Après les réserves d’Alger et l’opposition de Mouammar Kadhafi au projet de Nicolas Sarkozy, c’est au tour d’Ankara de faire part de ses hésitations sur la question, car elle y voit “un lot de consolation” au refus de certains pays, dont la France, de l'accepter au sein de l'Union européenne.
Plus la date du lancement de l’Union pour la Méditerranée, 13 juillet à Paris, se rapproche, plus le nombre d’opposants au projet semble augmenter. En effet, la Turquie est venue s’ajouter aux pays ayant formulé des réserves sur le sujet.
C’est dire que Nicolas Sarkozy devra cravacher dur pour s’assurer de la présence de tous les concernés à son rendez-vous parisien. Lui, qui pensait avoir fait le plus dur en ralliant à sa cause la chancelière allemande Angela Merkel, laquelle voyait dans l’UPM un ferment de division entre les pays de l'Union européenne (UE) riverains de la Méditerranée et leurs alliés “nordistes”, devra trouver d’autres arguments pour convaincre Alger, Tripoli et Ankara de la justesse de son initiative.
Outre les clarifications demandées par l’Algérie, les pays arabes ont profité de la réunion d’Alger du Forum de la Méditerranée pour demander eux aussi des “clarifications sur les conséquences” de l'entrée d'Israël dans la future union. Voilà un point qui peut enterrer définitivement l’Union pour la Méditerranée, tant le différend israélo-arabe est profond et ne peut être résolu aussi aisément. Apparemment, le front anti-israélien qui a paralysé le processus de Barcelone est sur le point d’en faire de même avec l’UPM.
En dépit de cela, l’Elysée tente de se rassurer en affirmant que la plupart des pays arabes ont déjà confirmé leur présence au sommet du 13 juillet. Ajoutant son grain de sel, le colonel Kadhafi n'a pas hésité à dire publiquement tout le mal qu'il pensait du projet de Nicolas Sarkozy. “Nous ne prendrons en aucun cas le risque de déchirer l'unité arabe ou africaine”, a-t-il crié haut et fort lors d’un sommet de chefs d’État arabe concernés par l’UPM à Tripoli. Le leader libyen est allé jusqu'à dénoncer le projet de Sarkozy comme “un appât” ou “une forme d'humiliation”.
En plus de cela, le chef de l’État français est appelé à sortir le grand jeu pour rallier à sa cause la Turquie, laquelle affiche clairement son hésitation à répondre présent au rendez-vous parisien. En voulant terriblement à Sarkozy pour son refus de l’accepter au sein de l’Union européenne, Ankara n’est point enthousiaste pour s’engager dans ce projet qu’il voit comme un “lot de consolation” au refus de son intégration à l’UE. D’ailleurs, Paris concède que “la participation d'Ankara est étroitement liée à la question de son adhésion à l'UE”, mais argue que “l'UPM est un projet à géométrie variable qui garantit que les absents n'empêcheront pas ceux qui le veulent de travailler ensemble”.
En dépit de cela, les architectes du projet restent persuadés de son succès et s’attellent à mettre au point les ultimes retouches. Ainsi, il est prévu que la coprésidence “nord” soit confiée à la France pendant les six mois de sa présidence et devrait ensuite revenir, comme l'a souhaité Bruxelles, au futur président du Conseil européen, et celle du “sud” devrait revenir à l'Égypte. Quant à la localisation du siège du secrétariat de l'UPM, que se disputent Rabat, Tunis et Malte, elle sera tranchée d'ici le sommet du 13 juillet prochain.
Abdelkamel K. - Liberté Algérie - le 15 juin 2008
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