Pour cette deuxième édition de la Rencontre euro-méditerranéenne des jeux du patrimoine, la Médiathèque de l’Ariana a organisé, du 16 au 18 mai sous l’égide du ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, une rencontre sous le signe du jeu.
Une rencontre autour de laquelle les deux rives de la Méditerranée se sont penchées sur les différents aspects de la question du patrimoine immatériel. Cette manifestation culturelle s’est focalisée sur deux volets, dont l’objectif est de relever la double dimension culturelle et ludique des jeux traditionnels.
Un vernissage d’exposition, mariant costumes traditionnels, instruments sardes et exposition de spécimens de jeux traditionnels tunisiens et méditerranéens, a marqué l’ouverture du colloque, enrichi par l’exposition de l’artiste Sarah Bani, intitulée «Jeux d’antan», dont le flou peint qui caractérise les personnages enfantins et innocents de ses peintures, souligne l’impossibilité de cataloguer les ludiques, puisque tout pousse à croire que la manière de jouer des enfants est la même de par le monde, qu’on joue à la kharbga tunisienne ou au biccus sarde.
En parallèle, un volet pédagogique a été dirigé par Abderrahman Ayoub, chercheur à l’Institut national du patrimoine. Ont pris part à ce séminaire international des spécialistes et des artisans venant d’Afrique, du Maghreb, de pays méditerranéens, d’Europe et du Moyen-Orient.
Cette participation éclectique a fait l’objet d’un débat riche sur le jeu comme symbole d’héritage de nombreuses cultures, et a donné lieu à des questionnements divers sur le sujet comme celui posé par Khouja Ahmed: «Quand, comment et pourquoi les jeux deviennent-ils patrimoine national ou de l’humanité?» et celui de Kidai Abdellatif : «Les jeux traditionnels et leur intérêt pour les enfants et les adultes».
Le but étant de conserver ces traditions de récréation et de ne pas estropier la mémoire collective. Ce séminaire a permis d’exposer ces jeux afin de les inventorier à travers une lecture analytique des constituants communs et des variantes, et ce, à travers des archétypes, comme l’explique Abderrahman Ayoub par son intérêt : «Pour un thésaurus interrégional partagé des jeux traditionnels».
Mais la question qui se pose est de savoir si la conservation du patrimoine «immatériel» ne réside pas effectivement dans le fait de conserver la transmission de l’héritage par voix orale dans l’échange éducatif et dans une gestuelle communicative et non pas par l’écrit, car il est essentiel pour l’identité collective de garder la réelle trace du passage générationnel.
D’ailleurs, dans les ateliers pratiques de construction de jeux et de compétition, tenus lors de cette manifestation, où l’ancien se frotte au nouveau et où se mélangent parents, éducateurs, enfants de la Tunisie et de la Sardaigne, l’intercommunication est sauvegardée dans l’altérité et l’acceptation d’autrui dans sa différence, et les jeux sont ainsi redéfinis.
Jeu traditionnel, jeu de transformation, d’inventivité, de création, jeu de réflexion, jeu de rencontres. En fait, cette manifestation annihile toute barrière géographique et démontre que le jeu semble être une deuxième nature chez l’homme.
Par LaPresse.tn - le 21 mai 2009
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