La Méditerranée en chair et en eaux

En ce mois de février 2009, « Ça ne mange pas de pain ! » l’émission radiophonique de la Mission Agrobiosciences se penche sur la Méditerranée. « Alimentations méditerranéennes, entre désirs et dérives, d’une rive à l’autre ». En guise de mise en bouche, Marc Roze, étudiant à Sciences Po Toulouse, nous offre une revue de presse qui explore l’actualité alimentaire du bassin, entre kebab et huile d’olive...

Ce n’est pas pour rien que la
Méditerranée est considérée comme le berceau de la civilisation occidentale. Déjà, le nom signifie en latin « au milieu des terres ». Mais la Méditerranée est également située au milieu d’autres étendues aquatiques : océan Atlantique, mer Noire et mer Rouge via le canal de Suez ; sans compter les innombrables fleuves provenant des continents africain, asiatique et européen.
« Comment fait-elle pour ne pas déborder ? » se demanda un jour Alphonse Allais. La réponse lui vint presque automatiquement : les éponges l’en empêchent !
Et il faut croire qu’il avait raison : le Figaro rapporte qu’elles existent depuis 600 millions d’années, et qu’une seule d’entre elles peut en vivre plusieurs milliers. Ces « animaux » (car ce ne sont pas des plantes) ont été exploités la première fois par les habitants de l’île de Crête, deux siècles avant Jésus Christ. On passe l’éponge et on revient plus en arrière à l’époque des égyptiens, du temps des pyramides.
Dans l’empire pharaonique était consommée la poutargue, des œufs de mulet séchés. Aujourd’hui la poutargue est présentée comme substitut au caviar.
D’où son nom, rapporte L’Express, de « caviar de la méditerranée ». Mais le mulet, tout comme le thon rouge, est victime de la surpêche en méditerranée et menacé de disparaître. Pourtant il existe des quotas, régulièrement revus à la baisse par la Commission internationale pour la conservation des thonidés.
On peut lire dans le journal Développement Durable qu’en 2008, 28 500 tonnes de thon rouge était le maximum autorisé pour l’ensemble du bassin méditerranéen, et tombera en 2009 de 22 000 tonnes. Loin de là, au Japon, le thon rouge monte. 75 000 € pour un seul spécimen de 128 Kg, record historique selon l’AFP.
La
Méditerranée, ce n’est pas que de l’eau et ce qu’elle contient, mais également de l’huile d’olive... et ce qu’elle contient aussi. C’est dans La Presse, quotidien montréalais, que l’on détricote les études menées sur la contenance de ce produit typique du bassin.
C’est la diversité culturelle qui est à pied d’œuvre dans cette industrie. Michèle Ricard, importatrice d’huile d’olive grecque, explique ainsi que de l’huile africaine peut devenir italienne en un tour d’étiquette. « On a même déjà trouvé de l’huile à moteur dans de l’huile d’olive, dit-elle. On recycle aussi de l’huile rance avec de la plus fraîche. Pour changer la couleur, [on] ajoute parfois de la chlorophylle ».
Souhaitons donc bonne chance à Charles Aznavour qui a déclaré à la Provence n’avoir aucun autre projet que celui de produire son huile d’olive « Reste à lui trouver un nom dit-il, je cherche quelque chose en provençal, un terme qui sente le soleil ».
Soleil que va rechercher le
touriste, seule espèce en voie d’augmentation dans le bassin méditerranéen. Selon TV5 Monde, 300 millions de touristes ont visité les rivages côtiers de la méditerranée en 2008, soit un tiers des touristes du monde.
Pourtant certains produits typiquement méditerranéens font le chemin inverse et s’expatrient très bien. Le
pain pita est par exemple un des produits méditerranéens les plus répandus sur le globe. Son mode de consommation le plus courant ? Le traditionnel kebab ! Essaimé à travers le monde, et même si selon Libération « il fait figure de spécialité allemande aux Etats-Unis », le Döner Kebab reste une invention turque, dont le créateur, Mehmet Aygun, vient de décéder le 22 janvier dernier, à l’âge de 87 ans. Le pain pita, lui, aurait déjà plusieurs siècles au compteur dans le bassin.
Attention tout de même : un kebab contiendrait à lui seul plus de 1000 calories en moyenne, selon un rapport d’une agence gouvernementale anglaise. Graisses saturées, sel... On est bien loin du « très à la mode » régime méditerranéen. Pour finir, même si la Méditerranée « ça ne mange pas de pain », il en reste quand même un peu sur la planche...
Par Agrobiosciences.org - le 3 février 2009

Revue de presse
"Mise en bouche" de Marc Roze, dans le cadre de "Ça ne mange pas de pain !" de février 2009 : "Alimentations méditerranéennes, entre désirs et dérives, d’une rive à l’autre".
Sources :
Pourquoi les éponges épongent-elles ?, Jean-Luc Nothias, Le Figaro, 14 janvier 2009.
Les nouveaux œufs de poisson, Elvira Masson, L’Express, 13 janvier 2009.
Pêche : 2009 sous de nouveaux quotas], Jacques Moulin, Développement Durable le journal, 6 janvier 2009.
Le cas de l’huile d’olive, Stéphanie Bérubé, La Presse, 25 janvier 2009.
Le soleil radieux du tourisme méditerranéen, communiqué de presse de Mediterranean Travel Association relayé par TV5 Monde, 30 janvier 2009.
Le monde du kebab est en deuil, Carole Boinet, Libération, 29 janvier 2009.
Les kebabs, ces déchets gastronomiques, Al Kanz, 30 janvier 2009.

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