Le Parlement européen a voté mercredi un texte étendant aux régions du Sahara les tarifs douaniers préférentiels octroyés au royaume chérifien, sans contredire la jurisprudence européenne.
C'est un moment de grâce pour la coopération européo-chérifienne. Le vote de ce texte marque une « nouvelle étape dans le partenariat stratégique » entre l'UE et le Maroc, s'est félicité Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, arrivée mercredi soir pour une visite à Rabat.
À 444 voix pour (167 voix contre), les eurodéputés réunis à Strasbourg ont donné leur feu vert « à l'extension des préférences tarifaires au territoire du Sahara occidental après que la Commission européenne et le Maroc ont trouvé un accord sur un mécanisme de traçabilité permettant de définir l'origine des produits exportés depuis le territoire », selon un communiqué du Parlement. Cet accord qui concerne les produits de l'agriculture et de la pêche doit encore être avalisé par le Conseil de l'UE pour entrer en vigueur.
Le texte voté mercredi a permis de modifier l'accord d'association entre l'UE et le Maroc intégrant le Sahara qui avait été rejeté en 2016 par la Cour de justice européenne en « l'adaptant à la jurisprudence », a expliqué Federica Mogherini, haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la sécurité.
Pour rappel, le partenariat stratégique UE-Maroc inclut notamment des aides européennes pour la gestion migratoire, avec une première enveloppe de 50 millions d'euros pour la gestion des frontières marocaines. Le dossier migratoire représente un enjeu crucial pour l'Europe. L'Espagne, juste en face des rives du Maroc, est redevenue l'an dernier la première porte d'entrée en Europe, avec 57 215 arrivées par la mer (contre 22 103 en 2017).
Un long cheminement vers un vote...
L'exercice était compliqué puisque l'UE ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur ce territoire désertique disputé depuis le départ des colons espagnols, au milieu des années 1970. Le « mécanisme de traçabilité » invoqué par le communiqué du Parlement correspond plutôt à « un mécanisme d'échanges de statistiques par région sur les produits de l'agriculture et de la pêche », a précisé le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita au cours d'une conférence de presse à Rabat. La part des régions appartenant au Sahara et dénommées provinces du Sud dans les exportations marocaines n'a jamais été détaillée. « Le peuple sahraoui a le droit de se développer dans l'attente d'une solution politique », ont estimé mercredi les députés européens, dans une résolution annexe adoptée par 442 voix pour (172 voix contre). Selon eux, les tarifs préférentiels dont a bénéficié le Sahara occidental entre 2013 et 2016 ont « eu un impact positif » pour son développement économique, un argument régulièrement avancé par la partie marocaine.
... contre lequel se dressent les indépendantistes sahraouis
Le Front Polisario, qui lutte pour l'indépendance de l'ex-Sahara occidental, avait appelé les eurodéputés à voter contre une telle extension de l'accord UE-Maroc. Il a réagi mercredi soir en « rejetant inconditionnellement cet accord qui viole clairement les lois européennes et internationales ». Cela « va incontestablement encourager le Maroc dans son attitude sans compromis à l'égard du processus de paix des Nations unies », qui a repris à Genève en décembre dernier après des années de statu quo, a critiqué le Front Polisario dans un communiqué. Rabat considère l'ex-Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire et propose une autonomie sous sa souveraineté. Une option rejetée par le Polisario, qui continue de réclamer un référendum d'autodétermination.
Par l'AFP & le Point Afrique
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