Colloque sur les cultures et identités en Méditerranée. Que faut-il penser de l’Union Pour la Méditerranée ?

Organisée par l’association pour la Fondation France-Egypte, cette réunion cherchait à promouvoir le projet de l’Union Pour la Méditerranée (UPM) et à nourrir une réflexion sur les identités diverses et multiples des pays riverains de la Méditerranée.
La réflexion s’articulait autour de deux modèles :
- Le modèle français de la laïcité
- Le modèle européen, marqué par la volonté de fédérer des sociétés multiples dans le respect de la diversité linguistique et culturelle

Organisé sous le haut patronage de Boutros-Boutros Ghali, ancien Secrétaire Général de l’ONU et de Mme la Sénatrice Catherine Morin Desailly (représentée par Mme la Sénatrice Christiane Kammermann), et en présence de plusieurs Ambassadeurs, le colloque était animé par le Dr Albert Tanios, Président de l’association pour la fondation France-Egypte, le sous-préfet Alain Boyer, Chargé de mission pour le «débat sur l’identité nationale», M. Patrice Billaud, 1er Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France, ainsi que le professeur Maurice-Ruben Hayoun, auteur de nombreux ouvrages.
Fondée le 13 juillet 2008 par Nicolas Sarkozy, dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne (UE), l’Union pour la Méditerranée (UPM) est une organisation internationale et intergouvernementale comportant 44 pays membres, dont les 27 pays membres de l’UE. Le 12 janvier 2010, M. Ahmad Masa’deh, proche de la «cause arabe», a été nommé au poste de premier secrétaire.
Au cours de son intervention, le Dr Albert Tanios travaille pour qu’un jour nous parlions «le Méditerranéen» et que «tous les peuples de la Méditerranée possèdent un nom unique». Saluant «l’initiative très courageuse» du débat sur l’identité française, M. Tanios a expliqué que «nos attitudes vis-à-vis de notre identité, déterminent notre perception des autres. Les crispations religieuses débouchent sur le refus de l’autre et s’opposent à la réconciliation de l’humanité avec elle-même». Par ailleurs, affirmant que nous sommes dans une «situation très grave», il dépeint le terrorisme comme «une maladie contagieuse qui se propage de pays en pays» et une «manifestation du refus de l’autre».
Très au fait et particulièrement concerné par l’assassinat des chrétiens coptes en Egypte, le Dr Albert Tanios souhaite dénoncer «toute forme de régression et œuvrer pour un dialogue», mais pas un dialogue naïf, car «chacun doit se demander ce qu’il fait pour arrêter le fléau du terrorisme. Nous devons refuser les menaces, les discours religieux pleins de haine et dénoncer les assassinats». Enfin, en guise de conclusion, il invite chacun, quelque soit sa nationalité et sa religion, à «refuser le repli sur soi, à ne pas avoir peur de la modernité et de la mondialisation, à ne pas tomber dans le piège du choc des civilisations et à nourrir le nécessaire dialogue entre les cultures». Selon ses dires : «le dialogue est le défi de notre temps».
Alain Boyer, chargé de mission pour le débat sur «l’identité nationale», constate que «la Méditerranée était plus unie au temps des romains qu’aujourd’hui» et rappelle que «le dialogue des cultures ne va pas de soi. Il est à construire par une volonté politique forte». Egalement membre de la mosquée de Paris, Alain Boyer prône la pratique d’un islam français détaché de tout financement étranger. Il s’indigne d’apprendre qu’un centre de formation d’imams dans la Nièvre a bénéficié de «200.000€ d’un magnat du pétrole d’Arabie Saoudite et de 200.000€ d’un frère du Qatar…». Mais fait étrange, c’est en Egypte, à l’université d’Al-Azhar, qu’Alain Boyer a choisi d’envoyer sa fille. Surnommé «le Vatican du monde islamique», l’université d’Al-Azhar déclare que «l’Islam est un système réaliste, qui suppose que le peuple vivant selon sa voie, vivra dans une société gouvernée par l’Islam». Une vision qui détonne avec les propos tenus par le sous-préfet.
