2009 marque le 20ème anniversaire de l’Union du Maghreb arabe (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie). Quel bilan et quelles perspectives peut-on dresser ?
Invité par le roi Hassan II, j’avais assisté à la création de l’UMA, à Marrakech, le 17 février 1989. Elle avait suscité alors de grands espoirs au Sud comme au Nord. Hélas, depuis le dernier sommet des chefs d’État à Tunis, en 1994, l’UMA paralysée, est dans l’incapacité chronique de convoquer un nouveau sommet depuis le report sine die de celui, prévu à Alger, en juin 2002 puis en décembre 2003, le Maroc ayant décliné l’invitation.
C’est aussi depuis 1994 que la frontière est fermée entre l’Algérie et le Maroc. Alger avait alors reproché à Rabat de laisser s’infiltrer des islamistes armés et surtout d’être responsable de l’interminable contentieux du Sahara occidental, ex-Sahara espagnol. En effet, il est dû au refus de Rabat d’accepter le principe du droit à l’autodétermination du peuple Sahraoui, recommandé par l’ONU, et à la tension avec Alger qui reconnaît la RASD, proclamée le 27 février 1976. En outre, en raison des divergences politiques entre ses dirigeants, l’UMA n’a guère réussi à fonctionner efficacement tandis que Tripoli joue plus sur la tonalité africaine et sahélo-saharienne que maghrébine.
Pourtant, face à l’Union européenne et au « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée », lancé à Paris le 13 juillet 2008, il est urgent que l’UMA redémarre et se consolide. Et face à la crise financière mondiale, l’intégration économique du Maghreb est d’autant plus une nécessité. Dans les cinq pays, on assiste à une prise de conscience à différents niveaux, en particulier dans les milieux économiques et financiers car on mesure plus qu’ailleurs le coût de la non-intégration. Selon la Banque mondiale, le coût du non-Maghreb représente un à deux points de croissance de moins pour les pays de l’UMA et des milliers d’emplois de moins (20 000 par an pour la seule Tunisie).
À la 45ème session du Comité de suivi de l’UMA à Tripoli, le 19 avril 2009, le Tunisien Habib Ben Yahya, secrétaire général de l’UMA depuis 2006, a dressé le bilan d’une année 2008 assez riche. Il a souligné les importantes réalisations au niveau de la sécurité alimentaire grâce au financement de projets communs et à l’encouragement de la recherche agricole par la création d’un prix maghrébin. En outre, il a insisté sur l’avancement des dispositions de création de la zone de libre-échange, la promotion des échanges commerciaux et industriels et celle de la coopération concernant la connexion électrique et l’élaboration d’une stratégie maghrébine d’utilisation de l’énergie renouvelable, notamment l’énergie solaire. Il s’est félicité de la première rencontre maghrébine des hommes d’affaires, les 10 et 11 mai 2009. Enfin, alors que le comité examinait le projet de création de la CEM, Communauté économique maghrébine, M.Ben Yahya a souligné l’avancement des discussions sur le lancement de la BMICE, Banque maghrébine de l’investissement et du commerce extérieur.
À ce propos, rappelons que de bonnes initiatives prises dès la fin 2008 devraient se concrétiser en 2009 et 2010, la plus importante étant précisément l’installation de la BMICE à Tunis. Sa création avait été décidée en Libye en 1991 mais son statut, ratifié par l’UMA, n’était pas devenu opérationnel. L’assemblée générale constitutive de la BMICE est prévue au premier semestre 2010 de même que son entrée en application. Son statut prévoit une assemblée générale des souscripteurs, un Conseil d’administration de 10 membres représentant les cinq pays maghrébins, et un directeur général nommé pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Le capital de la banque s’élève à 500 millions de dollars, soit 150 millions versés par chacun des cinq membres de l’UMA. La BMICE devrait donc contribuer au développement de la coopération inter-maghrébine, favoriser l’édification d’une économie compétitive et intégrée, promouvoir les échanges commerciaux et des projets mixtes, renforcer les investissements, et favoriser la circulation des biens et des capitaux. D’autres initiatives de la fin de 2008 méritent d’être rappelées. À la mi-novembre, en Libye, la Conférence sur les progrès de l’intégration régionale et la promotion des projets communs au Maghreb a recommandé de rendre opérationnelle la BMICE. Dès l’ouverture des travaux, Dominique Stauss-Kahn, directeur général du FMI, lui a apporté son soutien et appelé à accélérer sa mise en place afin que les projets communs contribuent à surmonter les différends politiques au sein de l’UMA.
