Les dirigeants des pays du Sud se retrouvent ce 10 juin à Tripoli pour tenter de dégager une position commune sur le projet d'Union pour la Méditerranée, défendu par Nicolas Sarkozy. Le Quotidien d'Oran fait le point sur les différentes positions.
Les pays arabes "enthousiastes" de l'Union pour la Méditerranée (UPM) ainsi que les "réservés", voire les "hostiles", se réunissent aujourd'hui à Tripoli pour en discuter. Le sommet surprise n'avait pas été annoncé. Il va réunir les responsables des pays arabes pressentis à la participation à ce projet qui suscite, au sud, des appréciations divergentes et contradictoires. Le colonel Muammar Kadhafi va donc ouvrir sa tente pour accueillir les présidents Abdelaziz Bouteflika, Zine El-Abidine Ben Ali (Tunisie), Sidi Ould Cheikh Abdallahi (Mauritanie) ainsi que le Premier ministre marocain Abbas El Fassi. Outre ces chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'Union du Maghreb arabe, les présidents syrien et égyptien, Bachar Al-Assad et Hosni Moubarak, sont également attendus au sommet. Une source diplomatique libyenne a donné un ordre du jour très général : "examen des questions d'intérêt commun, dont l'Union du Maghreb arabe (UMA) et l'Union pour la Méditerranée".
Ce ne serait pas une surprise que la situation de l'UMA soit évoquée, mais ce serait tout simplement un miracle qu'un quelconque déclic puisse se faire dans l'organisation maghrébine qui se trouve en état de sommeil prolongé. Le vrai enjeu de la rencontre au sommet serait de dégager, si cela est possible, une position commune sur l'adhésion des pays arabes de la rive sud au projet de l'UPM, initié par Sarkozy et corrigé par l'Union européenne. Cette position commune n'est guère évidente. Jusque-là, on a entendu des appréciations très contrastées des pays arabes. L'hôte de la rencontre, le colonel Kadhafi, a déjà signifié qu'il ne sera pas présent à Paris le 13 juillet [où doit se tenir une réunion sur le sujet]. Sur l'UPM, la Libye est d'accord "en principe", tout en l'estimant entouré de "zones d'ombres". Alger, pour sa part, a réservé sa réponse et ne s'engage à rien. L'Algérie attend des "clarifications", a indiqué Mourad Medelci, le chef de la diplomatie algérienne, et c'est en fonction des réponses apportées qu'elle décidera de sa position.
Par contraste, l'Egypte et la Tunisie font figure de pays enthousiastes à l'idée de l'UPM, le premier étant assuré de la "coprésidence", le second convoitant d'accueillir sur son territoire le siège de l'union. Il y aura sans doute des discussions serrées sur la question de la participation d'Israël, qui n'est pas appréhendée de la même manière par les Etats qui ont des relations avec Tel-Aviv et ceux qui s'en tiennent à la ligne du sommet de Beyrouth d'une normalisation conditionnée au retrait des Territoires occupés. A l'évidence, les approches ne sont pas communes. La seule chose sur laquelle existe un consensus est que l'Union pour la Méditerranée a été jusque-là une affaire exclusivement franco-européenne. Mais pour pouvoir lui apporter une touche "sudiste", il faudra dépasser les divisions et les divergences.
M. Saâdoune - Le Quotidien d'Oran, le 9 juin 2008
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