Nasser Kamel, Secrétaire Général de l'Union pour la Méditerranée : La Tunisie s’impose avec force en tant que “pont” entre les deux rives de la Méditerranée


Interview exclusive du nouveau secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), Nasser Kamel

Migration clandestine, terrorisme, chômage, changements climatiques... Des problématiques qui pèsent lourd sur l’espace euro-méditerranéen depuis ces dernières années.

Pour remédier à cette situation, les espoirs reposent plus que jamais sur la nécessité de renforcer les relations entre les deux rives de la méditerranée pour faire face à ces défis et enjeux communs. L’Union pour la Méditerranée (UpM) a fait d’ailleurs de ces défis son cheval de bataille. Consciente de ces enjeux, l’UpM cherche depuis près de 10 ans à pousser les relations entre les deux rives vers une union plus solide autour de projets communs. Mais n’est-ce pas une utopie? 

Pour faire le point sur les relations euro-méditerranéennes et définir de plus près le rôle de la Tunisie dans la région, le nouveau secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UpM), Nasser Kamel, a accordé une interview exclusive au HuffPost Tunisie. 

Quel rôle pour la Tunisie dans l’intégration de la région euro-méditerranéenne ?

Placée au coeur de la Méditerranée, la Tunisie est un pays phare dans la région. Il remplit pleinement son rôle au sein de l’UpM vu ses atouts majeurs à savoir son historique, son emplacement, sa politique et son économie.

En effet, sa position géographique assez stratégique fait de la Tunisie un médiateur entre le Moyen-Orient et l’Europe. À mi-chemin entre ces deux mondes, le pays s’avère être un parfait facilitateur de dialogue et de coopération dans la région. Il constitue, selon lui, un trait d’union entre les deux rives. 

De plus, le pays ne cesse de manifester sa volonté politique en s’appuyant sur des stratégies prometteuses pour une meilleure synergie entre les pays méditerranéens. La Tunisie est, d’ailleurs, le premier pays à avoir évoqué la question de libre échange et entamé des relations avancées avec l’UE. Depuis l’aube des années 90, le pays oeuvre pour une vision plus élargie entre les pays de la Méditerranée, a-t-il rappelé. 

Au delà de ses relations historiques et géopolitiques, le pays se dote d’une économie parfaitement intégrée avec l’UE, affirme Nasser Kamel, d’autant plus que la Tunisie traite des dossiers phares qui figurent parmi les préoccupations de l’UpM dont notamment les avancées concrètes de la condition des femmes tunisiennes et la préservation de leurs acquis.

D’après le secrétaire Général de l’UpM, sa récente rencontre avec le Chef du gouvernement Youssef Chahed ainsi que cinq autres ministres sectoriels reflète l’engagement du gouvernement actuel et la détermination du pays à être au centre de la coopération euro-méditerranéenne et à jouer pleinement son rôle de leadership au cours de ce processus. “La Tunisie, c’est un pont naturel entre les deux rives de la Méditerranée” martèle-t-il.

Pour lui, la Tunisie donne l’exemple à travers ses actions pour créer des liens et des opportunités dans la région. 

Les défis et les enjeux de l’UpM

Combler le fossé entre les deux rives Nord-Sud est sans doute l’objectif phare de l’UpM. Cette dernière tend à instaurer une dynamique de concertation et de consolidation face à la nécessité d’agir collectivement en réponse aux différents problèmes communs de la région.

Sa stratégie repose, ainsi, sur deux grands axes. En effet, son premier champ d’action se focalise sur le développement économique durable, et ce à travers la mise en place de projets de coopération économique et industrielle, et des accords de libre échange.

Nasser Kamel a précisé, en fait, que ces projets de coopérations euro-méditerranéens favorisent à la fois le partenariat nord-sud et le partenariat sud-sud, et ce suivant une approche qui privilégie particulièrement la dimension du développement socio-économique de la région.

D’autre part, l’UpM se penche sur le développement humain en ciblant en particulier les dossiers relatifs à la femme et à la jeunesse, a affirmé le secrétaire général. Il a souligné a également que les questions relatives à l’emploi, au terrorisme, à l’extrémisme et à la migration clandestine sont au coeur de ses préoccupations. 

De ce fait, pour relever ces défis communs et s’attaquer à ces fléaux, Nasser Kamel estime qu’il est plus judicieux de se concentrer sur les causes et les origines de ces phénomènes. 

À ce propos, Nasser Kamel a passé en revue les projets de développement économique et social réalisés par l’UpM dans la région euro-méditerranéenne et notamment en Tunisie. Il a cité à titre d’exemple le projet d’assainissement du lac de Bizerte et le programme “Med 4 Job” qui a été mis en oeuvre pour résoudre le problème de l’emploi dans la région. “200 mille jeunes sont inscrits sur cette plateforme” a-t-il précisé en ajoutant que 3700 jeunes tunisiens ont trouvé un emploi grâce à ce projet phare. 

M. Kamel s’est réjoui d’autre part à évoquer le projet clé de l’UpM à savoir la désalinisation des eaux de Gaza en Palestine. “Ce projet a permis à plus de 2 millions d’habitants d’avoir accès à l’eau potable” insiste-t-il. 

C’est à travers ce genre d’initiatives et de projets concrets que l’UpM traduit dans les faits sa vision. “C’est la multiplication des projets phares qui définissent la plue value de l’UpM” conclut-il.

Fondée en 2008, l’Union pour la Méditerranée est une organisation intergouvernementale qui regroupe 43 pays dont les 28 États membres de l’Union européenne.
Basée sur une co-présidence paritaire entre les deux rives sud et nord de la mer Méditerranée, l’UpM a pour objectif de promouvoir le dialogue et la coopération dans la région euro-méditerranéenne. Son siège est situé à Barcelone.

Par Wafa Samoud - Source de l'article Huffpostmaghreb

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