La crédibilité de l’Union européenne en Méditerranée est compromise par les divisions entre les pays membres sur des questions-clés, par la nouvelle bilatéralisation des relations entre pays de l’UE et pays partenaires méditerranéens (PPM) et par l’incohérence de l’approche communautaire par rapport à chacun de ces pays.
Ces facteurs, plus que d’autres, mettent à mal l’image de l’UE et le rôle qu’elle peut jouer dans la région : telle est l’opinion des 817 experts et acteurs des relations euro-méditerranéennes (issus de 43 pays de la région) consultés en 2018 dans le cadre de la neuvième édition de l’Euromed Survey (sondage Euromed).
Le sondage mené annuellement par l’IEMed depuis 2009 pour évaluer l’état des relations euro-méditerranéennes était axé, pour cette nouvelle édition, sur l’Europe, notamment sur les répercussions que les changements connus dernièrement par le bloc communautaire ont sur les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée.
Le dernier sondage a permis de découvrir que, pour les experts euro-méditerranéens consultés, le populisme et le nationalisme sont la principale menace qui pèse sur le processus d’intégration européen et que le bloc se porte plus mal de nos jours (pour 54 % des personnes interrogées) qu’en 1995, l’année où l’UE a lancé à Barcelone le processus d’intégration euro-méditerranéenne avec les pays de la rive sud et est de la Méditerranée. Cela étant, l’UE est toujours perçue comme un acteur peu susceptible d’apporter de l’instabilité dans la région, contrairement à certains pays qui ont obtenu de plus « mauvaises notes » en la matière, à savoir les États-Unis d’Amérique (26 % des personnes interrogées les ont classés en tant que pays susceptible d’apporter de l’instabilité) ainsi que les pays du Golfe (19 %) ou la Russie (18 %).
L’attractivité de l’Europe
Pour la majorité des personnes consultées (50 % des participants issus des PPM et 41 % des participants européens), depuis 2011, l’Union européenne est devenue plus attractive pour la société civile des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée tandis qu’elle l’est moins pour leurs gouvernants (selon 38 % des personnes interrogées issues des PPM et 50 % des Européens).
78 % des experts issus des PPM considèrent que l’UE est une priorité dans la politique étrangère de leur pays. En ce sens, elle est le premier partenaire des pays du Maghreb sur le plan international (45 %) et le second dans le cas des pays de l’Est de la Méditerranée (28 %), juste derrière les USA. Pour la majorité des participants des PPM, la promotion de la démocratie, l’État de droit et la bonne gouvernance (19 %), la coopération culturelle et scientifique ainsi que l’éducation (17 %) sont les facettes les plus importantes des relations entrentenues avec l’UE.
Validité des relations euro-méditerranéennes
Une partie de l’enquête évalue l’adéquation des cadres et des institutions qui régissent actuellement les relations euro-méditerranéennes, comme la politique européenne de voisinage (PEV) ou l’Union pour la Méditerranée (UpM). Dans les deux cas, une vaste majorité se montre critique envers les résultats (jugés pauvres) obtenus par la PEV et l’UpM, mais est favorable à ce qu’elles soient maintenues à l’avenir à condition de repenser leur stratégie (84 % dans le cas de la PEV) et de les doter de davantage de moyens (75 % dans le cas de l’UpM).
Représentativité de l’enquête
817 personnes de 28 pays de l’UE (51 %) et de 15 pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (48 %) ont répondu à l’enquête 2018. La moitié est constituée d'experts du domaine de l’enseignement supérieur ou du domaine des think tanks. L’autre moitié est constituée d'acteurs politiques (représentants de gouvernements, institutions européennes et organisations internationales) ou d'acteurs de la société civile (ONGs, entreprises, médias).
Accès a tous les contenus
La publication de l'Euromed Survey 2018 est d’ores et déjà consultable. Elle est constituée d’un rapport où sont détaillés tous les résultats de l’enquête ainsi que d'articles d'analyse de la plume d’experts tels Emma Bonino, sénatrice italienne, ancienne commissaire européenne et ancienne ministre des Affaires étrangères d’Italie, Youssef Cherif, directeur du Columbia Global Centers, Tunisie, Intissar Fakir, chercheur et éditeur de Sada (Carnegie Endowment for International Peace), Abdennour Benantar, professeur associé de l’université Paris 8, Jean-Pierre Filiu, professeur des Études sur le Moyen-Orient à Sciences Po (Paris), Anis Nacrour, ancienne dirigeante de la délégation de l’UE en Syrie (2013-2016) ou Tasnim Abderrahim (European Centre for Development Policy Management)
Source de l'article IEMed
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