Les prêts proposés par les banques aux Pme demeurent trop insuffisants pour assurer leur développement (photo : F.Dubessy) |
"Les marchés et les institutions financières doivent se développer pour contribuer à une croissance économique durable".
Dans sa dernière étude, l'Euro-Mediterranean network for economic studies (Emnes) étudie à la loupe les systèmes financiers et leur implication sur la croissance économique durable en Égypte, Jordanie, au Maroc et en Tunisie.
"Le système financier dans ces pays demeure sous-développé comparé à leurs homologues européens, avec des différences entre les pays selon les institutions, le cadre réglementaire mais aussi la composition du système financier, son accès, son efficacité", soulignent les auteurs.
Ces quatre pays disposent d'une marge de progression importante pour améliorer leurs systèmes financiers et donc leur économie. Outre le sous-développement du secteur de l'assurance, des fonds de pension et des marchés de capitaux, tous pêchent par la tendance des banques à allouer une part importante de leurs fonds aux gouvernements, au détriment des crédits aux Pme et aux ménages. La croissance en région Mena de la microfinance et de la finance islamique commence à compenser en partie cette faiblesse.
Des Pme peu bancarisées
La Jordanie peut compter sur des institutions financières et un marché relativement développés (les actifs bancaires représentent 180% du PIB du pays) avec, notamment, le plus grand nombre de banques à capitaux étrangers de la région Mena. Mais les prêts aux Pme restent faibles et la plupart d'entre elles ne sont pas bancarisées.
Au Maroc, les institutions financières connaissent un bon niveau de développement, avec d'importants capitaux propres, mais malheureusement un faible niveau d'utilisation de ces fonds. Les ratios financiers moyens se sont graduellement détériorés ces dernières années. Trois banques seulement contrôlent les deux-tiers des actifs bancaires qui s'élèvent à 120% du PIB du pays.
Avec des actifs bancaires équivalents à 122% du PIB - dont la moitié contrôlée par trois banques -, le secteur bancaire égyptien finance de plus en plus le gouvernement au lieu du secteur privé, privant les PME d'accès aux services bancaires.
Des quatre pays étudiés, la Tunisie possède le système financier le moins développé (actifs bancaires égales à 120% du PIB) avec des différences conséquentes entre les performances des banques privées et publiques. Ces dernières s'avèrent incapables d'évaluer correctement les expositions aux risques et enregistrent de ce fait un taux important de prêts non-remboursés.
Ces défaillances ne facilitent pas l'inclusion financière qui suppose un accès aisé des entreprises comme des particuliers aux produits et services bancaires. "Les efforts à conduire doivent se concentrer sur l'extension des services financiers à tous les ménages et entreprises, en particulier les femmes et les jeunes (notamment dans les zones rurales), par des programmes de formation et la promotion de l'accès au services financiers", préconise l'étude.
Financial development and inclusion in Egypt, Jordan, Morocco and Tunisia ("Développement financier et inclusion en Egypte, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie") par : Rym Ayadi et Willem Pieter de Groen (coordinateurs), Taghreed Hassouba et Chahir Zaki (Egypte), Nooh Alshyab et Serena Sandri (Jordanie), Idriss Elabbassi, Aziz Ragbi et Said Tounsi (Maroc), Soumaya Ben Khelifa, Olfa Benouda Sioud, Rania Makni et Dorra Mezzez Hmaied (Tunisie).
Par Frédéric Dubessy - Source de l'article Econostruminfo
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