Algérie : le 17ème Festival culturel européen s’ouvre le 9 mai

L’événement sera co-organisé par Alger, Annaba, Béjaïa, Oran et Tizi Ouzou et fera la part belle à la musique, au théâtre et au cinéma du Vieux Continent.


Quinze pays seront conviés aux festivités qui s’étaleront sur deux semaines (du 9 au 21 mai prochains) avec comme thème principal : « Les couleurs de l’Europe ».

Le Festival sera étrenné par l'artiste nigérien, Bombino, excellant dans le genre blues touareg. D’autre part, « des lectures à haute voix d'extraits d’œuvres d'auteurs algériens et européens ouvriront les différents programmes qui comportent également des fusions de différents styles de musique », rapporte EL Watan.

Les temps-forts seront ainsi très riches et alterneront entre concerts folkloriques (Pologne, de Hongrie, du Portugal, Pays-Bas), classiques (France, Roumanie, Espagne, Croatie) et jazz, hip-hop, musique du monde (Autriche, Belgique, République tchèque, Italie).

Le cinéma ne sera pas en reste en se focalisant majoritairement sur des films d’animation. Les projections seront toutefois centralisées à Alger.

Quant au volet théâtral, récemment introduit par les organisateurs, ce dernier sera assuré par la Finlande avec comme tête d’affiche « Quand l'ombre passe (sur les traces de Mohammed Dib) », une pièce destinée au jeune public.

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Source de l'article Maghrebnaute

Congrès Euro-Méditerranéen : La résilience dans le monde du vivant

     Marseille, France, du 19 mai 2016 au 21 mai 2016      


L’étude scientifique de la résilience commence au cours des années 1960 -1970, mais son développement est tout récent, au début du XXIe siècle. Les approches actuelles en sont nombreuses, et parfois divergentes. 

La résilience dans le monde du vivantIl est donc temps de se retrouver, de préciser l’objet de notre étude et ses limites, de préciser la méthodologie transdisciplinaire actuelle, et d’éviter l’isolement des chercheurs. Comment concevoir une anthropologie de la résilience à l’échelle d’un pays ou d’un continent ?

Le terme de résilience s'utilise pour de multiples situations et dans le contexte de multiples échelles. Il peut être associé à un processus de changement, d'adaptation, au risque et à la vulnérabilité, à des résistances, rétablissements ou transformations que subirait un organisme après un stress, une perturbation d'origine physique, psychique, biologique ou génétique, ou même au cours de son évolution, etc.

La polysémie du terme rend-elle le concept de résilience définitivement inutilisable ?

La résilience est un processus biologique, psychoaffectif, social et culturel qui permet un nouveau développement après un traumatisme ou sous l'influence de conditions évolutives adverses.(Résilience, Connaissances de base – Ed. Odile JACOB – Paris, 2012).

Le congrès de Marseille 2016 se propose d'engager les débats autour de cette définition dans une perspective interdisciplinaire et intersectorielle, de manière à confronter les approches de la résilience, conforter par les usages de chacun la définition d'un concept fort, ou au contraire apporter la controverse sur certains de ses fondements. Nous souhaitons que des approches très diverses (écologiques, anthropologiques, artistiques, etc.) puissent être associées afin que les expériences soient les plus larges possibles.

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Source de l'article IRD Méditerranée

L'amont gazier et les énergies renouvelables au menu d'un forum algéro-européen en mai

L'amont gazier algérien et les énergies renouvelables sont les deux principaux thèmes retenus pour le premier forum d'affaires algéro-européen consacré à l'énergie, qui se tiendra le 24 mai prochain à Alger, ont annoncé jeudi les initiateurs de cet événement.

Organisé conjointement par le ministère de l'Energie et la Commission européenne, ce forum sera axé autour de l'amélioration de l'attractivité du domaine minier algérien, notamment le volet lié à l'amont gazier, et du programme algérien des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique, a indiqué le directeur général des hydrocarbures auprès de ministère de l'Energie, Mustapha Hanifi.

