Le Syndicat des Agriculteurs de Tunisie (SYNAGRI) et la Délégation de la Commission européenne en Tunisie organisent, les 13 et 14 septembre, à Tunis trois séminaires sur le thème “UE – Tunisie : agriculture et ALECA”.
Un premier séminaire spécifique sur l’agriculture et l’ALECA propose une plateforme de débat sur les aspects évoqués.Ce premier séminaire se tiendra le 13 septembre. Il permettra d’aborder dans une discussion proactive et constructive les conséquences de la révision de la Politique Agricole Commune sur l’ALECA.
L’agriculture tunisienne recèle un fort potentiel inexploité. Les politiques actuelles préconisent la sécurité alimentaire et favorisent des produits pour lesquels la Tunisie n’a pas d’avantage comparatif et qui nécessitent beaucoup d’eau.
Commercialiser des produits agricoles de qualité
Cette politique est assortie de subventions agricoles qui profitent avant tout aux grands agriculteurs des zones côtières. La Tunisie pourrait accroître son PIB à travers les produits biologiques et les produits du terroir. Pour ces produits, la Tunisie dispose d’un avantage comparatif important.
Ce changement de braquet au profit des filières et des régions, accompagné d’un retour vers les coopératives impacteraient positivement la majorité de cultivateurs du pays et particulièrement les petits exploitants.
A terme, ce paradigme serait une aubaine pour les régions intérieures plus défavorisées. Or, pour profiter de ces réformes, il faut impérativement débrider le secteur privé.
Objectif : lui donner un dynamisme et maximiser son potentiel à l’export.
Pour stimuler la création d’emplois et l’esprit d’entreprise dans ce secteur, il est essentiel de bien choisir le les stratégies et entamer des réformes afférentes.
Le statu quo n’étant pas une solution viable. L’enjeu d’avenir pour la Tunisie est la capacité à mettre sur le marché et à commercialiser des produits agricoles de qualité, gages de compétitivité et de modernisation du secteur agricole.
Ceci permettrait de réaliser son potentiel commercial, tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation.
Pour cela, l’agriculture a besoin d’une ouverture progressive pour améliorer sa compétitivité. Elle a aussi besoin d’un marché domestique captif, pour se développer à l’abri des turbulences que connaissent les marchés internationaux.
Par son principe d’asymétrie, par son aide technique et financière, le processus proposé par l’ALECA est une aubaine pour accompagner la révision du modèle de développement agricole.
De la recherche, à la production, en passant par le financement du secteur agricole, l’appui aux producteurs, la structuration des filières, la gestion des ressources et l’organisation des marchés, tout est à revoir en profondeur.
Les indications géographiques et ALECA
Tel est le thème du 2ème séminaire, qui se tiendra le 13 septembre (l’après-midi). Il pose le cadre d’une réflexion collective sur l’importance de valoriser la production de qualité en Tunisie dans le cadre de la promotion des échanges harmonieux de produits agricoles et de denrées alimentaires originaires du territoire de l’UE et de la Tunisie.
La qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques d’un produit peuvent être déterminées par son origine.
Les indications géographiques sont des noms de lieux utilisés pour identifier les produits provenant de ces lieux et présentant ces caractéristiques.
Facteurs essentiels de développement des filières agricoles, les indications géographiques (IG) sont donc garantes d’un savoir-faire régional et du respect des droits des consommateurs.
Promues et protégées par un cadre juridique spécifique, elles sont une des priorités défendues par l’UE.
D’ailleurs, un des chapitres de l’ALECA prévoit une reconnaissance mutuelle des Indications Géographiques.
Ainsi, la Tunisie gagnerait à favoriser et capitaliser sur les IG comme autant d’accélérateurs commerciaux. Les retombées économiques des produits nationaux ainsi désignés profiteraient directement à de nombreuses régions du pays.
Les IG sont protégées par l’OMC par des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Cette protection reste à minima faute de consensus international sur un niveau de protection plus élevé.
Seule l’U.E et notamment via les articles proposés à la Tunisie dans le cadre d’un chapitre ALECA prévoient une reconnaissance mutuelle et garantissent les droits mutuels.
Développement Durable et ALECA
Tel est le thème du 3ème séminaire qui se tiendra le 14 septembre sous l’égide des Nations Unies. Le développement durable est depuis deux décennies une composante intégrée et structurante des échanges internationaux.
Dans ses trois dimensions (économiques, sociales et environnementales), le développement durable est de ce fait profondément ancré dans toutes les politiques de l’UE y compris celles liées aux échanges commerciaux.
L’UE a inclut ces trois objectifs interconnectés et concomitants dans les chapitres sur le commerce et le développement durable de ses accords de libre-échange. Ces chapitres visent à maximiser l’effet de levier des investissements sur le travail décent, la protection de l’environnement et le lutte contre le changement climatique et réaliser des changements politiques effectifs et durables a cet égard.
Ainsi, un chapitre à part entière consacré au commerce et au développement durable a été incorporé dans la proposition de l’ALECA.
Dans les 14 articles, l’UE propose à la Tunisie d’aborder les questions pertinentes de développement durable pour le commerce, tout en respectant les spécificités de chacun.
La vision étant que les deux partenaires s’engagent à ancrer les engagements de l’ALECA en matière de développement durable dans le cadre du consensus international à ce sujet afin de garantir la cohérence de l’ALECA avec la gouvernance multilatérale sur ces questions.
Selon la proposition de l’UE, chaque partenaire conserve le droit de réglementer en fonction de ses propres priorités en matière de développement durable, conformément aux normes et accords internationaux, et de renforcer ses lois et politiques en conséquence.
La proposition prévoit également des obligations en matière de gouvernance et accords multilatéraux sur le travail et l’environnement ainsi que d’autres propositions.
Ce séminaire sur le développement durable propose donc d’échanger sur différents articles de ce chapitre.
Source de l'article l’Économiste maghrébin
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