Pour sa part, Patrice Billaud, 1er Grand Maître Adjoint du Grand Orient de France, croit à un rapprochement des peuples et des cultures par l’acceptation des «valeurs humanistes syncrétiques» et du «principe de laïcité». Une laïcité qui «n’a rien d’antireligieux et qui permet à chacun de vivre sa foi», précise-t-il, avant de clamer que «nous devons combattre les discriminations et le communautarisme».
Point de vue de Paul OHLOTT, Conseiller National du PRC :
«Nous sommes dans un pays où le dissensus règne bien souvent», a encore déclaré Alain Boyer. Un dissensus qui concerne tout autant notre identité que nos valeurs qui en découlent. Et si, comme le déclare par ailleurs le Dr Tanios, «nos attitudes vis-à-vis de notre identité, déterminent notre perception des autres», ne serait-il pas alors judicieux de définir premièrement et concrètement l’identité française, puis de s’intéresser à l’identité européenne, avant de démarrer éventuellement par la suite, un vaste chantier comprenant l’ensemble des pays méditerranéens ?
Dans le même ordre d’idée, il me paraît essentiel d’attendre que les Français vivent dans une réelle laïcité apaisée, démontrant ainsi ses vertus, avant de l’établir en modèle méditerranéen.
Et comment résoudre la problématique de l’intégration culturelle du monde islamique, tandis que certains s’acharnent à piétiner le socle véritable de notre propre identité, à savoir l’héritage judéo-chrétien ? Faudrait-il renier une large part de notre identité au nom du dialogue interculturel ? Le dialogue n’est-il pas censé, au contraire, s’appuyer sur le respect de l’autre dans sa différence ?
Qui a décrété que la France serait désormais un pays résolument humaniste, tandis que 41% des Français considèrent «l’héritage chrétien» comme «un fondement de l’identité nationale ?» (1). L’humanisme serait-il un bulldozer faisant table rase du passé et des convictions actuelles de nombreux citoyens, pour établir un «mieux-vivre ensemble» fondé sur un syncrétisme philosophico-religieux ?
En outre, avant de parler d’un Nouvel Ordre Méditerranéen, ne faudrait-il pas préalablement vacciner les peuples contre le «virus islamiste» (2) ? Chaque jour, des milliers de chrétiens sont persécutés, sans que l’on entende la voix des amoureux de l’espace méditerranéen ou celle de la patrie des droits de l’homme…
Oui, le refus des menaces et la dénonciation des assassinats devraient figurer parmi nos priorités en matière de politique internationale.
Oui, au dialogue interculturel qui débouche sur une meilleure compréhension mutuelle.
Non à cette union inconcevable et à ce projet prématuré.
Non à la construction d’un nouvel Empire romain brandissant l’étendard d’un humanisme incompatible avec la pensée chrétienne.
Oui aux efforts menés pour parvenir à un mieux-vivre ensemble construit sur un socle dont la solidité a été éprouvée au fil des siècles. Le mieux-vivre ensemble ne pourra naître que du changement préalable des cœurs.
La liberté, l’égalité et la fraternité sont des valeurs inspirées de la pensée de Christ. Cet homme nous a rappelé que sans aimer sincèrement Dieu et son prochain, elles seraient vouées à l’échec. (…) Notre mode de pensée moderne est né dans les valeurs chrétiennes, qui permettent la conciliation de la foi avec la raison. (…) Le défi qui repose aujourd’hui sur les chrétiens, laïcs ou non, en tant que citoyens porteurs du message de Christ, est de travailler à la restauration de son message, dans nos cœurs, dans nos modes de vie, mais aussi dans notre nation» (Extrait du dossier «Humanisme et Christianisme… ce qui les rapproche, ce qui les oppose», magazine Alternative Chrétienne n°2, Emmanuelle Giovannoni).
Source -www.prc-france.org/

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