S'exprimant lors de la réunion préparatoire du forum, M. Hanifi a souligné que cet évènement s'inscrivait dans le cadre du mémorandum d'entente sur l'établissement d'un partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie entre l'Algérie et l'UE, conclu en juillet 2013 à Alger.
Plus de 200 participants, dont près de 120 européens, sont attendus à ce forum auquel assisteront également le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le Commissaire européen à l'Energie et au climat, Miguel Arias Canete.
La partie algérienne sera représentée par des responsables de différents ministères (Energie, Finances, Industrie...), d'organismes spécialisés et de sociétés nationales publiques et privées, ainsi que de porteurs de projets innovants dans le secteur de l'énergie.

M. Hanifi a mis l'accent sur l'importance d'associer le secteur privé et le monde de la recherche d'une façon "active et effective" pour contribuer au renforcement de la coopération énergétique algéro-européenne.
En réponse à une question sur la sécurité des installations énergétiques dans le sud, le même responsable a réitéré que l'Algérie avait constamment respecté ses engagements internationaux en matière d'approvisionnement, même durant les années du terrorisme, faisant du pays "un partenaire énergétique fiable".
A ce propos, il a précisé que près de 70% des exportations gazières algériennes sont destinées à l'Europe, alors qu'un tiers des compagnies étrangères opérant dans l'amont gazier est européen.

De son côté, le directeur de la coopération avec l'UE au ministère des Affaires étrangères, Ali Mokrani, a affirmé que la participation du Commissaire européen à l'Energie et au climat, Miguel Arias Canete, est un "signal très fort de la volonté de l'UE à aller de l'avant dans la coopération énergétique avec l'Algérie".
L'Algérie "veut jouer pleinement son rôle dans un partenariat énergétique équilibré avec l'UE", a ajouté M. Mokrani, soulignant que le secteur de l'énergie est aussi vital pour l'Algérie que pour l'Europe.
Présent à la rencontre, le représentant de la Commission européenne en Algérie, Marek Skolil, a avancé qu'il s'attendait à une forte participation européenne au forum au regard du nombre d'opérateurs ayant confirmé leur participation ou ceux qui ont affiché leur souhait pour y être présents.

Questionné par la presse, en marge de la réunion, sur la volonté de pays européens d'obtenir une révision des prix du gaz algérien exporté, M. Skolil s'est limité à dire que "les conditions du marché changent et évoluent", ajoutant qu'il ne pouvait anticiper des résultats du dialogue en cours entre les autorités algériennes et les partenaires européens.
Concernant les discussions sur la révision de l'Accord d'association entre l'Algérie et l'UE, l'ambassadeur européen a fait part d'un "travail entamé entre les deux parties en vue d'aboutir à une nouvelle feuille de route qui devrait permettre de prendre en charge les questions soulevées par la partie algérienne".

Selon une communication présentée lors de cette réunion préparatoire, l'ordre du jour du forum d'affaire algéro-européen comprendra, entre autres, une table ronde sur le thème "la relance des investissements dans le secteur de l'énergie en Algérie" et deux sessions thématiques dont l'une portera sur "les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et l'intégration nationale", alors que l'autre sera consacrée à "l'industrie gazière en Algérie".
En outre, des rencontres bilatérales sont prévues entre opérateurs nationaux publics et privés et leurs homologues européens pour explorer les opportunités de partenariat dans les différents segments relatifs à l'industrie gazière, l'électricité, les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique.
Une exposition d'équipements et des solutions énergétiques sont également prévues lors de cette rencontre d'une journée.

Par ailleurs, le débat animé lors de la réunion préparatoire a porté sur la contribution du secteur national privé dans la consolidation du partenariat énergétique avec l'UE, et la sécurité énergétique de l'Algérie en diversifiant son mix énergétique à travers l'introduction progressive des énergies renouvelables et l'amélioration de l'efficacité énergétique au niveau des secteurs réputés comme énergétivores comme l'industrie, les transports et l'habitat.

