Nicolas Sarkozy devra batailler dur pour démontrer que son Union pour la Méditerranée est plus qu'un mécanisme de coopération amélioré. Dévoilées mardi à Strasbourg, les propositions de la Commission européenne n'ont rien du grand tournant méridional souhaité à l'origine par la France.
Sur le fond, l'architecture de cette Union s'appuiera sur le processus de Barcelone lancé en 1995, et miné par le conflit du Proche-Orient. Les 27 pays de l'UE et les 13 pays riverains de la mer engagés dans ce programme seront rejoints par la Bosnie, la Croatie, le Monténégro et Monaco.
Un sommet euro-méditerranéen se réunira tous les deux ans. Il sera coprésidé par deux personnalités, l'une issue de l'UE et l'autre du sud. Un secrétariat, «qui ne sera pas basé à Bruxelles», selon la commissaire aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, aura la charge de l'animer et surtout de jouer des coudes pour trouver des financements et se tailler une marge de manœuvre: «L'une de ses tâches prioritaires sera de lancer un appel de fonds privés», a reconnu la commissaire.
Plusieurs obstacles Les projets de cette nouvelle Union seront régionaux, l'UE gardant les relations bilatérales - et les budgets qui vont avec - dans le cadre de sa «politique de voisinage».
Quatre axes pionniers, retenus par la Commission, seront soumis au sommet fondateur à Paris, le 13 juillet prochain: la dépollution de la Méditerranée; la construction d'autoroutes maritimes et continentales reliant les pays de la rive sud; un plan pour l'énergie solaire et le développement de capacités en matière de protection civile.
Le futur secrétariat sera aussi chargé de mettre sur pied «un mécanisme de réaction rapide» en cas de catastrophe. Des obstacles continuent toutefois de miner cette architecture institutionnelle. Le premier concerne la cohabitation des pays arabes avec Israël. «Sur quels critères les décisions seront-elles prises?, interroge un diplomate. A chaque fois que l'ombre de l'Etat hébreu apparaîtra, la paralysie sera inévitable.»
Le second porte sur les rivalités de personnes et de lieux. Nicolas Sarkozy s'est ainsi avancé en suggérant récemment d'installer le futur secrétariat à Tunis. Le président français, à qui la Commission propose de coprésider l'Union pour ses six premiers mois, devra par ailleurs composer avec son alter ego méditerranéen. Le nom d'Hosni Moubarak, qui circule, ne fait pas l'unanimité.
Troisième écueil enfin: la Turquie, dont Nicolas Sarkozy refuse l'intégration à l'UE. Ankara, invité à Paris le 13 juillet, n'a toujours pas répondu.
Le Temps - Richard Werly, Strasbourg - Mercredi 21 mai 2008
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