Signalons aussi, à Tunis, le 17 novembre 2008, la 5ème réunion des ministres des Transports du 5+5 (les 5 de l’UMA et les 5 Sœurs latines : Portugal, Espagne, France, Italie, Malte) avec le vice-président de la Commission européenne pour le transport. Au centre des travaux : le TGV maghrébin qui reliera Tripoli à Casablanca, via Tunis et Alger, considéré comme un « projet prioritaire » de coopération entre l’UMA et l’UE.
De son côté, la 4ème Conférence de l’UME, Union maghrébine des employeurs, à Tripoli, fin novembre 2008, a permis une avancée sur le plan des relations économiques. Ils ont jugé absurde que chaque pays de l’UMA ait individuellement signé des accords avec l’UE avec un volume d’échange aux alentours des 60%, alors que les échanges inter-maghrébins (avec environ 100 millions d’habitants) ne dépassent pas une moyenne de 2 à 3% ! Les employeurs ont souligné l’importance de leur rôle de locomotive dans la construction de l’espace maghrébin à travers des projets communs, un partenariat solidaire bi et multilatéral. Ils sont désormais incontournables dans les décisions de l’UMA.
Par ailleurs, le 26 novembre 2008 à Tanger, le Forum pour le dialogue inter-méditerranéen a souligné que l’avenir de l’UPM est lié à celui de l’UMA. Le représentant de l’Égypte a déploré que l’UE ne consacre que 2% de ses investissements à ses voisins méditerranéens et réclamé une plus forte coopération.
De plus, l’UMF, Union maghrébine des foires, a été instituée à Tripoli en janvier 2008 et du 26 novembre au 1er décembre de cette même année, l’Algérie a accueilli la première. Organisée par la SAFEX, Société algérienne des foires et expositions, elle voulait être une nouvelle dynamique et un espace propice au renforcement des échanges économiques, de la coopération et du partenariat au sein de l’UMA. Elle a aussi identifié les opportunités de partenariat économique et d’investissements. La deuxième édition de la Foire maghrébine doit se tenir à Tripoli du 3 au 8 octobre 2009.
Enfin, la 26ème session ordinaire des responsables des douanes arabes, réunie au Caire le 31 janvier 2008, a examiné la création de l’Union arabe des douanes à l’horizon 2015 et d’un marché commun arabe. Dès 2010, devraient ainsi entrer en vigueur la zone arabe de libre-échange, la garantie des conditions d’égalité entre les pays membres et les mesures préférentielles en faveur des pays et des secteurs les moins développés. L’UMA y est intéressée au premier chef. Oui, l’économie va bien au secours du politique au sein de l’UMA !
C’est aussi depuis 1994 que la frontière est fermée entre l’Algérie et le Maroc. Alger avait alors reproché à Rabat de laisser s’infiltrer des islamistes armés et surtout d’être responsable de l’interminable contentieux du Sahara occidental, ex-Sahara espagnol. En effet, il est dû au refus de Rabat d’accepter le principe du droit à l’autodétermination du peuple Sahraoui, recommandé par l’ONU, et à la tension avec Alger qui reconnaît la RASD, proclamée le 27 février 1976. En outre, en raison des divergences politiques entre ses dirigeants, l’UMA n’a guère réussi à fonctionner efficacement tandis que Tripoli joue plus sur la tonalité africaine et sahélo-saharienne que maghrébine.
Pourtant, face à l’Union européenne et au « Processus de Barcelone : Union pour la Méditerranée », lancé à Paris le 13 juillet 2008, il est urgent que l’UMA redémarre et se consolide. Et face à la crise financière mondiale, l’intégration économique du Maghreb est d’autant plus une nécessité. Dans les cinq pays, on assiste à une prise de conscience à différents niveaux, en particulier dans les milieux économiques et financiers car on mesure plus qu’ailleurs le coût de la non-intégration. Selon la Banque mondiale, le coût du non-Maghreb représente un à deux points de croissance de moins pour les pays de l’UMA et des milliers d’emplois de moins (20 000 par an pour la seule Tunisie).
À la 45ème session du Comité de suivi de l’UMA à Tripoli, le 19 avril 2009, le Tunisien Habib Ben Yahya, secrétaire général de l’UMA depuis 2006, a dressé le bilan d’une année 2008 assez riche. Il a souligné les importantes réalisations au niveau de la sécurité alimentaire grâce au financement de projets communs et à l’encouragement de la recherche agricole par la création d’un prix maghrébin. En outre, il a insisté sur l’avancement des dispositions de création de la zone de libre-échange, la promotion des échanges commerciaux et industriels et celle de la coopération concernant la connexion électrique et l’élaboration d’une stratégie maghrébine d’utilisation de l’énergie renouvelable, notamment l’énergie solaire. Il s’est félicité de la première rencontre maghrébine des hommes d’affaires, les 10 et 11 mai 2009. Enfin, alors que le comité examinait le projet de création de la CEM, Communauté économique maghrébine, M.Ben Yahya a souligné l’avancement des discussions sur le lancement de la BMICE, Banque maghrébine de l’investissement et du commerce extérieur.
