François Fillon installe le Conseil Culturel de l'UPM

Intervention du Premier Ministre, François FILLON
François Fillon, Premier ministre, installe le Conseil Culturel de l’Union pour la Méditerranée (version écrite intégrale) à Hôtel de Matignon, le Jeudi 14 mai 2009.
Mesdames les ministres,
Mon cher Renaud,
Mesdames et messieurs,
En installant le Conseil Culturel de l'Union pour la Méditerranée, j'ai le sentiment de partager avec vous une singulière aventure politique. Je parle d'aventure, parce que je crois que l'Union pour la Méditerranée est un défi, qui a été lancé par le Président de la République, contre toutes les forces de l'habitude, et je qualifie cette aventure de "politique", parce que le chemin de cette Union ne s'ouvrira pas sans notre volonté de forcer le destin. Vous avez accepté de participer à cette entreprise parce que vous pensez, comme nous, qu'une grande partie de notre avenir se dessine autour de la Méditerranée, et je veux remercier personnellement et chaleureusement chacun d'entre vous.
Votre Conseil compte des membres prestigieux, qui proviennent de toutes les rives du Bassin méditerranéen. Je crois que pour donner de l'impulsion à notre ambition, il fallait ce lieu de convergence des initiatives publiques et privées, qui concourent à notre rayonnement en Méditerranée. Et parce qu'il fallait à la tête de ce Conseil, une personnalité dont les racines méditerranéennes soient tout à fait incontestables et aussi incontestables que sa capacité d'entraînement, nous avons voulu, avec le Président de la République, que ce soit toi, Renaud, qui assume cette mission, qui prolonge celle que tu conduis pour Marseille, capitale européenne de la Culture 2013.
L'Union pour la Méditerranée, mesdames et messieurs, c'est la volonté de poser les bases d'un développement partagé sur les deux rives. Quand le Président de la République a proposé cette initiative, il est parti, au fond, d'un raisonnement assez simple : après s’être affrontée pendant des siècles, l'Europe a construit la paix et sa prospérité à travers une coopération, concrète d'abord sur des dossiers économiques, la Communauté européenne du charbon et de l'acier, puis ensuite le Marché commun. Pourquoi, après tout, la Méditerranée ne pourrait-elle pas, avec ses différences, avec son génie propre, suivre le même exemple ? Alors, est-ce que cette Union est appelée à un succès comparable à celui de l'Union européenne ? C'est sans doute trop tôt pour le dire, mon cher Henri, mais il n'est pas trop tard pour se fixer cet idéal et pour se mettre au travail.
Pour y arriver, nous avons définis avec nos partenaires des priorités concrètes : l'énergie, les transports, la sécurisation des investissements, l'environnement, la société du savoir, la recherche scientifique…Bien sûr, chacun sait qu’il y a eu des vicissitudes politiques et géopolitiques au cours de ces derniers mois qui ont ralenti l'élan qui avait été initié.
Tout reste à bâtir, mais nous sommes déterminés, pas à pas, à surmonter tous les obstacles et à réussir ce pari !En décidant de privilégier aujourd’hui la culture, nous ne démontrons pas seulement notre volonté d’aller de l’avant, nous indiquons aussi notre choix d’aller au cœur des choses. Je veux dire au cœur de tout ce qui fait une civilisation.
Il s’agit de ressusciter nos héritages entremêlés.
Il s’agit d’affirmer notre identité commune.
Il s’agit, en célébrant l’espace méditerranéen, de trouver l’inspiration de notre avenir.
L’Histoire parle pour nous. Je n'ai même pas besoin de le dire.Cet espace a été hier le berceau de nos échanges. Il a été un exemple de tolérance entre les communautés religieuses et ethniques. Je pense à la période andalouse où deux fils de Cordoue irriguaient nos sociétés de leur savoir.Je pense bien sûr à l’Antiquité gréco-romaine.
Je pense à Aristophane, à Ménandre, à Plaute qui furent joués dans plus de 500 théâtres et odéons antiques qui sont les mêmes ou presque d’Orange à Cyrène, de Malaga à Palmyre ou à Douga, où j'étais il y a quelques jours et où l'on me racontait que, à la fois le maire de Paris et mon ami Christian Giacomotto assistaient, enfants, à des représentations de la Comédie française dans le magnifique théâtre de cette petite ville romaine.
