Peut on encore sauver l'Union pour la Méditerranée ?

Voici le titre d'une note publiée il y a quelques jours par l'Institut Thomas More. Pourquoi ce titre ? Surement parce qu'un an et demi après son lancement à Paris, le projet a du faire face à des ralentissements et des échecs diplomatiques importants (la guerre de Gaza demeurant l'exemple le plus retentissant de ces blocages).
Ainsi, et alors que l'Union Européenne vient de nommer son premier président, l'UpM, elle, repousse à 2010 le sommet d'Istanbul devant déboucher sur la nomination d'un secrétaire général pour l'UpM et l'implantation de son secrétariat général à Barcelone.
Un tel échec diplomatique signerait il alors la fin de la coopération euroméditerranéenne ? Bien au contraire... le ralentissement du processus diplomatique n'empêche en rien le développement de projets concrets. Aujourd'hui sur le bassin méditerranéen, ce sont près de 250 initiatives qui sont en chantier dans les secteurs prioritaires du développement durable, des transports et de la connaissance. La realpolitik est en marche et ce sont ces projets qui construisent les contours de l'UpM.
Pourrait on dans ce cas éluder le volet diplomatique de l'UpM ? Au fond un processus de Barcelone renforcé ne serait il pas suffisant ?
Un tel raisonnement serait catastrophique. Si l'UpM se construit grâce à des projets concret, il convient toutefois de continuer à encourager sa réalisation diplomatique. C'est dans ce sens que l'Institut Thomas More nous propose 4 pistes de réflexions pour sauver l'UpM.
La première est de « dépolitiser et d'apolitiser les structures opérationnelles ». Il faudrait en effet pouvoir apaiser la situation diplomatique afin de donner des institutions stables au projet. Ces institutions pourraient alors accueillir des personnalités apolitiques (entrepreneurs, bailleurs etc).
La seconde proposition souhaite « bruxelliser et barceloniser l'UpM ». Derrière ce vocabulaire se cache la volonté d'inclure la Commission Européenne comme un acteur à part entière dans le développement de l'UpM tout en réaffirmant les principes et les exigences du processus de Barcelone. Le centre de gravité du projet euroméditerranéen, ne doit pas être à Bruxelles, et encore moins à l'Elysée. L'ensemble des acteurs doivent être tournés vers l'espace méditerranéen et non vers leurs intérêts propres. A ce sujet il faut espérer que la future présidence espagnole de l'Union Européenne puisse permettre de telles avancées.
La troisième piste de réflexion entend quant à elle « assouplir le fonctionnement institutionnel,, renforcer la coprésidence et recentrer l'approche projet ». Il est vrai qu'il sera pour le moins difficile de trouver des consensus politiques entre une quarantaine de pays. Le prix à payer d'un tel fonctionnement serait la mise en place de politiques et de projets trop amendés pour être efficaces. L'UpM si elle veut exister doit avant tout se développer sur la conduite de projets concrets permettant la coopération entre acteurs du pourtour méditerranéen.
Enfin la dernière réflexion portée par l'Institut Thomas More semble peut être la plus évidente, mais elle n'en demeure pas moins l'une des plus justes : l'UpM doit « apprendre des expériences passées ». Ainsi pendant la première décennie du XXIe siècle l'Union Européenne nous a montré qu'il fallait approfondir avant d'élargir. D'autres organisations régionales nous ont aussi enseignés que de telles coopérations ne pouvaient se construire que sur des champs spécifiques, et grâce à des projets concrets. Il faudra également dans cet optique apprendre à coopérer avec des entités déjà existantes (comme l'Union du Maghreb Arabe par exemple).
L'avenir de l'UpM n'est donc pas si noir. Certes les obstacles diplomatiques nuisent à son image et à son bon fonctionnement, mais la dynamique est enclenchée. Une fois que le projet disposera d'institutions clairement établie il pourra alors pleinement se développer sur la base des centaines de projets qui se développent d'ores et déjà entre les rives méditerranéennes. L'Union pour la Méditerranée est morte ? Vive l'Union pour la Méditerranée.
Par euromediterranee.hautetfort.com - le 20 novembre 2009

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