Source de l'article Maghrebemergent

Réunion de l’UpM sur les prochaines étapes de son initiative de création d’emplois


Plus de 20 experts internationaux de haut niveau issus d’organisations internationales, d’institutions financières internationales, d’institutions européennes, du secteur privé, de centres technologiques et de clusters industriels se sont rencontrés au siège de l’UpM, à Barcelone, pour la 3ème Réunion du conseil consultatif du projet Med4Jobs.
 
Les participants se sont penchés sur les prochaines étapes de l’initiative et ont échangé leurs points de vue sur différents secteurs apparaissant de plus en plus dans les agendas internationaux pour promouvoir l’emploi dans la région : la croissance bleue, l’économie numérique et l’économie sociale et solidaire.
 
Med4Jobs est une initiative intersectorielle de l’UpM, qui vise à promouvoir et à reproduire des projets de création d’emplois efficaces et visibles, à accroître l’employabilité des jeunes et des femmes, à contribuer à combler l’écart entre l’offre et la demande d’emplois, et à favoriser une culture d’entrepreneuriat ainsi que le développement du secteur privé.
 
En savoir plus
Med4Jobs -page internet
UpM – Site internet

Tunisie : appui de la BERD pour améliorer les procédures d’appel d’offres


La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (la BERD) a annoncé mardi 26 avril 2016 dans un communiqué, son intention de promouvoir en Tunisie une bonne pratique « moderne et transparente » des appels d’offres.
 
« En coopération avec la Haute Instance tunisienne de la Commande Publique(HAICOP), la Banque aidera à améliorer la transparence et l'efficacité de l’appel d’offre publique en développant des règles et des politiques de mise en œuvre des procédures », explique la Banque. 
 
Pour en savoir plus
Site internet de la BERD
La BERD - Tunisie
EU Neighbourhood Info Centre - Tunisie

MedNC : Journée de l’employabilité des jeunes Méditerranéens : la parole aux jeunes.

La journée de l’employabilité des jeunes Méditerranéens, organisée dans le cadre du programme Méditerranée Nouvelle Chance (MedNC), qui s’est tenue à Marseille, à la Villa Méditerranée, le 14 avril, a souhaité donner la parole aux jeunes. 

Des jeunes bénéficiaires et les entreprises qui les accueillent ont témoigné de leur quotidien et des avancées concrètes que permet le programme MedNC, programme de coopération visant à favoriser l’accès à l’emploi des jeunes de la Méditerranée.

Le taux de chômage des jeunes dans les pays méditerranéens est parmi les plus élevés au monde : 25% en moyenne, soit deux fois plus que la moyenne mondiale. Ce sont donc des millions de jeunes qui recherchent un emploi, ce qui représente pour la région un véritable enjeu pour l’avenir. 

« Dans un contexte où les problématiques méditerranéennes sont partagées par le nord et par le sud, où les sujets de radicalisation et de migrations sont les nouvelles priorités des gouvernements, l’employabilité des jeunes s’érige comme un défi majeur, pour l’ensemble des pays de l’espace euro-méditerranéen » souligne Pierre Massis, Délégué général de l’Office de Coopération Economique pour la Méditerranée et l’Orient (OCEMO). « Parmi les réponses proposées, le réseau Méditerranée Nouvelle Chance (MedNC) s’est imposé comme une initiative consistant à développer un réseau pérenne de dispositifs d’insertion professionnelle, destinée à soutenir les jeunes des deux rives de la Méditerranée, et notamment les jeunes femmes, dans leur accès à l’employabilité. Nous n’avons plus le temps de préparer de grands discours et devons nous impliquer dans les initiatives concrètes, qui portent leurs fruits sur le terrain. »

