Une réunion des ministres des affaires étrangères des 37 Etats participants au partenariat euro-méditerranéen s’est déroulée le mardi 6 novembre à Lisbonne, quelques jours seulement après qu’a eu lieu, la 1 er novembre, à Sharm El Sheikh (Egypte), la première conférence UE - Afrique - Moyen-Orient sur l’énergie.
L’Union méditerranéenne prendrait la forme d’un forum d'échange annuel ou bi-annuel entre les pays riverains de la Méditerranée, mais aucune institution nouvelle ne serait créée, a expliqué Alain Leroy.
La Commission européenne avait indiqué auparavant que si elle accueillait favorablement, sur le principe, l’initiative française, elle s’inquiétait de son articulation avec les projets européens existants en matière de coopération euro-méditerranéenne.
A Lisbonne, la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a rappelé un certain nombre d’aboutissements atteints dans le cadre du Partenariat euro-méditerranéen ou du Processus de Barcelone, entamé en 1995, avec neuf Etats du sud et de l'est de la Méditerranée et l’Autorité palestinienne. Elle a également évoqué les avancées de la politique européenne de voisinage, lancée en 2004 à l'adresse des pays du sud et de l'est de l'Union.
Afin d'apaiser ces inquiétudes, un statut d’« observateur » serait envisagé par la France pour les pays non riverains de la Méditerranée tandis que l'Union européenne, représentée par la Commission, ainsi que par la Ligue arabe, serait membre de droit de l'Union méditerranéenne.
A Sharm El Sheikh, Ferrero-Waldner et le commissaire à l’Energie Andris Piebalgs avaient qualifié de « priorité » l’approfondissement des relations énergétiques entre l’UE et les pays de la région méditerranéenne. Cependant, pas un mot n’avait été prononcé sur le projet d'Union méditerranéenne défendu par Nicolas Sarkozy. Celui-ci place pourtant l’énergie au cœur des coopérations concrètes autour desquelles cette Union devrait se construire.
Les positions :
Plusieurs représentants arabes ont regretté le flou de la proposition française. Le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, a ainsi déclaré : « C’est une bonne idée. Mais qu’y a-t-il dedans ? ». De même le ministre égyptien des affaires étrangères, Ahmed Abou Al-Gheit, a qualifié le projet de « vue de l’esprit » et regretté qu’il ait été lancé « sans consulter personne ».
En Europe, les Etats non riverains de la Méditerranée semblent réticents. L'Allemagne s'est abstenue de faire le moindre commentaire. Quant au ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, il a indiqué que le « gros problème » de l’initiative française était son financement.
Les Etats méditerranéens de l’Union européenne soutiennent quant à eux plutôt l’initiative, mais souhaiteraient être davantage associés à son élaboration. Hôte de la rencontre interministérielle de l’Euromed, le ministre portugais des Affaires étrangères, Luis Amado, a souligné que « M. Sarkozy a eu le mérite de souligner la nécessité d’approfondir notre partenariat avec les pays du sud de la Méditerranée ».
L’Union méditerranéenne s’oriente vers une structure allégée, d’après les précisions apportées par la diplomatie française. Elle sera uniquement basée sur un nombre limité de coopérations économiques concrètes dans des domaines bien ciblés et fonctionnera sur l’adhésion volontaire, projet par projet, des pays intéressés
Nicolas Sarkozy avait lancé pendant sa campagne présidentielle l’idée de créer une Union méditerranéenne. Le président de la République, ainsi que la diplomatie française, se consacrent aujourd'hui activement à préciser la teneur de ce projet. Depuis juillet, le chef de l’Etat s’est ainsi rendu en Tunisie, en Algérie, au Maroc et en Libye et le président égyptien, Hosni Moubarak, a été reçu à l’Elysée le 1er août.
La forme institutionnelle que prendra l’Union méditerranéenne est encore floue. à l’occasion d’une conférence à l’IFRI, le 22 novembre, Alain Le Roy à estimé que cette situation était à la fois "logique et légitime", le projet étant encore au au stade de la discussion entre tous les partenaires intéressés, les gouvernements comme la société civile.
Tirant les leçons de l’échec au moins relatif du processus de Barcelone, l’ambition de l’Union méditerranéenne sera cependant limitée à institutionnaliser des projets économiques, par le biais, par exemple, d’une agence méditerranéenne de l’eau, voire d’une banque méditerranéenne d’investissement. Il ne s'agit donc pas de constuire un projet politique.
La réunion des dirigeants des Etats riverains de la Méditerranée qui aura lieu en France à l’invitation de Nicolas Sarkozy, en juin 2008, devrait ainsi être consacrée à la "sélection d’un nombre limité de ces projets", a expliqué Alain Le Roy. D’ici là, la diplomatie française travaillera avec ses homologues méditerranéens ainsi qu’avec la société civile pour "proposer, élaborer et évaluer" des propositions de coopération, a-t-il ajouté.
Le
Cercle des économistes, une structure regroupant des universitaires, a identifié cinq domaines d’action potentiels pour la future Inion méditérranéenne : l’agriculture et la pêche, l’industrie (et particulièrement l’énergie, le textile et les technologies de l’information et de la communication), l’immigration choisie, l’investissement (notamment le financement des PME) et la protection civile (incendies).Les positions :
Même si Jean-Pierre Jouyet a affirmé plusieurs fois que l'Union méditerranéenne respecterait les coopérations euro-méditerranéennes existantes, les partenaires européens de la France restent très sceptiques.Les Etats du sud de l'UE apprécient la nouvelle impulsion que l'initiative française compte donner aux relations autour de la Méditerrannée mais ils ne voient pas la nécessité d'ajouter une nouvelle institution.
Le ministre allemand délégué aux affaires européennes, Günter Gloser, a ainsi déclaré dans un interview à La Croix que "beaucoup d'Etats européens ont une politique méditerranéenne et tous veulent contribuer à celles de l'UE" et que, par conséquent, les "projets nouveaux en direction de la Méditerranée doivent se faire sous le toit de l'UE, pas à côté".
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