De l'annulation de la conférence ministérielle Euromed

La conférence ministérielle annuelle des pays de l'UE et du pourtour méditerranéen qui devait se tenir à Istanbul a été annulée.
Chaque année, les ministres des Affaires étrangères de l'UE et du pourtour méditerranéen se réunissent dans le pay de la Présidence européenne pour faire le bilan de l'année et tenter de sortir le dialogue euroméditerranéen de l'impasse. La Suède, qui préside l'UE, n'a manifesté qu'un intérêt marginal au dialogue euroméditerranéen et a délégué à la Turquie l'organisation de la sessions rituelle.

La brouille persistante entre la Suède et Israël depuis la contestation d'un reportage sur les menes israéliennes durant la guerre de Gaza à la fin de l'année 2008 ne semble pas avoir plus incité Stockholm à se retrouver dans une enceinte euro-arabe que l'on présume électrisée, d'autat - et l'argument est mis en avant, aussi bien au Caire que dans la quasi-totalité des capitales arabes - qu'une rencontre avec Avigdor Lieberman n'était pas envisageable dans le contexte actuel (échec des tentatives américaines de relance du processus de paix, perspectives incertaines, débats controversés sur le " rapport Goldstone " fruit d'une enquête sur les " crimes de guerre " durant l'offensive à Gaza, nette dégradation des relations israélo-turques). L'UE, qui a été embarrassée par l'adoption par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU du rapport d'enquête ne serait pas empressée de courir le risque de subir à Istanbul les vifs reproches de ses partenaires arabes pour n'avoir pas soutenu le vote à Genève.
L'organisaion d'une réunion en Turquie aurait pourtant offert une perspective inédite car les ministres des Affaires étrangères ne se sont pas jusqu'à présent rencontrés en dehors de l'actuel territoire communautaire européen. Le choix de la Turquie tenait à ses relations anciennes avec Israël. Le contexte a changé et une prise de distance sensible est notée dans les rapports entre ces deux pays pourtant liés par une alliance militaire considére jusqu'alors comme solide. Chypre et la Grèce pour leur part ne voient pas d'un bon oeil cette mise en avant du rôle turc. Nicosir en particulier conteste qu'un sixième poste de secrétaire général adjoint de l'UpM soit créé et offert à la Turquie tant qu'elle n'aura pas l'assurance qu'Ankara ne lui barrera pas la voie, si elle revendiquait un poste de responsabilité au sein de la structure commune euroméditerranéenne.
La motivation égyptienne serait également due à l'amertume qu'elle répouve depuis le " lâchage " de son candidat à l'UNESCO non seulement par les pays européens mais surtout par la France, son partenaire et allié sur la scène euroméditerranéenne. Paris et Le Caire assurent conjointement la présidence de l'Union pour la Méditerranée et les signes de la " mauvaise humeur " égyptienne sont désormais perceptibles (par exemple, l'annulation d'un accord de coopération avec le musée français du Louvre et l'exigence d'un retour d'antiquités). Dans l'ensemble, l'enthousiasme égyptien pour l'UpM serait en baisse, selon des sources concordantes. La motivation la plus importante demeure cependant liée au dossier israélo-palestinien. Le contexte de blocage actuel et la faible prévision d'une nouvelle percée américaine dans ce dossier n'incitent pas le gouvernement égyptien à prendre le risque de se mettre en porte à faux vis-à-vis de l'opinion arable comme elle l'a été durant l'offensive israélienne de fin 2008. D'autant plus que ses efforts pour la réconciliation palestinienne sont actuellement enlisés.
Par Patrice Cardot & Co - Regards-citoyens.com - le 3 novembre 2009
Nb : cet article est extrait d'un article publié dans le n° 10 001du Bulletin Quotidien Europe en date du 20 octobre 2009.

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