Après plusieurs réunions à Casablanca, Tunis, Rabat et Barcelone, le Réseau s’est donné rendez-vous, le 14 avril à Marseille à la Villa Méditerranée, pour une « journée de l’employabilité des jeunes Méditerranéens ». Cette rencontre a été co-organisée par l’OCEMO, l’Ecole de la deuxième chance de Marseille (E2C), l’Agence Française de Développement (AFD) et la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec le soutien de l’Union pour la Méditerranée (UpM). Elle est accueillie par l’AViTeM

« Dans le cadre de cette rencontre, nous avons souhaité donner la parole aux premiers concernés par MedNC : les jeunes » commente Anis Saïdi, responsable du programme MedNC à l’OCEMO. « Les bénéficiaires ont pu exprimer très concrètement ce que MedNC leur avait apporté. Un débat très riche s’est également noué entre de jeunes leaders du sud et du nord de la Méditerranée. » L’après-midi des experts, des personnalités et entreprises engagées et des décideurs publics ont partagé leurs connaissances et leurs convictions lors de deux tables rondes autour des thématiques : « Quelles politiques publiques pour développer l’employabilité des jeunes ? » et « L’employabilité des jeunes au cœur de la démarche RSE ».

Le lendemain, 15 avril, a été consacré au Comité d’orientation du Réseau MedNC, organisé dans les murs de l’Ecole de la Deuxième Chance de Marseille. Les différents partenaires du Réseau, soit les représentants de huit pays méditerranéens, se sont réunis pour une journée de travail.

« D’une rive à l’autre de la Méditerranée, les remèdes ne sont pas forcément les mêmes mais les réussites à l’échelle d’un territoire constituent une source d’inspiration et d’encouragement pour toutes les parties prenantes. Nous espérons que cette conférence marquera une étape importante de notre projet et de notre collaboration, en ancrant la capacité des décideurs publics et du monde économique à capitaliser sur la jeunesse et sur les atouts de la coopération » conclut Pierre Massis.

Focus

Piloté par l’OCEMO, en partenariat avec l’Ecole de la Deuxième Chance de Marseille, labellisé par l’Union pour la Méditerranée, soutenu par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Agence Française de Développement, le programme MedNC consiste à développer un réseau de dispositifs d’insertion professionnelle, destinés à accompagner les jeunes Méditerranéens dans leur accès à l’employabilité. 
Conçu comme une plateforme transnationale d’échanges de savoir-faire et de réflexion sur les méthodes innovantes, MedNC mobilise les partenaires publics, privés et de la société civile du nord et du sud de la Méditerranée avec pour objectif de redonner aux jeunes exclus fierté et dignité. Compte tenu des spécificités de chaque initiative, le réseau mise sur ses complémentarités en s’organisant sur trois champs géographiques : Europe, Maghreb et Machrek. MedNC est présent, à ce stade, dans six pays, le Maroc, la Tunisie, la Turquie, l’Egypte, la France et l’Espagne. Des marques d’intérêt importantes sont aujourd’hui portées par l’Italie et par Chypre.

Source de l'article l'OCEMO

Entretien : Alain Cabras invite à la contagion de l’espoir en Méditerranée avec son dernier ouvrage

Résultat de recherche d'images pour "Alain Cabras"Les informations sur la Méditerranée arrivent bouillonnantes, chargées en émotions, parfois, souvent anxiogènes. Alain Cabras, consultant formateur en approche de l’Intelligence Interculturelle, offre, à travers son ouvrage « Méditerranée, les rives de l’espoir » des clés, des pistes pour mieux penser, comprendre cette zone géographique à nulle autre pareille. Il donne l’occasion d’appréhender l’Autre, de s’appréhender soi, il replace les faits dans leur contexte historique, dans un temps long. 

