l'UPM: l'union politique est déjà impossible, l'économique est aussi compliquée !!

L'UPM (Union pour la méditerranée) n'est pas près de se concrétiser. Même si officiellement, des structures peuvent voir le jour, la rive sud de la méditerranée n'est pas encore prête pour dialoguer d'une seule voie.
D'abord les intérêts et les alliances politiques ne sont pas les mêmes pour tous les pays du Sud.
On distingue deux ensembles arabes très éloignés politiquement: -l'Algérie, Syrie, Libye- et -Maroc, Tunisie, Egypte, Jordanie- ces deux ensembles divergent sur leur approche de la relation avec les européens et les israéliens, sans y ajouter les conflits Maroc-Algérie et Syrie-Liban.
Pour finir, il faut ajouter, la décolonisation de la Palestine qui, à elle seule peut limiter les ambitions des initiateurs du projet.
Sur le Plan économique, On distingue facilement, les pays qui avancent très vite dans une intégration avec le Nord, à savoir tous les pays non-pétroliers. Deux exemples: le Maroc et la Tunisie, poussent à une intégration rapide de leur économie avec l'UE alors que la Libye cherche à avoir une relation ou son poids de fournisseur d'énergie pèse quant -malgré les exubérances de son "guide" - à devenir un pays rentier comme le Qatar,etc.. La libye peut se permettre ce raisonnement, ce que l'Algérie, autre pays pétrolier/gazier doit y réfléchir et deux fois avant de trouver la bonne direction. L'Algérie est dix fois plus peuplée que la Libye et le développement doit se faire différemment.

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Ci-dessous les réponse d'un économiste algérien(installé à Paris) trouvée sur un site d'un journal algérien.

Peut-on réunir Europe et Afrique autour des pays riverains de la Méditerranée et instituer un partenariat sur un pied d’égalité entre les pays du pourtour méditerranéen ? Quels sont les soubassements économiques de ce projet ? Que prendra le nord, que gagnera le sud ?

Abdelkader Sid Ahmed, ancien représentant de l’Algérie à la commission économique de l’Opep et conseiller du président Boudiaf pour les réformes économiques nous répond.

Le Courrier d’ Algérie : que peut amener le projet d’Union pour la Méditerranée aux pays de la rive sud ?
Abdelkader Sid Ahmed : très franchement, pas grand-chose, la politique de voisinage et son approche bilatérale ayant gommé tous les aspects positifs de l’approche multilatérale de Barcelone.

Quelles seraient les raisons économiques qui expliqueraient cet engouement soudain du nord pour le sud ? Que cherche -t- on à gagner ?
L’Union méditerranéenne (UM) a été une initiative unilatérale française sans concertation, semble-t-il, tant du nord que du sud, pour des raisons propres au président Sarkozy. La rencontre de Hanovre avec Angela Merkel a abouti à la récupération du projet par la Commission européenne et l’ensemble de l’Europe et le passage de l’UMP à l’Union méditerranéenne (UM). Sauf initiative spectaculaire au sommet de Paris du 13 juillet, on devrait s’en tenir à la politique de voisinage et au bilatéralisme.

Qu’apporte ce projet aux pays ayant d’ores et déjà des accords d’association avec l’Union européenne ?
Pour l’Algérie, ce projet n’apporte rien, ce pays ayant refusé la politique de voisinage, le pays n’est pas concerné par les crédits prévus à cet effet (2007-2012), le gros étant réservé aux premiers venus, en particulier au Maroc, qui bénéficie du statut exceptionnel de «pays avancé».

Ce projet d’union pour la Méditerranée ne serait-il pas motivé également par un impératif de sécurité énergétique ?
L’Algérie dans les conditions actuelles (flambée du prix des hydrocarbures) mais aussi du lourd impact de la crise alimentaire sur un pays parmi les plus dépendants du monde au plan alimentaire, devrait négocier avec l’ensemble de l’Europe un partenariat stratégique (voir projet Russie- Union européenne), lui permettant de nouer avec les pays du nord les accords spécifiques assurant l’aprèspétrole sur la base d’un réel partenariat stratégique et le réinvestissement des surplus financiers pétroliers à travers des fonds souverains à créer dans les secteurs et sociétés de haute technologie, cruciaux pour le développement futur hors hydrocarbures.

Seules la Libye et l’Algérie sont aujourd’hui en mesure de négocier ce type d’accord nord-sud, bien plus fructueux que la politique de voisinage.

Il s’agit là d’une opportunité historique unique et de dernière chance avant l’épuisement inéluctable des hydrocarbures : énergies renouvelables, biotechnologies, recherche-développement et formation, renforcement de la production agricole et alimentaire, eau etc…, constituent notamment des priorités décisives pour des partenariats spécifiques dans le cadre de l’approche multilatérale de Barcelone.

Dans un contexte Euro-Med centré sur le bilatéralisme, l’intérêt national doit primer, l’Algérie dispose aujourd’hui d’atouts – cela ne durera pas – lui permettant d’arracher les concessions nécessaires à la mise en place d’un réel développement durable.
M. A.
Courrier International - 25 mai 2008
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(*) Professeur IEDES- Université Paris I Panthéon Sorbonne Ancien représentant de l’Algérie à la Commission économique de l’OPEP- Ex-conseiller du président Mohamed Boudiaf pour les réformes économiques

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