Avis de décès pour l'Union pour la Méditerranée

Ce devait être la grand oeuvre diplomatique du quinquennat: avec l'Union pour la Méditerranée (UpM), initiée en juillet 2008, en pleine présidence française de l'UE, Nicolas Sarkozy promettait de sortir de l'ornière les relations euro-méditerranéennes et de jeter les bases d'un grand projet de coopération politique de part et d'autres des rives de la Mare Nostrum.
A vrai dire, l'Union européenne n'avait pas attendu Nicolas Sarkozy pour se préoccuper de la Méditerranée. C'est l'Espagne qui avait lancé en 1995 le "processus de Barcelone", cadre dans lequel ont été conclus des accords d'association, essentiellement commerciaux, entre l'UE et Israël, l'Égypte, la Jordanie, le Liban, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. L'objectif affiché dépassait cette stricte dimension économique pour envisager déjà une véritable coopération politique, mais cette ambition s'est toujours heurtée aux réalités de terrain, c'est à dire le conflit israélo-arabe.
"Pas du tout" avait tranché Henri Guaino, inspirateur de l'UpM auprès de Nicolas Sarkozy, selon qui l'échec du "processus de Barcelone" est imputable aux gnomes bruxellois et à leur lourde machinerie bureaucratique. Créons une structure légère de gouvernance, lançons quelques projets concrets et la face de la Méditerranée en sera changée. Bilan: il aura fallu un an et demi de marchandage pour enfin créer le secrétariat général de l'UpM en mars 2010, dont le titulaire, un diplomate jordanien, a démissionné hier, tirant les conséquences en quelques mois de fonction de la paralysie complète dans laquelle s'enlise l'UpM. Car si le "processus de Barcelone" n'était pas brillant, du moins fonctionnait-il. Rien de tel avec l'UpM qui depuis son lancement est plus que jamais prisonnière des tensions au Proche Orient. L'opération plomb durcie menée par Tsahal dans la bande de Gaza fin 2008 a gelé toute activité. Aucun Sommet, ni réunions ministérielles, n'ont lieu depuis 2 ans et l'agenda pour 2011 se résume à une page blanche.
Vices de conception A l'heure où la rue arabe s'agite de Tunis à Amman, en passant par Le Caire et Alger, on voit mal de toute façon ce que l'UpM pourrait dire ou faire quand on sait que ses Pères fondateurs, outre Nicolas Sarkozy, sont le despote tunisien déchu, Zine El-Abidine Ben Ali, le vacillant Président égyptien Hosni Moubarak et le terne Roi du Maroc, Mohamed VI. Autant dire que la démocratie n'était pas l'objet premier recherché par les promoteurs de l'UpM, ce qui n'est pas le moindre de ses vices de conception.
Par Yannick Laude -
http://leblogdeyannicklaude.20minutes-blogs.fr/archive/2011/01/27/avis-de-deces-pour-l-union-pour-la-mediterranee.html
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