Ainsi de considérer : « La Méditerranée est contagieuse, elle l’a toujours été. Aujourd’hui, comme jadis, dans sa capacité à répandre les bienfaits comme les maux de ses peuples, la Méditerranée est porteuse de dynamiques complexes faites de forces contraires, opposées, mais qui font sens commun ». Citant à ce propos Héraclite d’Éphèse (576 à 480 av JC) : « Ce qui s’oppose à soi-même s’accorde avec soi : l’harmonie se fait par actions de sens contraire comme pour l’arc et la lyre. » Alors, pour l’auteur, rarement les rives Nord, Sud et Est « furent autant liées dans les problèmes qui les touchent mais si éloignées pour les résoudre. » 

Lorsqu’il évoque « la question qui hanta Paul Valéry, Fernand Braudel et Albert Camus : "Y a-t-il une civilisation méditerranéenne ?" », Alain Cabras rappelle qu’ Emmanuel Lévinas répondait : « Qu’est-ce que l’Occident ? La Bible plus les Grecs. », mettant ainsi les sociétés arabes dans l’Occident. Pour Braudel, le grand historien de la Méditerranée, c’est « mille choses à la fois. Non pas un paysage, mais d’innombrables paysages. 

Non pas une mer, mais une succession de mers. Non pas une civilisation, mais plusieurs civilisations superposées ». « Méditerranée, les rives de l’espoir » est un ouvrage qui ne manque pas de style, ce qui ne gâte rien et, qui donne des outils pour rompre avec une spirale de haine fondée sur l’incompréhension, l’ignorance de l’Autre, en appelle à l’intelligence, à l’exigence de l’espoir. Nos civilisations se savent mortelles, cela veut dire qu’elles sont et se savent vivantes et qu’il dépend d’elles que cela durent. Un outil pour combattre le "Viva la Muerte" à l’œuvre dans nos sociétés, sachant que c’est toujours sous le tumulte qu’il importe d’écrire le nom de liberté. Entretien avec Alain Cabras [1]

Destimed : Votre nouvel ouvrage s’intitule "La Méditerranée rivages d’espoir". S’agit-il d’une provocation ou d’une incantation ?
Alain Cabras : Les deux à la fois et bien plus que cela encore ! Une provocation bien sûr car je veux réveiller et éveiller mes lecteurs quant à leur rapport à la Méditerranée. Pour les habitants du Sud et de l’Est de la mer, ce sont évidemment des rives d’espoir. A tel point qu’ils sont prêts au sacrifice suprême pour les accoster. Mais pour les gens du Nord aussi ce sont des rives d’espoir mais ils l’ont oublié spirituellement, intellectuellement et surtout matériellement… le développement de l’idée européenne, de l’art de vivre européen comme de ses marchés est au Sud ! Parce que nous avons déserté le Sud sur ces points, alors les mauvaises herbes du salafisme, de l’islamisme, en général, et de la haine y prolifèrent. Une incantation aussi. Incantatoire signifie employer des formules magiques pour produire un charme. J’espère de tout cœur que nous allons retrouver les chemins de l’enchantement en Méditerranée sans être dupes de ce que nous sommes ni ignorants de ce que sont les Autres. J’ai écrit ce livre pour reconsidérer Mare Nostrum. Ce n’était pas seulement le berceau de l’humanité, oublié au grenier de la mémoire des hommes. La Méditerranée était une matrice en régénérescence perpétuelle, éminemment "moderne", dirait-on aujourd’hui. En effet, le grand clivage que vivent tous les hommes de la mondialisation de la culture, à savoir la distinction entre les hyper-mobiles internationalistes et les immobiles de nos nations appauvries, était une constante en Méditerranée depuis toujours. Sinon comment comprendre l’Illiade et l’Odyssée, les Milles et Une nuits, les Vénitiens etc. Alors bien plus qu’une provocation ou une incantation, je voudrais faire prendre conscience que la Méditerranée fait partie de notre système immunitaire physique, politique, économique et… symbolique. Si nous la laissons aux mains de la démesure, de l’hybris, nous nous affaiblirons définitivement en Europe.

