulateurs nationaux de l’électricité et du gaz de la région méditerranéenne.Ce projet, cofinancé par l'Union européenne, entend promouvoir l’élaboration de cadres juridique et réglementaire clairs, stables et harmonisés, et faciliter les investissements et le développement des infrastructures et des interconnexions, l'efficacité et l'intégration des marchés de l'énergie, en s’appuyant sur des systèmes énergétiques sûrs, rentables et durables dans le bassin méditerranéen.

« Jeunesses Euro-méditerranéennes : de l’indignation à l’engagement »

L'institut national de la Jeunesse et de l'éducation populaire, l’Agence française du programme européen « Jeunesse en action », le centre de ressources Salto-Youth EuroMed et l’université Lumière Lyon 2 vous invitent à réserver votre matinée du 10 février 2012.

Un an après le printemps arabe et les vagues de protestation des jeunes en Europe, une conférence-débat se tiendra dans le grand Amphithéâtre de l’université Lumière Lyon II (Grand Amphithéâtre Université Lumière Lyon 2. 16, quai Claude Bernard, 69007 LYON – 9h à 13h).
A cette occasion, des décideurs, des universitaires, des experts de la Maison de l’Orient de la Méditerranée et du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, des opérateurs de programmes communautaires, des responsables associatifs et autres acteurs clés venus de plusieurs pays européens et méditerranéens, viendront échanger et débattre des enseignements à tirer suite à la mobilisation des jeunes.

Cette conférence s’inscrit dans le cadre d’un cycle de manifestations dédiées aux politiques de jeunesse dans l’espace euro-méditerranéen. Elle marque le point d’orgue de deux jours de travaux réunissant une
cinquantaine d’acteurs venus de plusieurs pays des deux rives de la Méditerranée qui présenteront un série de recommandations publiques sur des thèmes essentiels : apprentissages, participation, employabilité, société de l’information et économie de la connaissance.

Bientôt plus d'informations sur les sites Internet:
S'inscrire à l'adresse : euromed2012@injep.fr
 
Aline CUSTODIO - Assistante du Centre de Ressources / Resource Centre Assistant
Tel.: +33 1 70 98 93 71SALTO-YOUTH EuroMed Resource Centre
Support and Advanced Learning & Training Opportunities within the YOUTH programme
Injep - 95 Avenue de France 75650 PARIS Cedex 13

Méditerranée - Un journaliste palestinien remporte le premier prix d'un concours de photographie sur le patrimoine culturel

Un jeune photojournaliste palestinien, Mahmoud Illean, de Jérusalem, vient de remporter l’édition 2011 de « Regards croisés :Les villes méditerranéennes, espaces de socialisation ».
Il s’agit d’un prix international de la photographie organisé par le programme Euromed Heritage (financé par l’UE) et l’Association RehabiMed.
Sa photographie reflète l’atmosphère mystérieuse et
sombre d’un pèlerinage de nuit sur les marches de l’église Sainte-Marie, à Jérusalem.

« La photographie est parfaitement équilibrée et composée, que ce soit en termes de lumière ou de couleurs, et elle attire le regard du spectateur avec dynamisme et sensibilité vers les principaux personnages : le garçon, la petite fille, le père... », explique l’un des membres du jury, l’architecte Christophe Graz. « Nous avons choisi cette photo pour sa valeur esthétique et artistique et sa pertinence par rapport au thème.Il s’agit d’une photo de rituel dotée d’une riche composition », précise Christiane Dabdoub Nasser, également membre du jury et responsable de l’équipe en charge de l’Unité de soutien d’Euromed Heritage.

Un communiqué de presse explique que l’édition de cette année avait pour thème « les villes méditerranéennes, espaces de socialisation » et que son objectif était de rassembler des images de villes méditerranéennes en tant qu’espaces de vie dynamiques réunissant des cultures, générations et types de personnes variés.En fait, les personnes qui se trouvent sur les marches de l’église Sainte-Marie ne représentent pas une seule religion. Cet endroit est en effet sacré pour les chrétiens comme pour les musulmans :à travers cette photographie, Jérusalem réapparaît comme une ville commune à diverses communautés.La plupart des photos présentées au concours reflètent cette diversité et célèbrent la vie sous toutes ses formes sociales, que ce soit sur les places de marché, dans les cours, dans les églises ou près des fontaines publiques.

La compétition a encore une fois souligné l'importance du patrimoine culturel dans les sociétés méditerranéennes contemporaines, en particulier pour les jeunes, qui ont participé massivement à ce concours :le jury a reçu 266 photographies de 23 pays différents.Le pays qui comptabilise le plus grand nombre de participants est l’Algérie, suivie par le Maroc et la France.Au total, 63 % des participants sont originaires des pays partenaires méditerranéens.

Le jury a décerné une mention spéciale à Mohamed Karim Boumais (29 ans), un photographe marocain, à Olivier Dubuquoy, un indépendant marseillais, à Mohamed Badarne, de Haifa, et à Emanuele Ciccomartine, un photographe espagnol.Le lauréat, Mahmoud Illean, sera invité à l’inauguration officielle de l’exposition « Regards croisés :Les villes méditerranéennes, espaces de socialisation », qui aura lieu au Caire en octobre 2012.

Financé par l’UE à hauteur de 17 millions d’euros, EuroMed Heritage IV contribue à l’échange d’expériences en rapport avec le patrimoine culturel, crée des réseaux et promeut la coopération avec les pays partenaires de la Méditerranée. Il s’emploie à amener les populations locales à s’approprier leur patrimoine culturel et à favoriser l’accès à l’éducation et à la connaissance du patrimoine culturel.Il soutient un cadre pour l’échange d’expériences, des canaux pour la diffusion des meilleures pratiques ainsi que de nouvelles perspectives pour le développement d’un environnement culturel institutionnel.
Par ENPI Info Centre

Pour en savoir plus
- Communiqué de presse
- Photos
- Regards Croisés : Les villes méditerranéennes, espaces de socialisation 2011
- Euromed Heritage - Site internet