A l’approche du sommet du 13 juillet, annonçant la création de l’Union pour la Méditerranée (UPM), les initiatives pour mobiliser les énergies se multiplient. La dernière en date a été l’organisation de la première édition des Entretiens de la Méditerranée à Barcelone , les 12 et 13 juin.
Les débats ont été riches et ont permis une vision plus concrète du projet du président français Nicolas Sarkozy. Alain Le Roy, ambassadeur chargé du projet de l’UPM auprès de l’Elysée, l’a confirmé à L’Economiste d’abord en abordant le nouveau mode de gouvernance avec une coprésidence confiée à l’Egypte, suite à un consensus des pays arabes.
Le sommet se reproduit tous les deux ans. Le prochain coïncidera avec la présidence espagnole de l’Union européenne. Pour le secrétariat général, les débats ne sont pas encore tranchés. Le Maroc, la Tunisie et Malte sont candidats. Pour le projet de l’UPM, chaque pays a désigné son interlocuteur. Pour Rabat, c’est Youssef Amrani, DG des relations bilatérales au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, qui a été choisi. Un comité de parrainage politique publiera un appel aux chefs d’Etat arabes et européens une semaine avant le sommet. Ce texte, en trois langues (français, anglais et arabe), paraîtra dans Le Monde et le Financial Times. Quant au journal arabe, on hésite encore sur le titre.
En tout cas, pour le sommet du 13 juillet à Paris, 44 chefs d’Etat et de gouvernements sont attendus. «Nous tenons à la présence de la Mauritanie et de la Jordanie qui sont déjà dans le processus de Barcelone», a souligné Le Roy. Sont également invités, le président de la Commission européenne, de la BEI, la Banque mondiale, l’IMA, le secrétaire général de la Ligue arabe, celui de l’Unité africaine «pour éviter de dresser une ligne de démarcation au niveau de l’Afrique», précise le diplomate.
Tous les pays du Sud seront présents (Israël, Palestine, Liban, Syrie, …), à l’exception de la Libye. Maâmmar El Kadhafi ayant décidé de boycotter le sommet. D’ailleurs, ce pays ne fait pas partie du processus de Barcelone. Quant à l’Algérie, elle a demandé des clarifications sur ce projet d’Union et la Turquie a réservé sa réponse, ajoute Le Roy.
L’ ambition politique imprimée par l’UPM s’appuiera sur des projets concrets. Ceux qui seront retenus le 13 juillet prochain devront donner une impulsion à cette nouvelle forme de coopération.
Pour l’heure, six sont d’ores et déjà sur la table. Il s’agit de la dépollution de la Méditerranée, le plan solaire, les autoroutes de la mer, l’accès à l’eau, la protection civile et la création d’une agence pour la promotion des PME dans la Méditerranée. Le sommet fera référence à d’autres secteurs comme la santé. Concernant les autoroutes de la mer, le projet a été avancé par l’Egypte, mais porté par d’autres tellement le consensus était large, a indiqué Le Roy. Pour la protection civile, l’idée est de mutualiser les moyens pour faire face aux catastrophes naturelles.
Grosso modo, les propositions des pays du Sud sont attendues avant et pendant le sommet. Mais déjà au Nord, on relève volontiers l’attentisme du Sud. «Les pays arabes se sont contentés d’être des spectateurs. Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie ne se sont pas appropriés le projet et ils le regrettent déjà», dira Jean-Louis Guigou, président de IPEMed, lors d’un point de presse de clôture du séminaire. Il est à rappeler que de grands thèmes seront abordés au cours du sommet.
Il sera question d’environnement et de développement durable, d’énergie et de recherche de développement économique, de sécurité alimentaire, d’éducation, de culture et de mobilité.Sur le chapitre du financement, Le Roy a été on ne peut plus clair: «Il n’y aura pas de plan Marshall pour la Méditerranée.
Pour chaque projet, on fera appel au financement communautaire mais aussi à la BEI, la BAD, la BID, la Banque mondiale, les agences de coopération (AFD, KFW…) et le secteur privé».Il est incontestable que le projet de déclaration de la création de l’UPM fera référence à Barcelone.
La nouvelle institution ne prendra pas la place de Barcelone. Mais il s’agira d’aller plus loin dans la réalisation des objectifs non atteints. Pour cela, il est impératif de prendre les initiatives en concertation avec les pays du Sud. L’approche unilatérale ne fera que démobiliser les bonnes volontés, avait souligné un expert lors du séminaire de Barcelone. Pour Le Roy, l’Europe a regardé l’Est et négligé le Sud depuis 1989, date de la chute du mur de Berlin. Aujourd’hui, il s’agit de remettre la Méditerranée au centre des débats.
C’est d’ailleurs la substance du volet politique de la déclaration du sommet. Ce volet, en cours d’élaboration, marque l’ambition du projet: c’est l’Europe qui réinvestit la Méditerranée. Autre question non tranchée, la mobilité. Comment organiser la circulation des populations entre le Nord et le Sud?
L'Economiste du Maroc - le 25 juin 2008
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