Vous affirmez que le temps ne serait plus à être méditerranéiste ou sympathisant de la méditerranéité. Pourtant cela ne serait-il pas l’urgence du moment d’autant que vous rappelez vous-même que, étymologiquement, le diable est celui qui divise ?
Non, ce que j’affirme c’est que ce débat, inconnu du grand public et seulement réservé à ceux qui pensent ou agissent en Méditerranée, est dépassé. Être méditerranéiste c’est vouloir l’unité des peuples de la Méditerranée par le haut. Être pour la méditerranéité, c’est vouloir l’unicité des peuples au travers de la seule culture, par le bas. Or, les peuples de la Méditerranée, depuis les révolutions de 2011, ont besoin de trouver les voies d’une identité "moderne". Je prends le mot "moderne", ici, au sens de l’acquisition de son autonomie par le sujet, comme la définissait Alain Touraine. Exister par eux-mêmes tout en entrant le moins mal possible dans les trois mondialisations politique, économique et culturelle. Donc plus qu’être pour l’unité des peuples ou vouloir leur rapprochement par la seule culture, il faut penser leur rapprochement sous forme de dynamiques par les savoirs partagés, les idées véhiculées et les techniques mises en commun. Et pour ce faire, il faut changer la gouvernance éparpillée des institutions et organismes qui se chargent, finalement, de rendre le vieux rêve méditerranéen encore possible. Quant au Diable, dia-bolein, le diviseur aujourd’hui, il est partout. Surtout dans nos imaginaires où il produit des ravages. C’est pourquoi j’invoque le dieu Janus comme figure emblématique de l’imaginaire méditerranéen. Dieu à double face, il nous oblige à nous rappeler toujours qu’à côté des pires cauchemars, il y a la face lumineuse du rêve d’unité. C’est ce rêve qu’il faut refonder loin des vieux débats passés.

Vous êtes encore un défenseur de l’Union pour la Méditerranée (UpM), affirmant que son importance va bien au-delà de l’institution elle-même. Pouvez-vous nous expliquer votre point de vue ?
Je pense que l’Union pour la Méditerranée est une idée neuve pour tous. C’est la seule grande novation politique et diplomatique depuis la fin de la Guerre froide. Je crois que son pari en 2007 union méditerranéenne autour de dossiers et de sujets non macro politiques étaient excellentes car elle répondait, d’abord, à des besoins économiques et à la volonté de gérer les flux migratoires Sud-Nord, mais, ensuite, sous couvert de ne pas faire de la "grande" politique, en faisait éminemment comme un cheval de Troie dans les pays autoritaires ou dictatoriaux du Sud et de l’Est car elle faisait avancer l’idée démocratique. Comme le disaient les Américains en 1945, qui exporte sa technique exporte sa culture. En ce sens, je pense que l’UpM était une formidable idée politique et le reste, à condition qu’Elle associe les sociétés civiles organisées à ses missions les plus fortes. D’où mes 30 propositions concrètes dans le livre.

Vous considérez qu’avec les printemps arabes l’Europe a perdu non le Nord, selon la formule convenu, mais le Sud. Mais l’a-t-elle jamais gagné ?
Oui, je pense que les Européens ont perdu le Sud en termes de boussole intellectuelle alors que depuis des siècles l’Europe a grandi lorsqu’elle a tenu compte de ses héritages méditerranéens. Aujourd’hui, penser le développement du Nord sans considérer les problématiques des Suds et du Proche-Orient, sauf dans l’urgence des crises, est une erreur géostratégique majeure. Les Européens et, hélas, les Français en première ligne, n’ont plus aucune vision de la relation avec les autres pays du sud, si ce n’est celle du développement économique et touristique. Et ce, pour une raison simple, parce que l’Europe, géant économique a décidé de ne plus exister politiquement, y compris sur les marges de son empire, du fait des trois tâches que sont l’esclavagisme, le colonialisme et les guerres des siècles passés. Sauf qu’aucune puissance politique ou psychologique fut-elle de groupe, ne peut empêcher l’Histoire de faire son œuvre. L’histoire politique continue entre ceux qui veulent la faire et ceux qui veulent la subir. Ce qui fait dire à Daesh aujourd’hui, que ce continent est un ventre mou et une future terre promise du Djihad. Alors bien plus que de vouloir gagner le Sud, il faut lui dire clairement ce que nous attendons de lui et refusons. Par exemple, l’union du Maghreb arabe, la fameuse intégration Sud-Sud doit devenir une obsession diplomatique européenne et… une exigence.

