Les intervenants de l'atelier du Femise, avec Patricia Augier et Constantin Tsakas oeuvrent au renforcement du rôle des femmes dans l'économie des pays de la région Mena (Photo : F.Dubessy)
Seules trois femmes sur dix travaillent ou recherchent un emploi dans le bassin méditerranéen. Un handicap, alors que plusieurs études montrent que le travail rémunéré et à l'extérieur du foyer reste le principal facteur d’émancipation des femmes.
"C'est incroyable comme niveau d'exclusion, et c'est même intolérable et insoutenable du point de vue économique. Ces pays se privent d’une force de travail bien formée et d’un capital humain", constate Patricia Augier, insistant sur le lien "fondamental" existant entre l'entrepreneuriat et les femmes. La présidente du comité scientifique du Femise (Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques), ouvrait, mardi 4 décembre 2019 à The Camp (Aix-en-Provence), un des ateliers, organisé par l’Institut de la Méditerranée et le Femise, de la 3e édition d’Emerging Valley.
Au Liban, bien que 75 % des diplômés soient des femmes, elles participent très peu à l’économie formelle. A cela s’ajoute le chômage des jeunes qui s’élève à 60 %. Karine Moukkadem y voit la justification, en grande partie, du mouvement de contestation sociale actuel.
Une "révolution des jeunes et des femmes", explique la jeune chercheuse franco-libanaise. Spécialisée dans les questions de développement durable dans la région sud-méditerranéenne, elle étudie l’inclusivité et l’autonomisation des femmes par l’entreprenariat social chez Beyond Reform and Development. Selon Karine Moukkadem, "l’égalité des genres doit être la priorité."
Redonner de l'ambition aux femmes
Hajar Khamlichi veut que les femmes prennent confiance en elles (photo : F.Dubessy) |
A’Laa Chbaro constate une difficulté culturelle dans les pays de la région pour appréhender l’entrepreneuriat chez les femmes, souvent considéré comme sujettes à l'instabilité professionnelle. "Il faut redonner de l’ambition aux femmes qui possèdent de très bonnes idées mais ont peur de se lancer", insiste la jeune cheffe d’entreprise libanaise.
"Cela passe par un soutien financier, mais aussi intellectuel à travers le partage de connaissances qui s'effectue grâce à la création de bases de données."
A vingt-trois ans, elle dirige la branche Mena de l’association internationale Impact the world qui soutient l’entrepreneuriat social.
Hajar Khamlichi partage son constat : "les femmes manquent de confiance en elles et sont ainsi peu crédibles auprès des bailleurs de fonds", avance la présidente du Mediterranean Youth Climate Network (MYCN - Maroc). Le but de l’organisation est de "contourner ces obstacles" grâce aux réseautage et au lobbying pour que "ces femmes et ces jeunes accèdent au financement de leurs projets", souligne-t-elle. Le MYCN apporte un appui aux projets locaux par le biais d’aides techniques, mais aussi en leur donnant plus de visibilité.
C'est aussi le sens de l'action de la franco-tunisienne Samah Ben Dhia. La présidente d'AltaFemina, basée à Marseille, développe son réseau féminin de relations professionnelles et sociales. "Nous voulons permettre aux femmes d'accéder à des postes de direction en prônant des valeurs de mixité et de solidarité", indique-t-elle.
Samah Ben Dhia, qui "donne la parole aux femmes" lors d'évènements et rencontres organisées par son association, ambitionne d'essaimer sur la rive Sud de la Méditerranée.
Par Nohaïia el Aassri - Source de l'article Econostruminfo
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