Le constat de Robert Gelli est sans appel. Pour le procureur général de la cour d'appel d'Aix-en-Provence, "la Méditerranée est le vecteur d'une criminalité de dimension mondiale".
Son histoire qui fait d'elle le berceau des mafias, de même que sa géographie, tout concourt à faire de ce bassin le premier pôle d'échanges et d'activités occultes.
"Tout passe par là et ces activités sont en constante progression". Trafic de stupéfiants, d'êtres humains, blanchiment des masses financières tirées de ces activités... c'est aussi sur les rives de cette mer d'échanges que sont réinvesties les masses d'argent amassées par les organisations criminelles. "La Méditerranée attire les investissements occultes dans les secteurs des loisirs, du divertissement, de l'immobilier mais aussi dans l'économie réelle. Les groupes criminels sont aussi de plus en plus prégnants dans les marchés publics", poursuit le magistrat.
Réseaux judiciaires contre réseaux criminels
Pour tenter d'organiser une réponse à ce fléau, Robert Gelli est parti du principe que si les acteurs judiciaires se connaissent mieux, les procédures n'en seront que plus efficaces face aux criminels qui jouent du cloisonnement des juridictions nationales.
Son idée d'une Union des procureurs généraux de la Méditerranée (UPGM) vient de se concrétiser à Aix-en-Provence où, pendant deux jours, étaient réunis les plus hauts magistrats d'une quinzaine de pays du pourtour méditerranéen. Une initiative inédite. "Nous sommes habitués à fonctionner de façon bilatérale mais pas sous cette forme. Il s'agit de se connaître et échanger de façon pragmatique nos informations, faciliter la transmission", détaille Robert Gelli qui cite l'exemple de la saisie record d'une cargaison de 400 kg de cocaïne il y a quelques mois à Marseille. Le bateau arrivait d'Algésiras et se dirigeait vers les ports italiens. "Grâce aux relations entre la France, l'Italie et l'Espagne, les éléments ont été réunis en un temps record et des enquêtes se sont engagées simultanément." Il s'agit donc de reproduire cette coopération à une échelle plus large : "Nous devons nous placer à la hauteur de ces organisations et mettre nos forces en commun."
Par Romain Cantenot - Source de l'article Corse Matin
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