Vous évoquez le temps, le lieu, la morale comme trois piliers méditerranéens d’une autre mondialisation. En quoi ces piliers sont-ils méditerranéens, en quoi peuvent-ils être porteurs d’une autre mondialisation ?
Dans la mondialisation culturelle, les peuples de la Méditerranée peuvent non seulement résister mais plus fou encore, réorienter celle-ci. Notre rapport au temps, celui de la conscience des choses et pas de l’hystérie médiatique qui nous déconcerte ; le rapport à ce lieu mythique, cette mer qui nous a donné du poisson et des prophètes nous oblige à tous les sens du terme. Nous ne pouvons plus faire n’importe quoi de cette zone bénie des Dieux. Quant à la morale, ce n’est pas ce que j’invoque. Je dis simplement que dans l’art de s’organiser l’homme méditerranéen a fait de la société de personnes, à la différence de la société capitalistique, un modèle dans le capitalisme dont on aurait intérêt de s’inspirer encore plus. Mais pour cela, il nous faut penser le verbe coopérer autrement. C’est ce que j’ai essayé de faire dans cet ouvrage.

Par Michel CAIRE - Source de l'article Destimed

"Méditerranée, les rives de l’espoir" d’Alain Cabras aux Éditions Landogne -157 pages - 15€

[1] Alain Cabras - Consultant Formateur en Intelligence interculturelle - Gestion de la pluralité culturelle et religieuse en milieu professionnel - Chargé de Conférences à Aix Marseille Université - Référent en Intelligence Interculturelle à l’Institut Supérieur en Intelligence Sociale (isdis.fr) Web :alaincabras.fr

Révolutions arabes : changement ou dynamique nouvelle ?

Il faut beaucoup d'efforts pour rappeler à la nouvelle génération de jeunes, et même d'académiques, que les révolutions dans l'histoire n'ont pas apporté le changement, mais qu'elles ont créé une dynamique nouvelle et que le changement n'est intervenu que plus tard en tant que fruit d'un long combat culturel.

Résultat de recherche d'images pour "révolutions arabes"De la Révolution française de 1789 à la démocratie française, il y a plus d'un siècle et demi. De la Magna Carta britannique (15/6/1215) au parlementarisme anglais, il y a des siècles. Il est trop facile d'alléguer que le printemps arabe a échoué, que les gros espoirs ont été déçus, que l'élan révolutionnaire a été récupéré... Ces affirmations révèlent à quel point la culture démocratique d'aujourd'hui, surtout celle de la nouvelle génération qui n'a pas vécu les grands combats après les deux grandes guerres mondiales, tend à assimiler la démocratie à un hôtel ou supermarché de haut standing. Or même dans les pays les plus démocratiques, les ennemis intimes de la démocratie, les abus, les violations et la barbarie terroriste commencent à saper des acquis démocratiques de plusieurs générations.

Le séminaire organisé par le centre de recherche « Les religions, le droit et l'économie dans l'espace méditerranéen » (REDESM) de l'Universita degli Studi dell 'Insubria (Côme, Italie) et par le directeur du centre Alessandro Ferrari sur le sujet : « De Mohammad Bouazizi à Giulio Regeni : la Méditerranée, cinq ans depuis le printemps arabe » apporte une contribution originale et prospective. Giulio Regeni, jeune chercheur italien arrêté et torturé en Égypte (1988-2016), est aussi martyr et témoin engagé.
Le séminaire a permis, à travers l'allocution d'ouverture (Barbara Pozzo) et avec la participation de professeurs de l'université et de plus de 200 étudiants en droit, économie et médiation interculturelle, de cibler trois problèmes : l'islam face aux défis des mutations, l'exemple de la place Tahrir au Caire et les nouveaux changements constitutionnels dans le monde arabe.

