Alors que la démographie explose autour de cette mer fermée, les rejets humains et industriels s'accroissent.
Il y a de l'eau dans le gaz chez les poissons de Méditerranée…. "Les femelles ne peuvent plus se défiler en disant qu'elles ont la migraine; les mâles ne les croient plus", ironise un scientifique. "Quand nous avons lu nos relevés de taux de paracétamol, on s'est d'abord bien frotté les yeux, puis on a refait les mesures, raconte Louis Alexandre Romana, spécialiste d'environnement à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer.
A certains endroits, on en a trouvé un demi-kilo par m³ d'eau…" Eaux usées remplies d'antibiotiques et d'oestrogènes, rejets industriels ou agricoles chargés de pesticides et de métaux lourds, urbanisation côtière débridée, navires qui déballastent à tout va, etc.; durant une semaine, à Toulon puis à Marseille, le forum BioMarine a mis en évidence les nombreuses pollutions dont souffre la Méditerranée.
Première grande menace décrite notamment par Denis Ody, directeur des programmes mers et océans au WWF France: l'augmentation impressionnante de l'activité humaine sur le littoral et le sous-équipement en stations d'épuration capables de traiter non seulement les rejets des populations sédentaires (environ 450millions d'habitants) mais aussi ceux des 350millions de touristes qui fréquentent la Méditerranée. L'exemple de la ville du Caire, mégapole de 17 millions d'habitants, est à cet égard symptomatique.
Autre menace: le trafic maritime et le comportement criminel de certains équipages, en dépit de sanctions de plus en plus lourdes. La Méditerranée qui ne représente que 1% de la surface des océans, voit passer 30% du trafic maritime mondial; avec des rejets en mer estimés à 600000 tonnes chaque année, soit l'équivalent de 30 catastrophes de type "Erika".
Par Philippe Gallini - LaProvence.com - le 25 octobre 2008
Les pollueurs frappés au portefeuille
Les pollueurs sont devenus les payeurs. En créant au tribunal de grande instance de Marseille, un pôle maritime compétent sur l'ensemble de la Méditerranée, la justice marseillaise s'est dotée, en 2003, d'un outil répressif adapté. Les navires surpris en flagrant délit de dégazage par les avions Polmar des Douanes ou de la Marine nationale sont déroutés, sur décision du procureur de la République de Marseille, vers un port français où ils sont immobilisés.
Une dizaine de déroutements ont eu lieu ces cinq dernières années dont quatre ont dû être encadrés par la Marine nationale afin d'éviter une fuite. La mesure d'immobilisation n'est levée, une fois l'enquête de la gendarmerie maritime bouclée, qu'après le versement d'un cautionnement habituellement fixé à 500000euros.
La même rigueur est de mise à l'audience du tribunal correctionnel. Quatorze condamnations ont été prononcées, de très fortes amendes pénales mises à la charge de l'armateur et du commandant de navire fautif.
À Marseille, aucune n'a encore atteint le maximum prévu (un million d'euros), bien que le procureur l'ait requise.La peine la plus lourde (750000 euros) a été prononcée, en2007, contre l'armateur turc et le capitaine de l'Ozden, un chimiquier surpris le 11avril 2007, au large des Îles Sanguinaires (Corse du Sud), avec, dans son sillage, une nappe d'hydrocarbures longue de dix kilomètres.
Ce délit avait été commis dans la zone de protection écologique (360km des côtes). Le 17janvier dernier, le tribunal correctionnel de Paris condamnait les responsables de la marée noire provoquée par le naufrage de l'Erika parmi lesquels Total.
Les juges ont reconnu le principe du préjudice écologique. Pour la première fois, la justice a dit que la nature avait un prix, révolutionnant le droit de l'environnement.
Luc Leroux - LaProvence.com - le 25 octobre 2008
Luc Leroux - LaProvence.com - le 25 octobre 2008
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