Dans son dernier rapport sur la performance énergétique "The Global Energy Architecture Performance Index Report 2014", le Forum économique mondial (FEM) donne une vision très claire à ce sujet sur la situation des pays méditerranéens. Dans les trente premiers pays modèles, en termes de politique d'efficacité énergétique, on ne trouve que quatre méditerranéens, mais six latino-américains.
Derrière le satisfecit des Tunisiens, Algériens, Libyens et Marocains de se voir mieux classés que les autres pays de la région MENA, en politique de performance énergétique, une autre réalité et pas des moindres se cache dans le rapport du Forum économique mondial. Le fossé est large entre les bons élèves du domaine, tels la France à la troisième place mondiale, l'Espagne à la huitième et le Portugal à la seizième, et les pays du sud-méditérranéen qui sont loin derrière, après la soixantième position.
Le constat est simple, et malgré les efforts de ces dernières années en faveur d'une politique énergétique commune autour du bassin méditerranéen, avec les projets Desertec puis Medgrid, il est évident que les outils pédagogiques autour de la performance énergétique tardent à traverser la mer. Se pérennise une relation énergétique principalement basée sur l'extraction au sud des hydrocarbures et leur production et consommation au nord. Et il semble que pour le futur, ce sont les mêmes idées qui sont défendues avec Desertec et Medgrid en ce qui concerne les énergies renouvelables.
Selon les rapports et prévisions du Forum économique mondial, entre 2013 et 2014, la Tunisie recule de 10 points (50 à 60) l'Algérie de 8 (58 à 66) et le Maroc de 15 (64 à 79). On parle d'une explosion de la consommation énergétique des ménages dans ces pays, c'est-à-dire de l'électricité dite spécifique, celle qui concerne principalement les produits électroniques grand public.
À ce titre, le réseau Medener, créé en 1997, pour promouvoir la performance énergétique autour de la Méditerranée, mérite plus que tout autre institution, concernant l'énergie au nord et au sud du bassin, une mise en valeur et plus de moyens d'intervention. Déjà, il développe depuis 2012 une base de données d'indicateurs d'efficacité énergétique.
Car l'écart entre un Nord, dont les populations cherchent coûte que coûte à réduire la facture énergétique, et celles du Sud, qui ne jurent que par le confort énergétique, se creuse. D'autant que sur la rive sud, les populations devraient augmenter de 45 % d'ici 2030 et déjà la construction de bâtiments résidentiels comme tertiaires frôle constamment des chiffres records.
Pour une harmonisation de la politique de performance énergétique au nord comme au sud de la Méditerranée, il faudra favoriser les industries de l'équipement électrique et demander aux pétroliers, gaziers et producteurs de réduire leur emprise sur la politique énergétique. Il faudra aussi s'inspirer des best practices dans d'autres régions, continents.
Il faudra s'interroger pourquoi la Colombie est le sixième pays de la performance énergétique mondiale et le tout petit Costa Rica neuvième. Et pour ce dernier, étudier sa stratégie qui vient d'aboutir à un prêt de 560 millions de dollars, octroyé par le Japon, pour l'investissement dans des projets d'énergie géothermique.
Par Nidam Abdi - Source de l'article Les Echos
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