Si la coopération avec la Méditerranée est revenue au coeur des priorités politiques de l'Union européenne avec le lancement, au Conseil européen des 13 et 14 mars, de l'Union pour la Méditerranée, l'essentiel ou presque reste à faire : fixer de nouvelles règles d'ici au sommet du 13 juillet. Les dirigeants de l'UE et des pays de la rive sud de la Méditerranée se sont promis de construire un nouveau mode de coopération, fondé sur la parité Nord-Sud et sur une liste de projets concrets aptes à déclencher l'essor économique d'une région pleine de promesses.
Avec un écueil : le risque de retomber dans les errements du processus de Barcelone, version 1995, faits à la fois de querelles politiques, de lenteurs administratives et d'une insuffisante implication des pays les plus concernés.
Les idées ne manquent pas pour prendre un nouveau départ. Durant le week-end, le Forum de Paris, qui consacre traditionnellement ses travaux au dialogue des civilisations, réunit à l'Unesco, à Paris, 70 personnalités sur le thème de « L'Union pour la Méditerranée : pour quoi faire et comment ? » : « La solidarité entre les deux mondes méditerranéens n'est pas seulement un commandement moral, c'est la condition d'un avenir acceptable pour tous », souligne son président, Albert Mallet.
Mais constater que la rive sud constitue un gisement de main-d'oeuvre et un débouché économique gigantesque pour l'Europe ne suffit pas. Durant la dernière décennie, « les écarts de développement n'ont pas été réduits substantiellement, les pays de la rive sud continuent de souffrir d'une faible attractivité pour les investisseurs, (...) tandis qu'ils ont fait peu d'efforts pour se rapprocher et dépasser leurs rivalités », explique Jean-François Jamet, consultant auprès de la Banque mondiale dans une étude pour la fondation Robert Schuman. La méthode, ajoute-t-il, a aussi pâti « du manque d'implication des populations, et du déséquilibre Nord-Sud ».
Faciliter la prise de décision
Parmi les idées avancées pour rompre avec cette fatalité, l'auteur propose de financer davantage de projets d'intégration régionale entre pays voisins (commerce infrastructure communication), de mieux associer la société civile et les Parlements nationaux, de mettre en place une aide technique efficace pour stimuler la simplification administrative et la lutte contre la corruption et de se doter, côté UE, d'une représentation commune des 27 Etats membres pour faciliter la prise de décision.
Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d'investissement, bras financier de l'Union, a, lui, une autre suggestion : « Il me semble qu'une structure financière spécifique, qui accueillerait dans son capital non seulement les pays européens et la Commission européenne, comme c'est le cas aujourd'hui du Fonds européen d'investissement, mais aussi les pays arabes, les pays de la rive sud de la Méditerranée ainsi que des banques privées, permettrait de répondre plus efficacement aux demandes des PME et de la micro-économie. »
Reste à convaincre les dirigeants de l'Union pour la Méditerranée à faire les bons choix le 13 juillet.
Catherine CHATIGNOUX - Journal Les Echos - 30 mars 2008
Reste à convaincre les dirigeants de l'Union pour la Méditerranée à faire les bons choix le 13 juillet.
Catherine CHATIGNOUX - Journal Les Echos - 30 mars 2008
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