En Ukraine, des hommes et des femmes manifestent pour réclamer le départ d'un gouvernement qui a trahi leurs espérances européennes. Ils sont prêts à mourir pour une Europe symbole de liberté et d'indépendance.
Au même moment, les citoyens de notre continent ne cessent de déchanter face aux politiques initiées par la Commission européenne, soutenues par la Banque Centrale et validées par le Conseil et un Parlement entre les mains de la droite conservatrice.
L'Union Européenne n'est pas en odeur de "sainteté" auprès des peuples des États membres. Sur le plan économique, elle s'est transformée en championne de l'austérité, en Jeanne d'Arc d'un euro fort qui aggrave les déficits et plombe les exportations de la plupart des Etats membres. Sur le plan social, elle s'est affaiblie par son entêtement à porter comme un dogme l'ouverture des marchés et une libéralisation sans règle, en créant en son sein un dumping social et fiscal insupportable.
Et que dire de son absence de volontarisme en faveur des politiques écologiques ? Celles-ci permettraient pourtant de dépasser les débats nationaux et imposerait à tous des règles communes vertueuses, créatrices d'emploi, protectrices de l'environnement et du cadre de vie des citoyens.
Au final, nous faisons le constat que l'Europe d'aujourd'hui n'est pas à la hauteur des enjeux mondiaux et de l'espérance des peuples.
Les élections européennes se rapprochent à grands pas. En France, nombreux sont ceux qui prédisent une défaite cinglante de la gauche et une forte poussée du Front National. Ici comme ailleurs, le marketing électoral de l'extrême droite détourne la colère et l'inquiétude légitime des citoyens qui souffrent, effrayés par l'absence de perspectives positives pour notre continent. Face aux tenants du racisme, de l'antisémitisme et du rejet de l'autre, il nous faut affirmer et démontrer qu'une autre Europe est possible. Changeons de cap politique, donnons-nous comme perspective pour la prochaine mandature un traité européen de convergence au niveau social, fiscal et écologique.
Il est temps de renouer avec les ambitions géostratégiques des pères fondateurs.
En tant que député européen français, élu à Marseille, j'estime que les territoires du grand Sud-Est européen, à quelques encablures d'Alger, de Tunis et de Rabat, doivent occuper une place centrale dans le développement d'un espace euro-méditerranéen. L'Allemagne influence l'Europe au nord? Sans rien lâcher de sa position septentrionale, la France doit s'ouvrir au sud! C'est là qu'il y a, pour notre pays, une histoire à faire revivre et des blessures à guérir. C'est là, entre européens du Sud et africains du Nord que nous avons à tisser les liens d'un nouvel Euro-Maghreb, porte de l'Europe vers ce continent d'avenir que représente aujourd'hui l'Afrique.
L'Union européenne entretient déjà des relations bilatérales avec les pays du Maghreb: un accord privilégié avec la Tunisie, un accord d'association avec l'Algérie, un statut de pays avancé pour le Maroc. Mais nous devons être plus audacieux. La Tunisie, en quête de stabilité politique, l'Algérie, qui doit s'ouvrir avec sincérité et le Maroc, qui souhaite aller encore plus loin avec nous, ont besoin qu'une perspective européenne solide leur soit proposée. L'heure est à la supranationalité et au co-développement dans le respect des peuples, sans ingérence, et en tirant les leçons de notre passé commun. Nous devons transformer ensemble l'utopie d'une union Euro-Maghrébine en potentiel réalisable.
La question de la mobilité entre les deux rives de la Méditerranée reste un enjeu de premier plan, en particuliers pour les jeunes, qui se tournent vers l'Europe et attendent des résultats concrets en termes d'emplois, d'échanges culturels et universitaires. La question des flux migratoires doit être abordée de manière apaisée et humaniste. Cessons le fantasme de l'invasion du Sud vers le Nord et assouplissons notre politique de visas. Celle-ci, loin d'accroître la clandestinité, bien au contraire, l'endiguera. Soyons convaincus que tout étranger du Sud reste attaché à son pays, à sa famille, à sa terre. Faciliter les allers et venues entre les deux rives de la Méditerranée est à coup sûr la possibilité de sortir du débat dans lequel veut nous enfermer le Front National.
Entre Europe et Maghreb, entre vieux continent et nations jeunes, nous avons une énorme responsabilité qui consiste à penser le monde autrement. Cet autrement, j'en suis convaincu, passe par le prisme de l'écologie politique, pour une Europe plus harmonisée socialement, plus régulée économiquement et plus respectueuse de l'environnement.
Une Europe soucieuse de remettre l'homme et la nature au cœur de ses préoccupations premières.
Bref, c'est la nouvelle Europe qui se jouera au mois de mai prochain.
Par karim Zeribi - Source de l'article Huffingtonpost
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