Le Maghreb des technologies de l'information et de la communication


Le développement des nouvelles technologies est un des enjeux essentiels du discours politique officiel des pays tiers méditerranéens et entre dans les options stratégiques et industrielles prioritaires.

De la Tunisie au Maroc, de l’Algérie au Liban, de la Jordanie à l’Egypte, la volonté politique est là.
Pas question pour les gouvernants de rater ce virage technologique porteur d'emplois et de développement. Les pays arabes sont en train de passer de l'or noir du pétrole à l'or gris des nouvelles technologies.

Mais chaque pays a sa stratégie, et la compétitivité de chacun ne réside pas dans le coût de la main d’œuvre mais dans une véritable volonté, vision des politiques et des décideurs économiques.

Cette révolution technologique provoque des transformations à la fois rapides et profondes de l'économie et de la société, et représente des opportunités à même de stimuler la croissance et renforcer la capacité de l'économie à générer des emplois, le problème crucial des gouvernants de la région.

Cette mutation a nécessité la mise à niveau et la valorisation des ressources humaines, le développement de l'infrastructure, le renouvellement des équipements et l'amélioration de l'environnement en général.

Aujourd’hui la plupart des pays de la zone ont libéralisé le secteur des télécoms, il existe au moins deux opérateurs de téléphonie mobile dans chacun d’eux, et l’attribution des licences s’est faite dans la transparence.
Les télécommunications et les TIC sont considérées comme un facteur de croissance et de positionnement sur le marché mondial, c’est un élément clé pour attirer les investissements étrangers, au même titre que les infrastructures et les aides financières.

Le premier parc high-tech du Maghreb a vu le jour à Tunis et est classé parmi les 46 premiers parcs technologiques du monde par le magazine américain très branché Wired, juste après Sophia-Antipolis.
Mais les initiatives dans la zone se multiplient avec les Syriens qui se lancent dans l'aventure des zones technologiques avec l'université de Bath, près de Homs, les Libanais, dont le pôle technologique Berytech, lancé par les universités mais est désormais entièrement privé, l'Algérie dans les télécommunications avec le premier "cyberparck",entièrement financé par le groupe privé Khalifa, le Cyberpark de Casablanca, la Gizah Valley en Egypte, la Telecom Area en Jordanie.

L’internationalisation des marchés, des échanges et des stratégies de grandes firmes ont permis aux entreprises des pays méditerranéens mais surtout du Maghreb de se positionner sur les marchés de sous-traitance et du off-shore.

La facilité croissante des communications, l'abaissement des barrières tarifaires et non tarifaires, la forte concurrence sur les marchés de consommation ont poussé les industriels européens à améliorer leur compétitivité en tirant profit des conditions de production avantageuses des pays du Maghreb.

La délocalisation, notamment dans le secteur électronique ou des nouvelles technologies, permet de réduire les coûts, de s'approvisionner hors de son marché domestique, de déplacer une partie ou la totalité de son processus de production.

C'est la solution qu'adoptent de plus en plus des moyennes ou grandes entreprises européennes qui y trouvent une réponse mieux adaptée aux contraintes des marchés européens.

Au lieu d'utiliser des mesures protectionnistes, elles s’associent avec des partenaires locaux, transférant des technologies, un savoir-faire, des produits, et en échange le partenaire local apporte à la société sa connaissance du marché national, régional, arabe et africain.

La société qui investit dans cette approche, cette vision élargira par l’intermédiaire de son partenaire son horizon d’action, de commercialisation. Ses produits sont fabriqués à bas coût et adaptés, donc plus compétitif pour pénétrer les marchés émergents d’Afrique et du monde arabe, mais surtout pour préparer la mise en place de la future zone euro-méditerranéenne de libre-échange de 2010.

Aujourd’hui nombreux sont les cabinets conseils en télécommunications et informatiques européens à utiliser le savoir-faire, l’expertise des sociétés tunisiennes et marocaines sur les marchés africains et arabes pour remporter les appels d’offre.

Cet avantage permet également à ces produits fabriqués aux normes européennes d’être distribué sur les marchés européens ou la société n’est pas compétitive.
C’est ainsi que des fabricants de composants électroniques ont pu conquérir de nouveaux marchés et préservés les leurs par l’intermédiaire de leur filiale au Maghreb.

La logistique de plus en plus performante, avec moins d'une semaine entre les nouvelles commandes et les livraisons constituent une force durable pour les fabricants et sous-traitants des pays de l'Union européenne installés au Maghreb, le groupe ABX Logistics l’a compris en se positionnant sur ce marché en devenir.

