Le monde d’aujourd’hui est caractérisé par une fluidité bousculant les repères traditionnels. Nous constatons une évolution majeure : le dérèglement du système international avec l’apparition d’ordres ou de désordres alternatifs.
Cette nouvelle réalité d’un monde en transition remet en cause nos grilles d’analyse traditionnelles et génère l’incertitude. La mondialisation s’essouffle, marque le pas et fait l’objet de contestations de plus en plus vives matérialisées par la montée en puissance de logiques locales et de dynamiques régionales. Les organisations internationales ont de plus en plus de mal à répondre aux enjeux économiques du présent dictant un changement de modèles de développement économique. Dans ce « monde rétréci », nous assistons à une affirmation des logiques de puissance, des pôles à l’instar de la China, de la Russie, de l’Inde, entre autres, aspirant à relativiser l’empreinte géopolitique américaine et plus globalement la domination occidentale.
C’est dans ce contexte qu’il convient de replacer le projet chinois des nouvelles routes de la soie appelé à reconfigurer les équilibres géopolitiques et géoéconomiques à l’échelle planétaire.Infrastructure stratégique d’envergure, le projet Belt and Road Initiativeaspire à relier, par des voies routières, ferroviaires, numériques, maritimes, de gazoducs, d’oléoducs, de ports, etc. l’Asie, l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique, tout en s’étendant à l’Océanie et à l’Amérique Latine.Au lancement du projet une déclaration commune a été signée par 30 pays et 270 accords de coopération ont été paraphés. Ce projet d’infrastructures pharaoniques évalué à 1000 milliards de dollars implique près de 65 pays regroupant 4,5 milliards d’habitants (70 % de la population mondiale) et représentant environ 55 % du PIB mondial et 75 % des réserves énergétiques de la planète. Il est à l’origine de la création en 2014 de la BAII (Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures) dotée de 100 milliards de dollars et comptant 55 pays actionnaires.
Source : Mercator Institute for China Studies, consultable au lien suivant : https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et-Oceanie/Iran-Arabie-saoudite-Le-chainon-manquant-route-soie-2016-01-21-1200732936
Les postures des différents pays d’Afrique du Nord vis-à-vis de l’Initiative BRI se sont révélées marquées par une forte différenciation, allant de l’adhésion pour le Maroc et l’Egypte, à une certaine frilosité de l’Algérie, partenaire pourtant central de la Chine, en passant par un relatif attentisme de la Tunisie.
Tout en jetant les bases d’un nouveau modèle de développement économique, ce projet soulève de nombreuses interrogations : quels sont les ressorts géopolitiques, économiques, culturels, de politique intérieure, etc. justifiant ce projet d’envergure planétaire ? Comment impactera-t-il les équilibres géopolitiques et économiques au Moyen-Orient, en Méditerranée et en Afrique du Nord ? Constitue-t-il l’amorce d’un nouveau modèle de développement économique alternatif ? Quelles sont les visions des pays d’Afrique du Nord ? Comment se positionnent-ils vis-à-vis de ce projet appelé à reconfigurer les équilibres géopolitiques en Méditerranée, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ? Comment positionner au mieux la Tunisie afin qu’elle tire le meilleur parti de ce projet ?
Afin de répondre à ces interrogations et de susciter un riche débat, le Programme Régional Sud Méditerranée de la Konrad-Adenauer-Stiftung, en collaboration avec Global Prospect Intelligence, organise, les 10 et 11 avril 2018, un séminaire international impliquant d’éminentes personnalités chinoises, européennes, maghrébines et tunisiennes portant sur : « Le projet des nouvelles routes de la Soie (BRI) : le retour de la Chine en Méditerranée».A titre introductif, une étude menée par M. Mehdi Taje, Directeur de Global Prospect Intelligence, intitulée « Les nouvelles routes de la Soie et l’Afrique du Nord : quelles synergies ? » sera présentée. Une table ronde finale visant à identifier des pistes de réflexion afin de positionner de manière optimale la Tunisie au sein du projet BRI clôturera le séminaire.
Source de l'article Leaders
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