À ce propos, rappelons que de bonnes initiatives prises dès la fin 2008 devraient se concrétiser en 2009 et 2010, la plus importante étant précisément l’installation de la BMICE à Tunis. Sa création avait été décidée en Libye en 1991 mais son statut, ratifié par l’UMA, n’était pas devenu opérationnel. L’assemblée générale constitutive de la BMICE est prévue au premier semestre 2010 de même que son entrée en application. Son statut prévoit une assemblée générale des souscripteurs, un Conseil d’administration de 10 membres représentant les cinq pays maghrébins, et un directeur général nommé pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Le capital de la banque s’élève à 500 millions de dollars, soit 150 millions versés par chacun des cinq membres de l’UMA. La BMICE devrait donc contribuer au développement de la coopération inter-maghrébine, favoriser l’édification d’une économie compétitive et intégrée, promouvoir les échanges commerciaux et des projets mixtes, renforcer les investissements, et favoriser la circulation des biens et des capitaux. D’autres initiatives de la fin de 2008 méritent d’être rappelées. À la mi-novembre, en Libye, la Conférence sur les progrès de l’intégration régionale et la promotion des projets communs au Maghreb a recommandé de rendre opérationnelle la BMICE. Dès l’ouverture des travaux, Dominique Stauss-Kahn, directeur général du FMI, lui a apporté son soutien et appelé à accélérer sa mise en place afin que les projets communs contribuent à surmonter les différends politiques au sein de l’UMA.
Signalons aussi, à Tunis, le 17 novembre 2008, la 5ème réunion des ministres des Transports du 5+5 (les 5 de l’UMA et les 5 Sœurs latines : Portugal, Espagne, France, Italie, Malte) avec le vice-président de la Commission européenne pour le transport. Au centre des travaux : le TGV maghrébin qui reliera Tripoli à Casablanca, via Tunis et Alger, considéré comme un « projet prioritaire » de coopération entre l’UMA et l’UE.
De son côté, la 4ème Conférence de l’UME, Union maghrébine des employeurs, à Tripoli, fin novembre 2008, a permis une avancée sur le plan des relations économiques. Ils ont jugé absurde que chaque pays de l’UMA ait individuellement signé des accords avec l’UE avec un volume d’échange aux alentours des 60%, alors que les échanges inter-maghrébins (avec environ 100 millions d’habitants) ne dépassent pas une moyenne de 2 à 3% ! Les employeurs ont souligné l’importance de leur rôle de locomotive dans la construction de l’espace maghrébin à travers des projets communs, un partenariat solidaire bi et multilatéral. Ils sont désormais incontournables dans les décisions de l’UMA.
Par ailleurs, le 26 novembre 2008 à Tanger, le Forum pour le dialogue inter-méditerranéen a souligné que l’avenir de l’UPM est lié à celui de l’UMA. Le représentant de l’Égypte a déploré que l’UE ne consacre que 2% de ses investissements à ses voisins méditerranéens et réclamé une plus forte coopération.
De plus, l’UMF, Union maghrébine des foires, a été instituée à Tripoli en janvier 2008 et du 26 novembre au 1er décembre de cette même année, l’Algérie a accueilli la première. Organisée par la SAFEX, Société algérienne des foires et expositions, elle voulait être une nouvelle dynamique et un espace propice au renforcement des échanges économiques, de la coopération et du partenariat au sein de l’UMA. Elle a aussi identifié les opportunités de partenariat économique et d’investissements. La deuxième édition de la Foire maghrébine doit se tenir à Tripoli du 3 au 8 octobre 2009.
Enfin, la 26ème session ordinaire des responsables des douanes arabes, réunie au Caire le 31 janvier 2008, a examiné la création de l’Union arabe des douanes à l’horizon 2015 et d’un marché commun arabe. Dès 2010, devraient ainsi entrer en vigueur la zone arabe de libre-échange, la garantie des conditions d’égalité entre les pays membres et les mesures préférentielles en faveur des pays et des secteurs les moins développés. L’UMA y est intéressée au premier chef. Oui, l’économie va bien au secours du politique au sein de l’UMA !
Alors qu’on a assisté à une relance de l’Union pour la Méditerranée, après la période de blocage qui a suivi l’attaque israélienne contre Gaza, l’accent est mis au Nord comme au Sud, sur la nécessité de relancer l’UMA pour favoriser la coopération.
Par Paul BALTA - Confluences-mediterranee.com - le 21 aout 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire