Vice Président de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) et président de la FEMIP (Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat), Philippe de Fonatine Vive est à la tête d’une institution financière, organe officiel de l’Union Européenne, qui représente aujourd’hui le premier partenaire du développement des pays méditerranéens. Il revient avec nous sur le rôle de la FEMIP, ses projets, et les perspectives de son évolution dans le cadre du projet d’une Union pour la Méditerranée.
Vous êtes à la tête de la FEMIP, qui regroupe l’ensemble des instruments d’intervention de la BEI en faveur des pays partenaires méditerranéens. Quel est exactement le rôle de la FEMIP, sa raison d’être et quelles sont ses principales réalisations ?
La Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat, la FEMIP, a été lancée en 2002. Elle a repris l’acquis de plus de trente années d’expérience de la BEI dans la région, avec toutefois une mission renouvelée dans trois directions principales :
1. Apporter un volume accru de financements aux économies méditerranéennes pour leur permettre d’accélérer le rythme des réformes et des investissements. Ceci, afin d’être en meilleure position de faire face aux défis de la mondialisation ;
2. Mettre l’accent sur l’appui au secteur privé, le seul à même de créer les 30 à 40 millions d’emplois dont la région a besoin d’ici 2020, rien que pour stabiliser le taux de chômage à son niveau actuel ;
3. Promouvoir un dialogue plus étroit avec les pays méditerranéens, afin de donner tout son sens à l’esprit de partenariat.
La Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat, la FEMIP, a été lancée en 2002. Elle a repris l’acquis de plus de trente années d’expérience de la BEI dans la région, avec toutefois une mission renouvelée dans trois directions principales :
1. Apporter un volume accru de financements aux économies méditerranéennes pour leur permettre d’accélérer le rythme des réformes et des investissements. Ceci, afin d’être en meilleure position de faire face aux défis de la mondialisation ;
2. Mettre l’accent sur l’appui au secteur privé, le seul à même de créer les 30 à 40 millions d’emplois dont la région a besoin d’ici 2020, rien que pour stabiliser le taux de chômage à son niveau actuel ;
3. Promouvoir un dialogue plus étroit avec les pays méditerranéens, afin de donner tout son sens à l’esprit de partenariat.
Dans ces trois domaines, les résultats obtenus par la FEMIP ont été remarquables et n’y voyez là aucune forfanterie de ma part. L’action de la FEMIP a en effet été plusieurs fois évaluée et notamment en 2006, en donnant largement la parole à l’ensemble des acteurs concernés : gouvernements, promoteurs publics et privés, représentants de la société civile. Ce constat est donc le leur.
1. Entre la fin des années 70 et aujourd’hui, la BEI a mis en place 18 milliards d’EUR de financements en Méditerranée, dont plus de 7 milliards ont été réalisés par la FEMIP depuis octobre 2002 ;
2. Sur les 1.4 milliard d’EUR de financements accordés en 2007, 68% ont bénéficié directement au secteur privé, une proportion encore jamais atteinte ;
3. Outre l’ouverture de 3 bureaux extérieurs, au Caire, à Rabat et Tunis, la FEMIP s’est dotée d’une architecture de dialogue à trois étages : un Conseil ministériel, qui réunit une fois par an les ministres des finances euro-méditerranéens ; un Comité consultatif, où siègent 3 à 4 fois par an des hauts fonctionnaires des 37 pays euro-méditerranéens et de la Commission européenne ; les conférences FEMIP, organisées deux fois par an, autour de thèmes sectoriels prioritaires pour le développement de la région.
2. Sur les 1.4 milliard d’EUR de financements accordés en 2007, 68% ont bénéficié directement au secteur privé, une proportion encore jamais atteinte ;
3. Outre l’ouverture de 3 bureaux extérieurs, au Caire, à Rabat et Tunis, la FEMIP s’est dotée d’une architecture de dialogue à trois étages : un Conseil ministériel, qui réunit une fois par an les ministres des finances euro-méditerranéens ; un Comité consultatif, où siègent 3 à 4 fois par an des hauts fonctionnaires des 37 pays euro-méditerranéens et de la Commission européenne ; les conférences FEMIP, organisées deux fois par an, autour de thèmes sectoriels prioritaires pour le développement de la région.
Que représentent la FEMIP et l’Europe dans son ensemble face aux investissements américains et chinois ?
La FEMIP est au service de la politique européenne de voisinage dont l’ambition est d’offrir un cadre unique pour les relations de l’Union européenne élargie avec les pays de l’Est et du Sud qui partagent avec elle une frontière terrestre ou maritime. Comme vous le savez, ce cadre a été dessiné pour favoriser le développement d’une nouvelle relation et permettre à nos voisins de cueillir eux aussi les dividendes de l’élargissement en termes de stabilité, de sécurité et de prospérité.
De fait, les peuples riverains du Nord et du Sud de « Mare Nostrum » ont depuis longtemps une longue tradition d’échanges de toutes natures. Pour que cette relation continue à l’avenir de se développer de manière harmonieuse, il est important que ne se creusent pas de déséquilibres entre eux. La FEMIP est au service de cette ambition qui dépasse largement des considérations stratégiques ou commerciales.
Les transferts financiers des migrants en Europe vers leur pays d’origine (Maghreb, Turquie, etc.) représentent un vrai levier de développement. De quelle manière ceux-ci participent à l’investissement productif ? Comment coordonner ces flux pour une utilisation optimale ?
A ma demande, la FEMIP a été la première à réaliser une étude exhaustive de ce phénomène. Cet important travail a été publié en mars 2005 et fut prolongé par une conférence, organisée à Paris, en mars 2007, en partenariat avec la Fédération bancaire européenne. Les équipes de la FEMIP travaillent maintenant à donner une traduction opérationnelle à ce travail de réflexion.Ces transferts financiers des migrants d’Europe vers leurs pays d’origine en Méditerranée représentent en effet un enjeu financier considérable : plus de 16 milliards d’€ annuels, tous canaux confondus et ils croissent globalement à un rythme supérieur à 10% par an. Ceci équivaut jusqu’à 22% du PIB de certains des pays bénéficiaires et, dans de nombreux cas, ils excèdent les autres flux extérieurs que sont les revenus touristiques, les investissements directs étrangers ou l’aide au développement.Pour renforcer l’impact de ces transferts sur le développement local, il faut agir dans plusieurs directions :
1. Baisser les coûts supportés par les migrants lors de leurs transferts et, ainsi, renforcer leur capacité économique envers leurs familles et pays d’origine ;
2. Favoriser, les coopérations transnationales entre banques pour assurer un meilleur accès des migrants aux services financiers ;
3. Explorer les conditions d’une valorisation réussie de ces flux financiers pour financer le développement des pays d’origine.
A ma demande, la FEMIP a été la première à réaliser une étude exhaustive de ce phénomène. Cet important travail a été publié en mars 2005 et fut prolongé par une conférence, organisée à Paris, en mars 2007, en partenariat avec la Fédération bancaire européenne. Les équipes de la FEMIP travaillent maintenant à donner une traduction opérationnelle à ce travail de réflexion.Ces transferts financiers des migrants d’Europe vers leurs pays d’origine en Méditerranée représentent en effet un enjeu financier considérable : plus de 16 milliards d’€ annuels, tous canaux confondus et ils croissent globalement à un rythme supérieur à 10% par an. Ceci équivaut jusqu’à 22% du PIB de certains des pays bénéficiaires et, dans de nombreux cas, ils excèdent les autres flux extérieurs que sont les revenus touristiques, les investissements directs étrangers ou l’aide au développement.Pour renforcer l’impact de ces transferts sur le développement local, il faut agir dans plusieurs directions :
1. Baisser les coûts supportés par les migrants lors de leurs transferts et, ainsi, renforcer leur capacité économique envers leurs familles et pays d’origine ;
2. Favoriser, les coopérations transnationales entre banques pour assurer un meilleur accès des migrants aux services financiers ;
3. Explorer les conditions d’une valorisation réussie de ces flux financiers pour financer le développement des pays d’origine.
La FEMIP est compétente pour agir sur ce dernier volet et des discussions ont été engagées avec le secteur financier et bancaire libanais pour examiner comment transformer, au travers de leur titrisation, une partie des flux financiers des migrants en ressources de long terme pour les banques des pays d’origine. La FEMIP appuiera cette opération, tant par ses financements, que par de l’assistance technique. Et bien entendu, cette opération-pilote pourra ensuite être répétée dans les autres pays de la région.
Quelles sont aujourd’hui les priorités en termes d’investissements dans les pays de la rive sud ? Que représente ainsi la question de l’eau ?
En Méditerranée comme ailleurs, une croissance plus vigoureuse passe avant tout par le développement de l’initiative privée, seul levier à même de créer des emplois et d’insuffler dans toute l’économie l’exigence de modernisation à la hauteur des besoins. Pour se développer, le secteur privé doit pouvoir s’appuyer sur un marché financier répondant aux besoins des entreprises. Mais il doit aussi bénéficier d’infrastructures performantes, offrant un service de qualité au meilleur coût. C’est pourquoi la FEMIP n’a pas déserté, loin s’en faut, ce secteur et intervient dans l’énergie, les transports et l’eau, qu’il s’agisse, dans ce dernier cas, de production et de distribution d’eau potable ou de traitement des eaux usées.
A cet égard, je rappellerai qu’en octobre 2004, la FEMIP avait tenu à Amsterdam une réunion d’experts sur ce thème de l’eau et dont les recommandations, partagées avec les ministres des finances, ont ensuite contribué à définir le cadre actuel de nos opérations dans ce domaine.
Et sur 2006 et 2007, ce sont plus de 400 millions d’EUR de financements qui ont ainsi accompagné des projets au Maroc, en Israël, en Tunisie et en Syrie, depuis les réseaux publics d’assainissement en zone rurale jusqu’à une unité de désalinisation d’eau de mer, montée sous forme de partenariat public-privé.
Transformer la FEMIP en une Banque Euro-méditerranéenne d’Investissement, c’est-à-dire une institution autonome, fait partie des pistes de réflexion d’une Union pour la Méditerranée. Dans quel cadre cela s’inscrirait-il, est-ce nécessaire, et qu’est-ce que cela changerait ?
La FEMIP est, comme la BEI, au service des Etats membres pour accompagner les politiques européennes, leur donner une traduction concrète. En cinq ans d’existence, elle a su faire preuve de sa capacité d’adaptation et d’innovation, pour contribuer à donner un nouvel élan au partenariat euro-méditerranéen.
Pour autant, peut-on encore faire plus et mieux ? Certainement. Et c’est même nécessaire au regard des enjeux qui sont encore devant nous. L’offre actuelle de financements pourrait par exemple être accrue et diversifiée, en portant davantage l’effort sur la valorisation du capital humain. Les collectivités locales pourraient, plus qu’aujourd’hui, devenir éligibles à des financements en direct. Les enjeux du réchauffement climatique appellent aussi des actions fortes. Les pays méditerranéens, aujourd’hui partenaires de la réflexion, devraient également se voir offrir la possibilité de devenir acteurs des décisions prises.
Pour franchir cette étape supplémentaire, il faut s’appuyer sur les acquis de la FEMIP et plus largement, du Processus de Barcelone, continuer de faire vivre ce qui fonctionne bien et de compléter le dispositif en place là où c’est nécessaire et possible. Il faut aussi conserver et enrichir l’esprit du dialogue à 27 + 10.
La FEMIP, qui est la seule institution européenne à opérer sur l’ensemble de la région et à ce titre, demeure un outil unique au service de d’un partenariat euro-méditerranéen plus ambitieux, met son expertise à la disposition de toute initiative euro-méditerranéenne. Pour être précis, elle est prête, en juillet prochain lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement, à faire des propositions concrètes afin d’accompagner le projet d’Union pour la Méditerranée et faire qu’il soit porteur d’une vraie valeur ajoutée.
Qu’est-ce qui vous lie personnellement à la Méditerranée ?
Tout d’abord, je suis né à Marseille, cité dont il n’est pas besoin de rappeler la longue histoire au cœur du bassin méditerranéen et, aujourd’hui, le rôle moteur dans l’animation de l’esprit euro-méditerranéen. Sur le plan professionnel, cinq années à la tête de la FEMIP m’ont donné l’opportunité de visiter à plusieurs reprises chacun des pays de la région, de parler en toute franchise avec leurs dirigeants et leurs chefs d’entreprises et d’apprécier les différentes facettes de la culture méditerranéenne. En un mot, nulle part ailleurs qu’en Méditerranée je n’ai ce sentiment de partager un cercle amical.
Pour vous, si l’Union de la Méditerranée devait être :
- un livre, ce serait :
Difficile de se limiter à un seul choix, tant la Méditerranée a été et demeure une source inépuisable d’inspiration pour de nombreux auteurs. C’est pourquoi plutôt que de choisir un livre, je préférerais rendre hommage à notre civilisation du livre en appelant de mes vœux un recueil qui serait formé de la Bible, du Coran, de la Tora et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
- un /des personnage(s), ce serait :
Comme la grande majorité des Français et des Méditerranéens, j’ai toujours été fasciné par le personnage de Pharaon. Et si je devais n‘en citer qu’un je choisirais Akhenaton pour deux raisons : il est pour moi le symbole de réforme, de force et de fragilité ; il inspire actuellement de jeunes compatriotes qui par leurs chansons valorisent notre propre patrimoine culturel.
- un projet, ce serait :
Bâtir ensemble un véritable système d’éducation et de santé qui offre à tous les Méditerranéens une société plus juste et plus ouverte. Avec le processus de Barcelone, nous avons progressé sur des réalisations économiques et financières mais avec l’Union pour la Méditerranée nous devons toucher encore plus directement la vie des Méditerranéens.
- un espoir :
C’est bien entendu l’espoir de voir davantage de paix et de stabilité dans l’ensemble de la région. Je suis fier d’intervenir aux côtés de chacun des gouvernements de la région et de tenir partout le même propos de paix et de développement. Je suis heureux de faire se rencontrer et mieux se comprendre les responsables économiques de toute la région. Mais l’espoir, c’est que les décideurs politiques d’Europe et de Méditerranée prennent enfin leur destin commun en main.
Le Forum de Paris - 28 mars 2008
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