Je pense au sens du commerce et aux contacts scientifiques permanents des peuples méditerranéens, des Phéniciens aux Catalans, à tous ces échanges incessants facilités par l’art de la navigation.Je pense enfin, de façon bien plus contemporaine, aux efforts entrepris par la fondation euro-méditerranéenne, par l’Institut du monde arabe…Tout cela est culture, tout cela fait sens, et tout cela fait force.
Voilà pourquoi, Mesdames et messieurs, malgré les différends politiques ou religieux qui ont traversé et qui traversent encore le Bassin méditerranéen – j'ai envie de dire plutôt même en raison de ces conflits - il faut placer la culture au cœur du projet méditerranéen.
C’est elle qui transcende les frontières ; c'est elle qui bouscule les préjugés ; c’est elle qui accorde les esprits et les émotions. C’est donc elle qui peut être le tremplin de l'émergence d’une conscience méditerranéenne. Nous devons bâtir « une Méditerranée qui parle d’une seule voix, mais dans toutes ses langues et de toutes ses âmes », écrivait Fernando Pessoa.
La mission du Conseil Culturel sera de donner du corps et de la visibilité à cette ambition.Je ne veux pas empiéter sur votre programme de travail, mais je perçois des sujets que vous ferez certainement vôtres : la préservation du patrimoine, la création sous toutes ses formes, la revitalisation des savoir-faire artisanaux, l’éducation, le dialogue des cultures, le statut des artistes, l’économie de la culture…
Des pistes de travail ont déjà été tracées et d'autres vont être prochainement lancées, notamment par les acteurs et les institutions qui sont représentées à l'intérieur de votre Conseil.Je pense à la convention entre l'Institut du Monde Arabe et la Bibliotheca Alexandrina conclue par Dominique Baudis – qui arrive juste à temps pour que je le remercie - et aux perspectives de coopération élargie qui peuvent se développer pour la région méditerranéenne en matière de bibliothèques.
Je pense au projet adopté, en avril dernier, par la dernière assemblée de la Conférence permanente de l’audiovisuel méditerranéen, sous la houlette de son président Emmanuel Hoog, concernant la structuration du paysage audiovisuel du Bassin méditerranéen.
Je pense par ailleurs au projet de Marseille Provence 2013 sur les "Ateliers de la Méditerranée", qui permettra l'accueil, la production et l'échange culturel avec plusieurs acteurs du bassin méditerranéen.Je pense enfin, cher Renaud, au grand projet du Mucem, le futur musée national des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, qui sera implanté près du fort Saint-Jean.
Vous devez pouvoir inscrire votre action dans le cadre de ces nouvelles dynamiques.Nous nous en remettrons à la sagacité du comité stratégique et des professionnels de premier plan que vous êtes, pour définir la feuille de route du Conseil Culturel.Je veux simplement émettre deux souhaits.D’abord, faites en sorte que le foisonnement de vos idées puisse déboucher sur des initiatives politiques opérationnelles. Placez-vous donc dans une logique d’action !Et ensuite, veillez à ce que votre Conseil soit en résonance avec les travaux déjà conduits par les acteurs - publics, privés, associatifs – qui oeuvrent au rapprochement des deux rives de la Méditerranée.
Je l’ai indiqué à l’instant, il faut créer des synergies en rassemblant et en prolongeant les initiatives !
Voilà, mesdames et messieurs, les réflexions que je voulais, notamment avec Christine Albanel, partager avec vous.
Tu as, cher Renaud, avec tous les membres du Conseil, la responsabilité de tracer des perspectives et de définir des projets qui vont contribuer à dessiner la Méditerranée de demain.
Tu dois savoir, vous devez savoir que vous avez le total soutien du Gouvernement, c'est-à-dire de ses administrations, de ses établissements publics.
Vous avez évidemment celui du Président de la République, qui compte beaucoup sur vos réflexions et sur votre rapport.Permettez-moi de vous remercier ce matin de votre engagement.
Par le www.blog-fillon.com - le 14 mai 2009

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