La réunion des banques centrales méditerranéennes, qui a eu lieu à Tunis le 16 novembre, a été marquée par des échanges consacrés à l'intégration régionale, un facteur clé pour la hausse de l'investissement et la création d'emplois au Maghreb, selon les participants.
« Politique économique, intégration commerciale et création d’emplois durables ». La thématique du 4e Sommet des banques centrales des pays de la Méditerranée, qui s’est tenu vendredi 16 novembre à Tunis, se voulait à coloration sociale.
Mais ce sont les indicateurs économiques qui ont dominé les débats, comme l’a reconnu Marouane Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie : « Pour une hausse de l’emploi, il faut de la croissance de qualité notamment avec un retour de l’investissement. Le taux d’investissement [public, privé et international] en Tunisie a baissé de 26% à 18% ces dernières années. Il faudrait que d’ici quatre à cinq ans ce taux dépasse les 26% pour voir une véritable baisse du chômage ». Ce dernier s’est maintenu à 15,4% au second trimestre 2018 malgré une croissance de 2,6% en 2018.
Faiblesse du commerce intra-méditerranéen
Pour les organisateurs et participants, l’objectif de cette conférence est de mobiliser tous les acteurs régionaux – « ce qui n’est pas évident, je vous assure », selon un invité – pour mettre sur la table les points de blocage.
Dès l’ouverture de la réunion, le gouverneur a ainsi pointé du doigt la faiblesse du commerce intra-méditerranéen citant un rapport de la société d’assurance-crédit Coface qui a constaté une baisse des échanges de 31% à 29% entre 2001 et 2016. Le commerce inter-maghrébin ne représente, lui, que 3,5 % des échanges totaux des pays concernés sur la période 1995-2017.
"Dépasser les controverses autour del'Accord de Libre-Echange UE-Tunisie"
L’inauguration, le 15 novembre, de la première ligne à grande vitesse marocaine grâce à une collaboration d’entreprises du royaume et de la France a été mis en avant comme un exemple à suivre. Dans ce cadre, Marouane Abassi a appelé à dépasser les « controverses » autours de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) entre l’Union européenne et la Tunisie pour déboucher sur un compromis au plus vite.
Une volonté qui se doit d’être réciproque selon l’hôte, qui n’a pas hésité à renvoyer l’Union européenne à ses propres contradictions en évoquant les 190 mesures de protections tarifaires prises par les pays du nord de la Méditerranée entre 2012 et 2018. Un discours partagé par son homologue espagnol, Pablo Hernandez de Cos, qui a dénoncé les « effets pernicieux du protectionnisme ».
La Libye pas encore prête pour l’intégration régionale
Marouane Abassi a également profité de l’occasion pour réitérer sa volonté de voir les institutions financières locales se saisir des nouvelles technologies, comme la blockchain ou la fintech, pour faciliter les échanges. Aujourd’hui, il faut près de 72 heures pour réaliser un transfert bancaire entre la Tunisie et le Maroc contre quelques secondes si la technologie blockchain était en service. Une intégration qui risque de prendre du temps.
Présent à la conférence, Sadiq al-Kabir, le gouverneur de la Banque centrale de Libye, a concédé que son pays n’était pas encore prêt : « Nous allons pour la première fois présenter un budget sans déficit en 2018. C’est un premier pas. Le prochain sera de trouver un accord, sous l’égide de l’ONU, avec Ali al-Habri [dirigeant de la branche rivale de la Banque centrale installée à l’est, ndlr]. Alors, nous pourrons offrir un environnement sain pour les investisseurs libyens dans un premier temps, puis étrangers ».
Le Sommet des banques centrales des pays de la Méditerranée est organisé par la Banque centrale de Tunisie, la Banque centrale d’Espagne et le centre de recherche de l’Institut européen de la Méditerranée.
Par Mathieu Galtier - Source de l'article Jeune Afrique
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