Co-développer et sous-traiter, deux mots-clés qui représentent l’avenir des nouvelles technologies, de la nouvelle économie au Maghreb et qui reposent beaucoup sur le dynamisme des jeunes entrepreneurs, des cas qui se situent à contre-courant du problème de l'intensification des départs des ressources locales vers l'étranger.

Il en est ainsi de Dhamir Mannai, ingénieur en énergétique et en informatique formé aux Etats-Unis, qui en fondant Cynex dans son propre pays, la Tunisie, une start-up utilisant une technologie de pointe, en l'occurrence le développement de logiciels intégrés dans les télécommunications.

Une idée mûrit alors qu'il était conseiller du vice-président de Nortel aux Etats-Unis, en persuadant les responsables de Nortel de l'intérêt de se délocaliser en Tunisie pour contourner la pénurie d'ingénieurs informaticiens à laquelle le groupe était confronté.

La délocalisation fut difficile à arracher car les américains sont assez réticents face au transfert de technologies mais la disponibilité et la compétence de cadres qualifiés en Tunisie, à des coûts salariaux compétitifs, a permis d'emporter la décision.
Cynex développe des logiciels utilisés dans les télécoms et installe des commutateurs pour le compte de clients aux Etats-Unis, en Pologne, en Grande-Bretagne, en Tunisie et même en Afrique.

Mohamed Hourani, marocain est à la tête de Hightech Payment Systems (HPS), une société largement leader sur le marché monétique domestique et réussi à exporter ses produits dans plus d'une quinzaine de pays. Son fer de lance s'appelle PowerCARD, un progiciel permettant de gérer en toute sécurité tous les systèmes de paiement de n'importe quelle institution financière.

Il en est de même de S2M la filiale du Groupe Marocain COFIMAG, qui développe des logiciels bancaires exportées sur tous les continents et qui aujourd’hui sous-traite la gestion des e.mail pour AOL.

De nombreux nouveaux acteurs internationaux se sont implantés afin de créer de la valeur ajoutée dans la région, notamment en tentant de créer une industrie de la sous-traitance informatique et électronique renforçant la volonté des pays méditerranéens dans leur vocation technologique.

Chacun essayant d’attirer un nombre croissant de sociétés du secteur sur son territoire, mais le Maroc et la Tunisie semblent les mieux placés sur ce créneaux.

Le Maroc est souvent choisi par les grandes multinationales pour devenir leur siège régional, Compaq, Cisco, SAP,…La sous-traitance informatiques et électroniques se développent, comme avec ST Microelectronic mais la grande ambition du Maroc s’est de drainer l’implantation de call-center dont la présence est déjà effective avec H2A, Altitude Marketing, Teletech et bien d’autres.
Autre exemple d'application " off-shore " à Casablanca : des clavistes marocains tapent des ouvrages français pour la société parisienne de photocomposition Eurocompo. Ils reçoivent le travail à composer par fax, et ce qu'ils tapent arrive directement dans l'ordinateur central de Sèvres grâce à une " liaison spécialisée " avec le Maroc.

La Tunisie bien que consciente que les centres d’appels constituent une réelle opportunités, l’implantation de Téléperformance un des leaders mondiaux en est l’exemple et beaucoup d’autre à venir, est au contraire mieux perçue comme une plate-forme de développement de logiciel et d’ingénierie électronique, IBM, Alcatel, Nortel, …et des entreprises totalement tunisiennes installées sur le parc technologiques telles que BFI, Cynex, Picosoft sont devenues exportatrices de logiciels.

Dans la sous-traitance électronique une trentaine d’entreprises à capitaux mixte tuniso-européen (Allemand, Anglais, Italiens, Hollandais, Français…) travaillent en off-shore et ce marché ne cesse de croître.

La Recherche & Développement commence à être externalisée en Tunisie dans le secteur électronique & informatique. Notre cabinet travaille sur deux projets tout à fait novateur dans ce sens ou l’on utilise après une formation en France, les compétences des ingénieurs informaticiens tunisiens qui collabore avec des chercheurs européens pour la mise en place de nouveaux process.

Que ce soit la Tunisie ou le Maroc, ces deux pays ont accès la croissance de la sous-traitance dans les TIC par le développement de l'éducation, de la formation, la télé-formation , mettant compétence et savoir en avant pour faire face au besoin d’un secteur prometteur en pleine expansion.

La Tunisie en adoptant son Xéme plan accès sur la société du savoir, des compétences et des ressources humaines semble avoir pris de l’avance dans son match à devenir un hub high- tech sur le Maroc d’après le magazine Economia de Mai 2002, mais aussi sur les autres pays arabes de la région.

Article paru dans la revue Classe Export en 2002

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