1. L'obstacle de l'establishment politico-religieux : on aurait tendance à oublier que le printemps arabe a aussi été déclenché à Beyrouth en 2005 avec la révolution du Cèdre ou le printemps de Beyrouth, ou l'intifada de l'Indépendance, à la suite de l'attentat militaire terroriste contre le président Rafic Hariri et son convoi. Ce printemps devait ensuite sombrer dans des cogitations et manipulations par des forces externes et des collaborateurs internes.
On relève que l'establishment politico-religieux constitue l'obstacle majeur aux changements souhaités. Des allégations idéales sur l'islam « camouflent des pratiques terroristes, tout comme des généralités sur la démocratie ne mettent pas en valeur les aspects procéduraux régis par le principe de la primauté de la loi » (Massimo Campanini).

2. Liberté et dignité sur les murs du Caire : les Égyptiens révoltés n'ont pas besoin d'experts pour leur expliquer ce qu'est la liberté, longtemps étouffée, mais inscrite au cœur de la nature humaine. Ceux qui le montrent sont surtout les artistes, poètes, graffitistes et tous les martyrs dans une révolution, en janvier 2011, qui n'est le monopole de personne et sur « des murs qui deviennent l'expression de la souffrance ». Des symboles pharaoniques rejoignent la croix et le croissant par des artistes « qui ne sont pas emmurés dans une religion idéologique ».
Les noms des martyrs et de leurs mères qui pleurent parsèment les murailles : Mohammad al-Ghadour, Mohammad Jamal Masri, Khaled Said... L'un a été fusillé à la bouche ! Les principaux graffitis sur les murs : « Le régime est contre nous, mais sans courage » ; « Lève-toi Égypte, même si le peuple a faim » ; « Nous sommes tous Khaled Said » ; « Égypte, lève-toi et tire les cordes ».
Un des martyrs est atteint d'une balle à l'œil et ne pleure pas ! Un policier crie : « C'est moi aussi qui ai fait la révolution. » Une affiche proclame : « Les militaires vont protéger le peuple. » On exhibe comme symbole la mouche qui agace, sans qu'on puisse l'attraper. Sur une autre affiche, des cerveaux à proximité des pieds de tyrans qui ne comprennent rien ! La vraie révolution est ainsi racontée non par des chercheurs bureaucrates, mais par le commun du peuple (Giovanni Canova).

3. La démocratie... en marche : toute cette dynamique, pour qu'elle se traduise en réalisations, a besoin d'acteurs, d'engagement et désormais d'un autre discours en rupture avec des palabres idéologiques et programmés sur l'islam, la charia, l'État islamique... Il faudra renouveler tous les concepts du passé : shûra, ijma', maslaha (prescription religieuse, consensus bien commun) et revenir aux fondements universels de l'État, par essence civil, et aussi de la loi en tant que procédure (Massimo Companini) pour garantir la liberté contre les abus du politique et aussi les abus du religieux s'il devient pouvoir.
Il ressort de quelques interventions au cours des débats à quel point l'image de l'islam est altérée dans les perceptions à cause du nombre de pratiques et de la médiatisation des mauvaises pratiques plutôt que des actions normatives qui suscitent l'exemplarité et la capacitation. Il en découle qu'il faudra désormais centrer la recherche et l'action sur des exemples concrets et normatifs.

Par Antoine MESSARRA (Membre du Conseil constitutionnel -Titulaire de la Chaire Unesco des religions comparées, de la médiation et du dialogue, USJ) 
Source de l'article l'Orient le Jour