Le CENALT : alerte aux tsunamis en Méditerranée

figure_tsunami_mediterranee_credit_cnrs.jpgLe Centre d’alertes aux tsunamis (CENALT) est opérationnel depuis juillet 2012. Géré par les équipes du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, exploité par des spécialistes en analyse de données géophysiques qui assurent une permanence 24h/24 et 7j/7.
L’historique des tsunamis en Méditerranée et la modélisation numérique : un outil de prévision et d’évaluation
 
La Méditerranée est bien connue pour son calme et la beauté de ses plages. Pourtant, ses côtes, tant au Nord qu’au Sud et à l’Est ne sont pas à l’abri des catastrophes naturelles : 25 % des tsunamis mondiaux sont en effet concentré dans cette mer.
 
Le tsunami est un train d’ondes océaniques provoqué par une déformation rapide du fond de la mer, soit par un séisme, un glissement de terrain sous-marin ou côtier  ou à l’enfoncement ou l’explosion d’un volcan marin. La Méditerranée compte une zone de collision, là où deux plaques lithosphériques se rencontrent. En effet, le chevauchement des plaques africaines et eurasiennes est à l’origine de forts séismes pouvant provoquer des tsunamis. La menace pour les côtes françaises vient principalement de la sismicité le long des côtes nord-africaines et de la mer Ligure.
 
Etudier l’historique des tsunamis, en particulier leur localisation et la fréquence des cycles d’apparition, et modéliser numériquement des tsunamis passés et des scénarios permet aux scientifiques de prévoir et d’évaluer les risques futurs.
 
Le tsunami est un phénomène connu depuis longtemps en Méditerranée : le mot latin « mare moto » ou « mouvement de la mer », qui désigne, pour les témoins de l’époque les raz-de-marée qui ont frappé les côtes du bassin méditerranéen, suite à des séismes (« terremoto »).
 
Les tsunamis les plus importants connus dans la zone Euro-méditerranéenne sont ceux de Lisbonne (Portugal), le 1er novembre 1755, provoqué par un séisme de magnitude estimée à 8,5 et celui de Messine (Italie), le 28 décembre 1908, provoqué par un séisme de magnitude estimée à 7.2. Ces deux tsunamis ont fait environ 10 000 victimes chacun. Le tsunami le plus récent remonte au 21 mai 2003, provoqué par un séisme de magnitude 6,9 (à Boumerdès, Algérie) et qui a impacté essentiellement les côtes de îles Baléares ainsi que plusieurs ports français.

Si la localisation est essentielle à la prévision des catastrophes, l’amplitude des dommages l’est aussi : les dégâts matériels et humains provoqués par les tsunamis ont été, de façon générale, moindres en Méditerranée et consistent, en dehors de la zone de l’épicentre, essentiellement en l’endommagement de matériel, notamment les équipements des ports de pêche et de plaisance. Les vagues peuvent monter  entre 1 à 4 mètres d’altitude. Le tsunami de 2003 n’a fait aucune victime, car l’événement s’est passé de nuit durant une période peut touristique  mais les amplitudes maximales ont dépassé 2 m aux Baléares, en endommageant ou coulant plus de  200 embarcations.
 
Il faut noter que la situation et les enjeux côtiers ont énormément changé durant les dernières décennies : plusieurs centaines de milliers de vacanciers sont actuellement présents sur les plages de Méditerranée occidentale des mois de mai à octobre.
 
Le CENALT : un système de surveillance et d’alerte de pointe 
 
Magnitude et localisation du séisme, niveau d’alerte ainsi que le temps de propagation du tsunami font partie des nombreux paramètres que le CENALT se doit de déterminer, en moins de 15 minutes.
Financé par  le ministère du Développement durable et de l’Energie, le ministère de l’Intérieur, et avec pour partenaires le Centre national de la recherche scientifique (CNRS-INSU) et le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM), le CENALT a pour missions :

  • Donner l’alerte, en moins de 15 minutes, aux autorités nationales en charge de la protection de la population en cas de séisme susceptible de générer un tsunami dans la zone couvrant l’Atlantique nord-est et la Méditerranée Occidentale
  • Propager l’information aux autorités des pays riverains de la zone Euro-Méditerranée
 La surveillance des séismes et des tsunamis, la transmission des informations aux autres systèmes de surveillance nationaux et la réception d’informations nécessitent une technologie de haut niveau, la plupart des cas via satellite, dont dispose le CENALT. Equipé de logiciels automatiques pour traiter les données et préparer les messages d’alerte, une expertise humaine est toutefois indispensable pour valider les résultats et les modifier si nécessaire: un opérateur présent 24h/24 communique le message d’alerte, après avoir vérifié l’heure d’arrivée du tsunami prévue le long des côtes et évalue sa dangerosité par un système de niveaux d’alerte ou de couleurs (alerte France).
 
Les systèmes d'alerte aux tsunamis: un enjeu pour le monde et la Méditerranée 
 
Le CENALT, qui recouvre Méditerranée occidentale et l’Atlantique nord-est, s’inscrit dans un mouvement de conscientisation internationale à l’égard des catastrophes marines, à la suite du tsunami du 26 décembre 2004 en Asie du Sud (environ 230 000 victimes).
 
En effet, au niveau communautaire, un projet européen de structure de coordination face aux catastrophes a réuni le 7 janvier 2005 les ministres européens des affaires étrangères, du développement et de la santé en conseil extraordinaire, afin de créer une structure européenne de coordination face aux catastrophes, qui pourrait s'appuyer sur "un corps volontaire européen d'aide humanitaire".
 
D’autre part, la Conférence internationale sur la prévention des catastrophes naturelles de Kobé (Japon) du 18 au 22 janvier 2005, organisé par les Nations unies dans le cadre de la Stratégie internationale pour la réduction des catastrophes, a donné une nouvelle dimension et une urgence supplémentaire aux discussions sécuritaires. La création d'un système mondial d'alerte précoce pour l'ensemble des catastrophes naturelles, supervisé par l'ONU est décidée. La première réalisation sera un système d'alerte aux tsunamis dans l'océan Indien, sur le modèle du système initié en 1968 dans l'océan Pacifique, par la Commission océanographique intergouvernementale de l'Unesco.
 
Le CENALT est l’aboutissement de la politique française de prévention et d’alerte des tsunamis et se place dans la trajectoire de la plateforme de l’ONU. Le CEA  a déjà signé avec certains instituts des pays voisins Européens et Méditerranéens une convention d’échange de données.
 
Un des enjeux qui reste est d’impliquer concrètement les pays de la rive sud de la Méditerranée, qui ne participent pas jusqu’à présent aux activités du groupe de coordination mis en place par l’Unesco, ni suffisamment à l’échange de données sismique ou marégraphiques en temps réel. Un effort est nécessaire pour se rapprocher des gouvernements de ces états afin de les amener à coopérer pour obtenir un système d’alerte pour la Méditerranée plus efficace et plus rapide.
Source de l'article Dimed

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