Alors que l'Union européenne planche sur un projet de taxation de l'électricité produite en dehors de l'UE et hors du cadre de ses normes environnementales, l'Espagne vient de stopper ses importations d'électricité marocaine.
L’Espagne a coupé court à ses importations d’électricité marocaine le 3 avril, juste après la médiatisation par le magazine El Periódico de la Energía du nouveau sujet de réflexion de la commission européenne. Celle-ci planche sur une mesure antidumping, qui pourrait se concrétiser par une taxation de l’électricité importée de pays extérieurs à l’Union européenne (UE), notamment du Maroc, où les normes environnementales ne sont pas les mêmes qu’à l’intérieur de l’UE.
Jusqu’alors, l’Espagne importait quotidiennement de l’électricité marocaine, produite notamment par les centrales à charbon de Safi (mises en service en décembre 2018 et exploitées par le groupe français Engie) et de Jerada (construite et mise en service par le chinois Sepco). Une énergie au coût inférieur à celle produite en Espagne, puisque non soumise aux taxes d’émission de carbone en vigueur sur l’électricité européenne. Or, selon le site espagnol d’information, la production d’électricité est en moyenne 3,5 fois plus émettrice de CO2 au Maroc qu’en Espagne.
Inversement des échanges
D’après les données de l’organisation IESOE (Interconnexion de l’électricité du sud-ouest de l’Europe), jusqu’en juillet 2018, l’Espagne se servait des deux câbles d’interconnexion sous-marins entre l’Espagne et le Maroc pour exporter son électricité vers le royaume chérifien (5 690 GWh exportés en 2017, et 3 515 GWh exportés en 2018). Mais depuis novembre 2018, la péninsule ibérique a importé du Maroc 443 GWh d’électricité, contre 154 GWh pour l’année 2018 et seulement 3 GWh en 2017. Un changement qui concorde avec la mise en service des deux nouvelles centrales à charbon marocaines.
Il semble donc que l’Espagne profitait de la production plus polluante d’électricité marocaine pour alimenter ses réseaux, alors qu’elle est engagée dans un plan de « décarbonisation » sur son territoire et envisage de fermer la majorité de ses centrales à charbon d’ici 2025.
Par Théau Monnet - Source de l'article Jeune Afrique
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