Le ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche n’a pas fait recours à des traitements complémentaires des eaux usées traitées (EUT) utilisées en agriculture pour prévenir une éventuelle propagation de Covid-19. A déclaré la Secrétaire d’État chargée des Ressources Hydrauliques Akissa Bahri.
Toutefois, elle évoque des dispositions prises dans ce cadre. Et ce, afin d’éviter toute diffusion du virus dans ces eaux. D’ailleurs, elle affirme que le ministère a mis en place des précautions supplémentaires pour la protection du personnel des stations d’épurations, les agents du Commissariat Régional de Développement Agricole (CRDA) et les agriculteurs et ouvriers qui manipulent les eaux usées traitées (EUT). La secrétaire d’Etat affirme que le coût total de ses actions s’élève à 1 025 000 dinars. Les actions en question s’inscrivent dans le cadre d’un plan d’actions Covid-19 dans le domaine de la réutilisation des EUT.
Il s’agit notamment du recrutement d’un expert international spécialiste dans l’élaboration des normes. L’objectif étant de réviser la norme tunisienne 106-03 relative à la réutilisation de ces EUT à des fins agricoles et de l’étendre à d’autres usages (industrie, espace vert, terrain de golf, recharge de la nappe, …).
Autre disposition prise, l’acquisition des tenues de travail et de vaccins pour les manipulateurs afin de les protéger contre les polluants des EUT et ce pour 1748 bénéficiaires (agents de la maintenance du CRDA et agriculteurs). Ainsi que la mise en place d’un Système d’information géographique pour le suivi des périmètres irrigués avec des eaux usées traitées et d’un système d’alerte précoce pour diffuser instantanément l’information.
Les autorités de tutelle ont également exigé l’analyse des eaux usées traitées selon la réglementation en vigueur. A-t-elle précisé. La secrétaire d’Etat, rappelle que 13 CRDA doivent faire le suivi de la qualité des EUT destinées à l’irrigation.
Les eaux usées pourraient transmettre le Covid-19
L’Union pour la Méditerranée (UPM) mène actuellement, une étude sur l’impact du coronavirus sur le secteur de l’eau dans le pourtour méditerranéen, région dans laquelle 250 millions d’habitants pourraient souffrir d’un déficit hydrique durant les 20 prochaines années.
Selon les premières analyses, des résidus du virus ont été trouvés dans les stations de traitement de l’eau, ce qui a suscité des inquiétudes dans les pays qui utilisent ces eaux dans l’agriculture (la Tunisie en fait partie) et incité l’UPM à coopérer avec des scientifiques au sein de l’Union européenne pour évaluer le comportement du virus dans les EUT.
Pour Akissa Bahri, la mise en place en Tunisie d’un tel programme est à envisager. Car la surveillance des eaux usées pourrait permettre un suivi du virus responsable de Covid-19 au sein de la population. La responsable affirme que l’analyse des eaux usées permettrait de détecter la circulation du virus avant l’apparition des symptômes. Ces analyses pourraient venir en complément des diagnostics sanitaires individuels. Et ainsi constituer un signal précoce pour aider à la gestion de la pandémie.
D’ailleurs, l’utilisation des eaux usées traitées demeure interdite pour l’irrigation des cultures maraîchères. Notamment celles dont les produits sont consommés crus, vu qu’elles peuvent être contaminées.
Analyses, certes pas intensives, mais conformes au cahier des charges
Elle affirme que les dispositions du décret n° 9-1047 du 28 juillet 1989, sont appliquées en matière d’utilisation des eaux usées traitées à des fins agricoles.
En effet, les laboratoires de l’ONAS implantés dans les stations contrôlent la qualité des eaux usées périodiquement. Le contrôle se fait également dans les laboratoires privés, où s’effectuent annuellement les opérations d’analyses.
Les services du ministère de la Santé et de l’agriculture contrôlent la qualité des eaux usées. Dans ce cadre la fréquence des analyses physico-chimiques et bactériologiques ( pH, DBO5 DCO, MES, chlore, sodium, azote ammoniacal et conductivité électrique) est d’une fois par mois au minimum des échantillons moyens composés de prélèvements effectués sur 24 heures et une fois par semestre au minimum des échantillons des analyses chimiques (Arsenic, bore, cadmium, chlore, cobalt, cuivre, fer, fluorures, manganèse mercure, nickel, organochlorés, sélénium, plomb, zinc). Concernant la recherche des œufs de parasites, les services effectuent les analyses une fois tous les 15 jours.
Le ministère de la Santé Publique contrôle les cultures irriguées par les EUT. Et ce, au niveau biologique et physico-chimique. Elle précise que ministère de la Santé Publique ordonne toutes les mesures utiles. Et ce, en vue de sauvegarder la santé du personnel affecté à l’irrigation. Ainsi que la santé des consommateurs.
Les stations d’épuration de type boues activées sont la composante principale et majoritaire du parc des stations d’épuration.
Elles ont de très bonnes performances pour le traitement de la matière organique et partiellement pour les nutriments : azote et phosphore. Elle ajoute que des traitements complémentaires destinés à améliorer l’efficacité du traitement sur les paramètres microbiologiques sont mis en place sur un certain nombre de stations d’épuration qui ont des projets de réutilisation des eaux usées traitées. « Déjà sur les 66 stations avec un projet de réutilisation des eaux usées traitées, 25 sont dotées d’un traitement microbiologique ». A-t-elle rappelé.
Covid-19/Eaux usées : un risque de transmission faible
La secrétaire d’Etat a mis l’accent sur les résultats des travaux en cours dans le monde. Ces études montrent un faible risque de transmission du virus par l’eau. Vu qu’il s’agit d’un environnement non favorable à leur survie.
La responsable affirme que le monde n’a pas encore enregistré un cas de transmission de covid-19 par les eaux. Elle ajoute que peu d’études ont porté jusqu’à présent leur recherche sur l’eau. Mais des études ont détecté le virus du COVID-19 dans les selles de personnes infectées. Cette excrétion fécale persisterait d’ailleurs plusieurs jours.
La responsable affirme que ces études n’ont toutefois pas évalué la viabilité et l’infectiosité des particules virales excrétées. D’où la nécessité de mener des études pour déterminer le réel risque infectieux relié aux selles jugé faible . Elle ajoute que des travaux sont en cours à l’échelle internationale dans différents laboratoires. L’objectif étant le développement d’une méthode fiable de mesure du virus dans les eaux usées.
Source de l'article l'Economiste Maghrébin -
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