L’UE préserve le patrimoine cinématographique arabe

Euromed audiovisuel » I et II, et « Euromed-cinéma » tentent d'améliorer la visibilité des films européens et arabes sur les deux rives de la Méditerranée.
Les échanges culturels entre les deux rives de la « Mare Nostrum » sont au cœur du développement des relations euro-méditerranéennes.
L'un des éléments principaux du paysage culturel au XXIe siècle étant l'audiovisuel, l'Union européenne investit énormément dans ce domaine au travers des programmes « Euromed audiovisuel » I et II, qui visent au renforcement de l'audiovisuel euro-méditerranéen.
Près de 12 millions d'euros ont ainsi été dépensés pour « Euromed audiovisuel » II dont le but est la formation, le développement, la promotion, la distribution et l'exploitation d'un secteur-clé, considéré comme un vecteur d'entente culturelle entre les deux rives de la Méditerranée.
Sous l'ombrelle de « Euromed audiovisuel », « Euromed-cinéma » vise à apporter un soutien aux distributeurs et aux exploitants méditerranéens et européens pour la sortie de films méditerranéens et européens.
Ce programme est « un vrai partenariat où les films circulent dans les deux sens, puisque l'Europe bénéficie également de ce projet par la diffusion de son cinéma et l'ouverture de nouveaux marchés qui sont presque monopolisés par les Américains », affirme Hania Mroué, responsable du projet « Med-Screen ».
Le programme « Med-Screen » se concentre, pour sa part, sur la promotion du cinéma des huit pays et territoires « arabes » de la région MEDA (Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie et territoires palestiniens). « L'objectif est d'améliorer la visibilité des films dans les pays du partenariat et d'augmenter leurs chances d'être commercialisés », explique Hania Mroué.
« Med-Screen », un programme qui s'est déroulé sur trois ans entre 2006 et 2008, a été financé à hauteur de 80 % par l'UE, soit 1,5 million d'euros sur un total de 1 875 000 euros. « Med-Screen » est dirigé par quatre partenaires : Beirut DC (chef de file), Europa cinémas, une structure française (cochef de file), ainsi que deux autres partenaires turc et italien.
Ce programme comprend cinq volets afin de couvrir tous les domaines visés et de toucher un large public.« Med-Screen » organise ainsi la semaine du cinéma arabe. « Nous avons participé à 30 festivals, surtout dans des pays européens.
Nous ciblons notamment les territoires que le cinéma arabe a le plus de difficultés à pénétrer. Nous sommes allés en France, en Allemagne, mais aussi en Lituanie, en Irlande et en Turquie », affirme Hania Mroué. « C'était un succès. Nous avons accueilli près de 90 000 spectateurs ».
Les deux éditions de « Ayyam Beyrouth al-cinema'iyya » font également partie des activités de « Med-Screen », qui couvrait les frais de participation des films et des professionnels présentant leurs œuvres.Le deuxième volet d'action est l'introduction des films arabes sur les deux plus grands marchés européens du film, à savoir Cannes et Berlin. « Vingt-deux films ont ainsi été présentés dans un stand pris par Med-Screen. À travers cette participation, beaucoup de ces films ont trouvé des distributeurs, ont été vendus ou sélectionnés par des programmateurs de festival », assure Hania Mroué.
Le troisième volet du programme concerne le marché des DVD qui devient de plus en plus important. « Nous avons soutenu la sortie de six films sur support DVD. Cela est important car, en raison du fort taux de piratage dans le monde arabe, beaucoup de distributeurs choisissent délibérément de ne pas éditer de DVD », souligne la responsable de Med-Screen, qui soutient également la promotion du DVD, c'est-à-dire le sous-titrage en plusieurs langues, l'édition du catalogue, etc.
Le partenaire italien du programme « Med-Screen » est en outre spécialisé dans le « making of » des films, et il a été sollicité pour venir s'occuper des « making of » de films arabes qui sont en phase de tournage, pour les insérer plus tard dans le DVD comme bonus. Près de 15 films de sept pays MEDA ont bénéficié de cette promotion depuis 2006.
Par ailleurs, « nous avons également fait la promotion de films en phase d'élaboration, mais qui méritent d'être mis en valeur, pour préparer leur sortie », affirme Hania Mroué. « Cette action complète les autres volets qui concernent des films qui sont terminés ».Le dernier volet du projet concerne Internet, de plus en plus considéré comme une source d'informations, aussi bien pour les amateurs que pour les professionnels du secteur.
Selon Hania Mroué, « il fallait un instrument de recherche spécialisé pour le cinéma arabe qui soit facile à manipuler et contenant une base de données fiables sur le sujet pour les professionnels et les cinéphiles ». De ce constat est né arabcinemadirectory: www.acdir.net, un site qui rassemble une large palette d'informations sur les films arabes depuis les années 1930 jusqu'à aujourd'hui.
« C'est la première fois qu'un travail aussi complet est réalisé, c'est énorme ! » déclare Hania Mroué. Le site contient actuellement plus de 6 500 films, mais le travail se poursuit, même si le financement européen a pris fin. « Nous essayons de trouver des sponsors et des moyens alternatifs pour financer ce projet parce que c'est un travail qui ne doit pas s'arrêter », insiste la responsable.
Des pressions sont également exercées par des bénéficiaires de « Euromed audiovisuel » II pour qu'un troisième volet de ce projet soit initié.« Malheureusement, la logique de continuité est absente », note Hania Mroué. « Nous avons le même problème avec « Euromed-cinéma » qui tente de créer un public intéressé par le cinéma européen. À chaque coupure du financement, on retourne à la case départ », regrette-t-elle.
Par Antoine Ajoury - lorientlejour.com - le 4 mai 2009

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