L'énergie est un domaine emblématique des défis et des enjeux d'un partenariat renouvelé entre les deux rives de la Méditerranée.
L'urgence est là. Neuf millions de Méditerranéens n'ont pas accès à l'électricité, et la demande totale en énergie de la région pourrait augmenter de 65 % d'ici à 2025. Elle serait alors satisfaite à 87 % par des énergies fossiles, avec les conséquences environnementales induites.
Le Sommet du 13 juillet 2008 à Paris a posé les fondements d'un partenariat euro- méditerranéen renforcé en matière d'énergies renouvelables, avec un projet ambitieux pour la création d'un « Plan Solaire Méditerranéen ». Les dirigeants méditerranéens sont tombés d'accord pour renforcer les infrastructures énergétiques, et faire émerger un modèle commun de développement durable.
Il est clair que les pays de l'Union pour la Méditerranée ont commencé sérieusement à penser à un avenir énergétique durable, y compris les pays producteurs de pétrole et gaz membres de l'Union (comme l'Algérie), étant donné que ces ressources ne sont pas renouvelables.
Il s'agit de se préparer à « l'après hydrocarbures ».Bâtir un véritable partenariat énergétique Nord - Sud, était donc un point fort du sommet du 13 juillet 2008 à Paris. Rappelons-nous aussi que le 18 avril 1951, en signant le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), six pays sont allés de l'avant et ont donné du sens à un projet partagé de construire un espace de paix et de développement économique fondé sur l'énergie.
L'heure n'est-elle pas venue, comme l'assemblée parlementaire euro- méditerranéenne nous y invite, d'une Communauté de l'énergie euro méditerranéenne (CEEM), pour contribuer à la sécurité de l'approvisionnement énergétique, attirer les investissements et privilégier un mode de développement durable ?
Une telle initiative redonnerait à l'évidence une perspective concrète et dynamique au formidable "carrefour de civilisations" qu'est la Méditerranée, selon l'expression de Fernand Braudel.
C'est dans ce sens aussi que l'Etat d'Israël pourra apporter un apport très précieux pour l'avènement d'un modèle de développement énergétique durable dans le bassin méditerranéen, surtout pour les pays de la rive sud comme la Tunisie et le Maroc.
L'utilisation de l'énergie solaire est inscrite dans l'histoire et le développement d'Israël. Elle est une caractéristique importante dans ce pays, et la géographie lui est particulièrement favorable. L'ancienneté du marché israélien dans le domaine du solaire est une expérience unique au monde qui a engendré de nombreuses entreprises produisant des systèmes solaires.
Il est intéressant de se pencher sur les applications utilisées actuellement, pour l'usage domestique, dans le secteur de l'agriculture, mais aussi à l'échelle industrielle. De nombreuses recherches sont effectuées très activement dans les centres de recherche israéliens à l'instar du complexe solaire de l'institut Weizmann ou le Centre National Ben Gourion sur l'Energie Solaire.
Israël a développé plusieurs applications en matière d'énergie solaire. Les applications domestiques sont très variées (chauffage solaire des habitations, climatisation solaire des habitations, chauffage des piscines, éclairage rural, la climatisation et la réfrigération.).
Mais aussi des applications au secteur agricole (le chauffage des serres et du sol, le séchage de produits agricoles) et encore dans le secteur industriel ( l'évaporation naturelle, production d'eau à haute température, production d'électricité conventionnelle, solaire photovoltaïque, dessalement ) voire même des applications médicales tel que le laser médical photonique, développé par le Centre National Ben Gourion sur l'Energie Solaire.
L'expérience du solaire en Israël constitue un exemple ambitieux pour la création d'un « Plan Solaire Méditerranéen ». Ce petit pays méditerranéen dispose d'un savoir faire inégalé dans le monde entier. Il n'est donc pas étrange de savoir que c'est une société israélienne qui a conçu et installé une gigantesque station de production électrique par énergie solaire dans le désert de Mojave en Californie du Sud. La société « Solel Solar Systems » est responsable de la création du « Mojave Solar Park », projet de 2 milliards de dollars qui devrait voir le jour en 2011.
La Centrale solaire d’Ashlim - 40 km au sud de Beer-Shev'a (en Israël) qui produit 500 MW d'électricité a été construite par la société israélienne Solel, qui vient même de signer un contrat historique en Espagne (1).Les ambitions israéliennes en matière d'énergie solaire n'ont pas de limites. Après le projet bien avancé d'Arava Power dans le désert du Néguev au Sud d'Israël, le gouvernement israélien vient d'annoncer en Mars 2008 la création d'une nouvelle Centrale solaire, toujours située dans le désert du Néguev (2). Par ailleurs, un autre projet est à l'étude aussi pour développer le tout solaire en Israël.
Ainsi, la société israélienne MST a dévoilé un plan d'aménagement pharaonique de construire pas moins de 16 centrales capables de produire 1 GWh chacune sur une période de vingt ans. L'état hébreu se dirige vers le tout solaire d'ici trente ans, période à laquelle les énergies fossiles devraient drastiquement commencer à se réduire, emportant le prix du baril de pétrole à des sommets (3).
Le plan est simple : chaque année, une nouvelle centrale serait construite en Israël avec les bénéfices issus de l'exploitation des précédentes. Ce petit pays peut être fier de disposer aujourd'hui de 2 leaders mondiaux du solaire, les Israéliens « Solel » et « Luz2 », qui ont installé une nouvelle vitrine de leur savoir-faire à l'instar des dernières installations en Espagne et dans le désert californien, et qui disposent d'importantes capacités financières et d'une solide expérience dans la construction et la maintenance de ce type de projets (4).
Devant la pénurie des ressources énergétiques, Israël semble détenir l'avenir énergétique durable. Il est temps donc de se préparer à l'après hydrocarbures. Des relations sereines et durables doivent d'abord être établies entre les pays arabes de la méditerranée et Israël autour d'un partenariat énergétique. Les liens énergétiques seront aussi créateurs d'interdépendance et de solidarité.
Pour promouvoir à la fois l'intégration régionale des marchés de l'énergie, accroître la sécurité énergétique, par la diversification des sources d'énergie et des filières d'approvisionnement et assurer la viabilité écologique du secteur, il faut penser à un cadre plus étendu de développement énergétique avec l'Etat d' Israël, englobant la protection de l'environnement, la lutte contre la pauvreté énergétique, la recherche et le transfert de technologie, avec de véritables partenariats industriels.
Souhail Ftouh, Tunis
(1) Solel Solar Systems vient de fournir 46 récepteurs thermo solaires à l'Espagne, pour deux centrales d'énergie que la firme est en train de construire à Castille et à La Mancha.
Souhail Ftouh, Tunis
(1) Solel Solar Systems vient de fournir 46 récepteurs thermo solaires à l'Espagne, pour deux centrales d'énergie que la firme est en train de construire à Castille et à La Mancha.
(2) Ce projet est le second de cette taille annoncé cette année en Israël. Le principal reste celui d'Arava Power dans le Sud d'Israël, toujours dans le désert du Néguev, qui devrait produire jusqu'à 500 MWatts, bien plus que beaucoup de centrales nucléaires actives.
(3) La société israélienne MST est installée à Sde Boker dans le désert du Néguev.(4) L'israélien Solel, avec 300 employés, est le leader mondial des installations électriques solaires de grande taille. Les ventes de la compagnie d'énergie solaire ont bondi de 4 millions de $ en 2005 à plus de 100 millions de dollars en 2007 (source : Israël Valley, mars 2008).
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