La pollution, le changement climatique et la surpêche menacent les populations de poissons.
Quel est l'état de la ressource en poissons, en mer Méditerranée ? Ce sera la grande question des Assises nationales de la pêche et des produits de la mer, qui se tiennent ce jeudi et vendredi, pour la première fois à Sète (Hérault).
La qualité du phytoplancton
Premier constat, « la pollution des mers et le changement climatique influent sur la capacité des poissons à se reproduire », explique Bertrand Wendling, directeur général de la Sathoan, société coopérative des pêcheurs de Sète.
La qualité du phytoplancton se dégrade et cela a des conséquences sur la taille et l'apport énergétique fournis aux petits poissons comme les sardines et les anchois. La concentration de miettes de plastique asphyxie aussi la mer, alerte l'ONG WWF. Pour changer la donne, un plan pour la durabilité de la pêche en Méditerranée est en discussion au Parlement européen et sa première version doit être présentée vendredi aux acteurs de la pêche française.
La biomasse de thon rouge est plus importante
Seconde idée forte, la surpêche contribue à noircir le tableau. En Méditerranée, seules deux espèces sont soumises à quotas : le thon rouge depuis 2006 et, depuis l'an dernier, l'espadon, dont la population a chuté de 70 % en trente ans, d'après WWF. Par contre, des espèces comme le merlu ou le rouget sont notoirement surexploités.
Les résultats des quotas ont pourtant été probants pour le thon, dont les stocks se sont reconstitués. « La biomasse de thon est aujourd'hui quatre fois plus importante », explique Bertrand Wendling. Résultat, en 2018, le quota de pêche est remonté à 4.934 tonnes , soit une hausse de 20 % par rapport à 2017.
Le thon rouge, dont la campagne 2018 court du 26 mai au 24 juin, reste la pêche la plus lucrative. « Un thonier peut ramener entre 60 à 200 tonnes de thon en une campagne, rapporte un pêcheur. Un matelot gagne, pendant l'unique mois de pêche au thon, entre 15.000 et 40.000 euros. » Et le reste de l'année ? Lui officie comme scaphandrier pour la Région Occitanie, propriétaire des ports de Sète et de Port-la-Nouvelle.
Le nombre de chalutiers divisé par deux
La pêche ne se résume pas au thon rouge à Sète, le premier port français de pêche en Méditerranée. Le bilan 2017 du port fait aussi état de poulpe, capelan de Méditerranée, merlan, baudroie, daurade royale, maquereau ou rouget..., ramenés à bord des chalutiers. A défaut de quotas sur ces espèces, des réglementations mettent les chalutiers sous pression, comme les quotas d'efforts (196 jours de pêche par navire) ou les arrêts de pêche en période de reproduction.
Les zones de non-pêche devraient s'étendre avec la perspective de parcs éoliens offshore dans le golfe du Lion, au large de Leucate et Gruissan, dans l'Aude, redoutent les pêcheurs. Avec la baisse de la ressource et les contraintes réglementaires, 14 chalutiers ont été vendus ou démantelés entre 2009 et 2015 à Sète.
« Certains anciens patrons de chalutiers démantelés se sont reconvertis en petits métiers et la baisse de l'activité des thoniers a incité des matelots à basculer vers la pêche artisanale une partie de l'année », constate le port de Sète. « L'âge d'or où les familles de pêcheurs sétois achetaient des chalets à Genève est révolu », conclut un ancien de la CCI de Sète.
Une filière de poids à Sète
La pêche assure 11 % du chiffre d'affaires du port de Sète (18,8 millions d'euros l'an dernier), en incluant le commerce, la plaisance et les croisières.
La flottille est composée de 17 chalutiers, 15 thoniers-senneurs et 150 petits métiers. Le port dispose d'une halle à marée de 3.000 m2 (vente automatique au cadran), d'une aire de carénage pouvant recevoir 6 à 14 navires et, à Frontignan, d'une zone d'activité des produits de la mer, sur 17 hectares.
Entre marins, acheteurs, conchyliculteurs et personnels au port, la filière emploie environ 650 salariés.
Par Hubert Viallate - Source de l'article LesEchos
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire