Depuis quelques temps, le monde redécouvre l’importance stratégique de l’agriculture. Cette dynamique s’impose car deux inquiétudes progressent : la capacité à nourrir une planète dont la croissance démographique se poursuit et la difficulté à garantir un accès quotidien à une nourriture de qualité pour les populations.
La Méditerranée n’échappe pas à l’universalité de cette préoccupation agricole. Cette région constitue même un précipité de toutes les tensions qui gravitent autour de l’agriculture, avec la question de la sécurité alimentaire qui se pose avec une grande acuité.
D’abord, pour des raisons quantitatives.
D’abord, pour des raisons quantitatives.
Seule, la Méditerranée n’est pas autosuffisante et les importations agro-alimentaires s’amplifient.
Résultat, les balances commerciales agricoles des pays méditerranéens se dégradent et l’achat massif de produits de base comme les céréales devient difficilement soutenable quand le prix des matières premières augmente (les trois pays du Maghreb par exemple polarisent annuellement 8% des importations mondiales de blé tandis qu’ils ne pèsent que pour 1% de la population mondiale).
Dans ce contexte, une évolution est à souligner : l’approvisionnement croissant auprès de marchés extra-régionaux (environ 70%, notamment depuis l’Amérique du nord, l’Australie ou le Brésil), notamment pour les céréales.
La sécurité alimentaire est également un défi majeur en Méditerranée pour des raisons qualitatives. Les comportements alimentaires se transforment dans ces sociétés en mutation rapide (urbanisation, émancipation de la femme, réduction de la taille des familles, essor de classes moyennes…).
La sécurité alimentaire est également un défi majeur en Méditerranée pour des raisons qualitatives. Les comportements alimentaires se transforment dans ces sociétés en mutation rapide (urbanisation, émancipation de la femme, réduction de la taille des familles, essor de classes moyennes…).
Simultanément, de nouveaux acteurs privés redessinent la cartographie de la distribution et des achats. Ce bouleversement dans la consommation alimentaire se traduit aujourd’hui par des phénomènes de dérives (malnutrition, maladies cardio-vasculaires, obésité…) dont les coûts seront bientôt considérables pour les systèmes de santé publique de ces pays méditerranéens.
A cette insécurité nutritionnelle se superpose une insécurité sanitaire. Les moyens logistiques (stockage, conditionnement) et les outils techniques (traçabilité, certification, normes) ne sont pas à niveau pour garantir la sûreté alimentaire des produits et donc prévenir les risques inhérents à la filière.
Cette double insécurité alimentaire fragilise le Bassin méditerranéen. En effet, l’agriculture y est incontournable car multidimensionnelle. C’est avant tout un poids socio-démographique : un tiers des Méditerranéens sont des ruraux et 20% des actifs en Méditerranée travaillent dans l’agriculture.
Cette double insécurité alimentaire fragilise le Bassin méditerranéen. En effet, l’agriculture y est incontournable car multidimensionnelle. C’est avant tout un poids socio-démographique : un tiers des Méditerranéens sont des ruraux et 20% des actifs en Méditerranée travaillent dans l’agriculture.
C’est un poumon économique : le secteur agricole contribue en moyenne pour 15% dans la formation des PIB nationaux tout en occupant une place prépondérante dans le commerce extérieur des pays. L’agriculture constitue également un laboratoire face au défi environnemental : la raréfaction de l’eau, la dégradation des sols et les effets du changement climatique obligent les agricultures méditerranéennes à s’adapter sans cesse et à innover.
La problématique agricole pose par ailleurs l’enjeu d’un équilibre territorial à construire entre des zones littorales urbanisées portées par la mondialisation et des arrière-pays peu modernisés souffrant parfois d’un mal-développement.
Pour toutes ces raisons combinées, il conviendrait de faire de l’agriculture une priorité d’action dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée (UpM), initiative politique motivée par le souci de travailler sur des projets capables de toucher le quotidien des populations et d’établir des coopérations sur des solidarités concrètes à dimension régionale.
Pour toutes ces raisons combinées, il conviendrait de faire de l’agriculture une priorité d’action dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée (UpM), initiative politique motivée par le souci de travailler sur des projets capables de toucher le quotidien des populations et d’établir des coopérations sur des solidarités concrètes à dimension régionale.
Dans la déclaration du Sommet fondateur de l’UpM, le 13 juillet 2008, le défi alimentaire a été souligné. Les acteurs mobilisés sur ces questions oeuvreront collectivement pour que ce volet de coopération puisse progresser, motivés par les analyses du rapport Mediterra 2008 , qui plaide pour l’émergence d’une solidarité agricole, alimentaire et environnementale euro-méditerranéenne.
Bertrand HERVIEU, Secrétaire Général du CIHEAM - Le M.A.G. Cultures N°54 ( http://www.le-mag.fr/) - le 09-10-2008
Bertrand HERVIEU, Secrétaire Général du CIHEAM - Le M.A.G. Cultures N°54 ( http://www.le-mag.fr/) - le 09-10-2008
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