Un demi-siècle d'effervescence scientifique, ça se fête.
Alors, le centre de la Méditerranée moderne contemporaine -CMMC- de l'université de Nice-Sophia-Antipolis, placé sous la direction de Jean-Paul Pellegrinetti, professeur en histoire contemporaine, originaire d'Eccica-Suarella, a décidé de consacrer une soirée entière à son cinquantième anniversaire, le 7 décembre dernier.
Les réjouissances ont réuni, entre autres, Jean-Marc Gambaudo, président de l'université de Nice-Sophia-Antipolis, Jeanick Brisswalter, vice-président "recherche" de l'université, l'ensemble des chercheurs du CMMC, des doctorants et des étudiants en masters.
Marc Nouschi était aussi de la partie. La présence de l'historien, ancien haut fonctionnaire, était liée au souvenir d'André, son père, dont le geste a beaucoup compté en 1968.
À l'époque, il joue l'audace et renforce le dispositif universitaire qui a vu le jour trois ans plus tôt.
"C'est André Nouschi, aujourd'hui disparu, qui est à l'origine de la création de la structure cette année-là", rappelle avec émotion, Jean-Paul Pellegrinetti.
Parmi les invités figuraient également plusieurs membres de la communauté universitaire, des représentants de la Maison des sciences et de l'homme, des archives départementales et municipales de Nice et de Monaco, ainsi que de la bibliothèque municipale de Nice .
Guerres et fascisme
Entre discours et cocktail, le centre de la Méditerranée moderne contemporaine s'est montré très rassembleur. Il y avait du plaisir à être ensemble, à échanger.
Il y avait aussi de la fierté à évoquer les différents travaux réalisés. Le moment sera l'occasion de revenir sur des années bien remplies.
"À titre d'exemple, lors des cinq dernières années, le CMMC a organisé trente colloques, vingt journées d'études et cent séminaires. Dans le même laps de temps, nous avons réalisé 740 publications qui paraîtront dans des revues spécialisées, des ouvrages scientifiques ou encore grand public", énumère le directeur.
On construit une formidable bibliothèque et on s'intéresse à des thématiques variées.
Les universitaires confrontent leurs points de vue s'agissant, entre autres, des îles, de la circulation maritime, des différents réseaux politiques, culturels, ou littéraires.
Les guerres, le fascisme retiennent l'intérêt. Au coeur des préoccupations figurent également la Corse, l'Italie, l'Espagne ou Malte.
On pense aussi volontiers en termes de territoires. On s'efforce d'ouvrir toujours de nouvelles perspectives.
"À ses débuts, le CMMC travaillait beaucoup sur le Maghreb et le Proche-Orient. Lors de ces dernières années, notre champ d'observation s'est beaucoup élargi et c'est désormais l'ensemble du bassin méditerranéen qui est étudié", explique le directeur.
Ces frontières sont destinées à être remises en question. Parce qu'on a érigé en principe une forme d'expansionnisme, parce qu'on est amené à guetter le monde.
"Il nous arrive très souvent de convoquer d'autres espaces géographiques, en particulier lorsque nous privilégions une approche historique comparative", souligne le responsable.
Et le mouvement d'idées anime une communauté scientifique variée.
Dans le groupe figurent dix-neuf enseignants-chercheurs, deux enseignants du second degré affectés dans le supérieur, ainsi que vingt-six doctorants pour l'année 2018-2019.
À cela viennent s'ajouter près de cinquante membres associés.
"Le CMMC réunit tout à la fois des historiens des temps modernes et contemporains, des spécialistes des civilisations, des mondes ibériques et italiens, des géographes", détaille Jean-Paul Pellegrinetti.
Université de Corse
Une volonté commune forge un ensemble cohérent. "Tous étudient le monde méditerranéen dans le temps long, c'est-à-dire du XVIe au XXIe siècle. Ils l'appréhendent en tant qu'espace de circulation, d'échanges et de conflits."
Tous les ans, des rencontres jalonnent cette démarche.
"Notre ouverture a l'international nous permet d'accueillir des doctorants, des enseignants-chercheurs, des professeurs invités."
Des projets sont développés avec des universités en Italie, Espagne, Hongrie, Finlande, Tunisie, Maroc ou encore aux États-Unis, en Chine, au Canada, en Russie ou au Japon.
Les universitaires aussi multiplient les liens entre les continents et affermissent les relations internationales.
Depuis le CMMC, on regarde aussi du côté de Corte.
"Nous avons participé à différentes manifestations scientifiques avec l'université de Corse. Le laboratoire Lisa et le CMMC sont tous deux membres de la Maison des sciences de l'Homme du Sud-Est, à Nice", commente Jean-Paul Pellegrinetti.
À ses yeux, le processus ne constitue qu'une première phase.
"En tant que Corse et directeur du CMMC, je souhaite rapprocher davantage nos deux laboratoires sur des thèmes de recherche communs.
D'autant que nous partageons, pour partie, des préoccupations comparables s'agissant de la Méditerranée." À brève échéance, une première initiative va dans le sens de ce souhait.
"En mars 2019, le CMMC a prévu d'organiser à Corte, avec le laboratoire Lisa et l'association des chercheurs en études corses, une journée d'étude consacrée à Mai 68 dans l'île. Cette réflexion sera suivie d'un colloque international, « guerre et politique », un axe que je dirige au sein du centre", poursuit-il.
Avec ses équipes, il a fait le choix, dans les prochaines années, de "(Re) penser la Méditerranée" puis de mettre en regard, "la Méditerranée, l'Europe et le Monde". Le programme est de nature à favoriser les connexions.
"Des liens autour de ces questions se sont d'ores et déjà formés avec différents centres de recherche nationaux et internationaux. J'espère que l'université de Corse pourra y participer", conclut-il.
Par Véronique Emmanuelli - Source de l'article Corse Matin
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