Le bassin méditerranéen se réchauffe 20% plus rapidement que la moyenne mondiale, selon le rapport présenté le 10 octobre à Barcelone par le réseau Medecc[1], le Giec de la Méditerranée. Un article de notre partenaire le Journal de l’environnement.
En première ligne du réchauffement climatique, la température de la région s’est déjà réchauffée de 1,5 ° C depuis le début de l’ère préindustrielle (1880-1899), contre 1,1°C en moyenne dans le monde, selon le rapport du réseau Medecc, composé de 80 scientifiques méditerranéens. Résultat: le mercure grimpera de +2,2°C dans la région d’ici à 2040, voire de +3,8°C d’ici à 2100. Sur la base du scénario modéré RCP 4.5 du Giec RAPPELER RCP4.5.
On savait déjà que les épisodes de canicules allaient être plus fréquents et/ou plus sévères dans la région, en particulier dans les zones urbaines. Inutile d’attendre: la fréquence et l’intensité des sécheresses ont déjà augmenté depuis 1950, soulignent les scientifiques.
Côté précipitations, la tendance est clairement à la baisse, même si les situations seront différentes selon les régions. Une régression de 10% à 15% est à attendre dans le sud de la France, le nord-ouest de l’Espagne et les Balkans.
Autre effet aggravé: le niveau de la mer monte de plus en plus vite. Cette hausse, qui s’élevait à 0,7 millimètres par an entre 1945 et 2000, est passée à 1,1 mm entre 1970 et 2006 et à environ 3 mm depuis.
Eau potable et irrigation sous tension
Derrière ces chiffres globaux, de nombreuses activités seront touchées. A commencer par l’approvisionnement en eau potable, soumis à la baisse des précipitations, la hausse du mercure, une fréquence plus élevée des inondations et la croissance démographique. La disponibilité en eau douce sera réduite de 2 à 15% d’ici à la fin du siècle, dans l’hypothèse d’un réchauffement de 2°C. Soit l’une des plus fortes baisses au niveau mondial, rappel le Medecc. «La population considérée comme pauvre en eau, avec moins de 1.000 mètres cubes par habitant et par an, devrait s’élever à 250 millions de personnes dans les 20 prochaines années, contre 180 millions en 2013», estiment les auteurs de l’étude.
Menaces sur la sécurité alimentaire
L’irrigation représentant entre 50 et 90% de la demande totale en eau du bassin, les agriculteurs seront aussi parmi les premières victimes des pénuries attendues. Une situation aggravée par la baisse prévue du rendement des cultures en raison du réchauffement. Celle-ci sera de 40% pour la production de légumes en Egypte et de 14% pour la production de tubercules en Europe du Sud. «La sécurité alimentaire est également menacée par les par les parasites et les mycotoxines qui se développent sur les plantes et dans les espaces de stockage», ajoutent les scientifiques. Côté pêcheurs, les impacts seront aussi massifs. Alors que 90% des stocks de poissons sont déjà surexploités en Méditerranée, le poids corporel maximal du poisson pourrait baisser de moitié d’ici à 2050.
Dépendance accrue aux importations
L’évolution des pratiques alimentaires devrait encore aggraver la situation. La population méditerranéenne consomme en effet davantage de viande et les élevages de bétails sont désormais de type extensif, avec une forte dépendance des céréales fourragères. La dépendance des pays du Maghreb aux produits alimentaires importés, estimée à environ 50% de tous les produits alimentaires, devrait s’intensifier.
«Nous sommes une des régions du monde les plus touchées par le changement climatique», a résumé de façon réaliste Nasser Kamel, secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, qui regroupe les pays du bassin méditerranéen.
Par Stéphanie Senet - Source de l'article
Euractiv