Des journalistes de tous bord, des patrons de presse, des étudiants, des universitaires... Près de 500 participants sont réunis pendant trois jours du 15 au 17 novembre 2018 à Tunis dans le cadre des premières Assises du journalisme de Tunis.
Un événement grandiose qui met en lumière les nouveaux défis du journaliste pour une information de qualité, libre et indépendante. Une équation qui s’avère parfois complexe et délicate dans des pays où la presse est souvent menacée.
“Le choix de la Tunisie comme étant hôte de cet événement fait passer un message fort, à la fois journalistique et politique” confie Marc Saikali, directeur de France 24, au HuffPost Tunisie.
Pour lui, pouvoir s’exprimer librement en abordant de manière franche les sujets les plus tabous souligne la chance des Tunisiens. ”Je ne pense pas voir beaucoup de gouvernements dans le monde qui aimeraient voir ce genre d’initiatives” précise-t-il.
En effet, avec ces assises, la Tunisie offre un nouveau terreau idéal pour les opprimés et les sans-voix. Si dans certains contextes lugubres, la liberté d’expression se trouve étouffée, la Tunisie a le mérite de mettre à nu les impostures et défendre une presse libre. “On fonde un grand espoir en Tunisie. La parole est libre” martèle-t-il.
Sur cette lueur d’espoir, le directeur de France 24 a estimé que le journalisme en Tunisie avance à pas sûr. “C’est un bon signe pour la Tunisie. On ne peut pas atteindre le point de non-retour en démocratie” lance-t-il en rassurant :“ La démocratie existe et elle restera”.
A ses yeux, un journalisme libre est le fer de lance de toute démocratie. Et le fait d’ouvrir le débat sur les valeurs communes et les obstacles qui touchent les journalistes indépendants pourrait bien changer les choses.
“Réunir des journalistes des deux rives, découvrir leurs valeurs et défis communs, partager leurs expériences... est une expérience unique”, note Marc Saikali.
“J’ai eu la chance de rencontrer des journalistes yéménites, libyens... et même yazidis” se réjouit-il. Selon lui, ces assises sont une occasion inédite pour toucher au plus près leur quotidien et mieux découvrir la difficulté de l’exercice journalistique dans des “pays martyrisés”.
“Nous voulons construire des ponts entre les deux rives de la Méditerranée, là où d’autres, ailleurs, veulent construire des murs”, assure -t-il.
Marc Saikali a, par ailleurs, abordé les nouveaux défis auxquels est confronté le journaliste. Il a fait savoir qu’avec l’émergence des réseaux sociaux, les médias classiques se trouvent face à de nouvelles dérives: “les fake news, les théories de complot, des manipulations, des trolls...”.
Au moment où les réseaux sociaux apportent une liberté totale de diffuser l’information, les doutes sur son authentification s’amplifient. La frontière est devenue tellement floue entre les diffuseurs de l’information,à savoir journalistes et citoyens lambda, que le rôle des médias a basculé vers la vérification des informations plutôt que de sa diffusion. “Nous à France 24, notre force c’est qu’on est un média sérieux. On certifie l’information” souligne-t-il.
“Nous étions parmi les premiers à avoir recours à ces pratiques de vérification”, réplique-t-il en précisant que l’objectif de son média est de présenter avant tout une “information honnête et exacte”.
Selon lui, il est plus judicieux de se pencher sur la qualité de l’information que de courir après le buzz.
D’ailleurs, débattre des conditions de la production de “l’information de qualité” est l’objectif principal de ces Assises qui se tiennent jusqu’au 17 novembre 2018 sous le thème du journalisme “utile au citoyen”.
Par Wafa Samoud - Source de l'article Huffpostmaghreb
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