Les partenaires de CoWorkMed ont clos le projet le 12 avril à Zagreb (photo : Avitem) |
Achevé le 30 avril 2018, le projet européen CoWorkMed a mis en lumière le potentiel du coworking dans les cinq pays ou régions étudiés : Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Catalogne, la Toscane, la Croatie et la Grèce.
La Commission européenne, mais aussi les États membres, doivent maintenant s'emparer du sujet pour définir comment aider et orienter ce phénomène qui connaît un développement exponentiel.
« Le coworking est aujourd'hui considéré comme un enjeu majeur sur les territoires visés par notre étude », explique Floriane Leclercq, chargée de projet à l'Avitem. CoWorkMed a étudié le phénomène du coworking et ses conséquences. Sous le leadership de l'Avitem, le projet européen a réuni de décembre 2016 à avril 2018 des acteurs institutionnels, des chercheurs et des membres actifs du secteur du coworking de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), de Catalogne, de Toscane, de Croatie et de Grèce.
L'étude a recensé plus de 320 espaces de coworking sur les territoires partenaires. La majorité se situe en Catalogne (150) et en Paca, généralement dans de grands centres urbains. Des lieux très divers tant par le public visé, que par les prestations proposées. Car, le coworking séduit aujourd'hui des travailleurs indépendants, des artisans, des start-up, mais aussi des grandes entreprises qui y voient une solution pour le télétravail ou pour leurs salariés nomades. Les coworkeurs ont en majorité vingt-cinq à trente-cinq ans, possèdent de solides diplômes, sont à parité hommes ou femmes, exercent souvent une activité dans la communication, l'industrie créative, les nouvelles technologies, l'informatique.
Les sites proposent des bureaux partagés ou privatifs, des salles de réunion, qu'ils peuvent louer au mois, à la semaine ou à l'heure. Ils mettent parfois à disposition de leurs utilisateurs des salles de sport ou de formation, des espaces de restauration, des chambres, de la conciergerie, des animations de type dégustations de vin, yoga, tables rondes, des studios photo, des showrooms, des outils de travail coûteux... avec toujours les mêmes objectifs : mutualiser, faciliter la création d'une communauté, la mise en place de synergies.
« Le coworking ne peut donc se résumer à des bureaux partagés », estime Floriane Leclercq. « Il met à disposition un espace physique, mais il permet surtout la création d'une communauté, de relations sociales. »
Elargir et exporter le concept
CoWorkMed a mis en lumière les impacts positifs du coworking. Il constitue un véritable levier pour le développement durable des villes, augmente la productivité des entreprises tout en améliorant la qualité de vie des collaborateurs, il favorise l'innovation en mettant en contact des publics très différents, il réduit les déplacements domicile-travail et donc les émissions de gaz à effet de serre. Dans les zones éloignées des centres urbains, le coworking fixe une population active qui attire à son tour commerces et services publics.
Le coworking évolue extrêmement vite et s'adapte aux besoins de ses utilisateurs. C'est pourquoi les partenaires de CoWorkMed estiment que les autorités doivent faciliter son développement, sans chercher à l'encadrer. « Dans un secteur où le travail est collaboratif, la gouvernance horizontale, et la culture principalement numérique, l’acteur public doit avoir un rôle d’impulsion, de coordination, de labellisation, de financement et d’arbitrage. »
CoWorkMed propose à l'Europe d'agir sur quatre axes : l'accompagnement du coworking dans les territoires à faible densité, la labellisation d'un réseau de coworking à l’échelle méditerranéenne, l'intégration par l'administration européenne des pratiques de coworking, le lancement d'un appel à projets européen destiné à soutenir les espaces de coworking à fort impact économique et social.
L'Avitem entend maintenant aller plus loin. Le modèle économique des espaces de coworking reste trop souvent dépendant d'aides publiques et demande à être affiné. « Il ne concerne que les grandes villes alors qu'il rendrait des services en zones péri-urbaines et rurales », estime Bernard Valéro, directeur de l'Avitem. « Les agriculteurs, les personnes pratiquant le télétravail ne seraient plus seuls devant leur ordinateur et pourraient partager leurs expériences. Il faudrait également élargir le spectre des utilisateurs. Les personnes âgées rompraient leur solitude et feraient bénéficier les coworkeurs de leur expertise. Nous souhaitons également exporter ce concept aux pays de la rive sud de la Méditerranée. Il permettrait aux femmes d'accéder plus facilement à la vie professionnelle, aux jeunes de se lancer. Le coworking rendrait également de grands services dans les camps de réfugiés en donnant un sens à des vies réduites en miettes. Nous avons proposé à l'Europe de poursuivre. CoWorkMED était un projet d'études. Il faut maintenant un projet d'expérimentation. Nous faisons également passer des messages au niveau national. »
Gérard Tur - Source de l'article AVITEM & Econostruminfo
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