La sécheresse sévit en Europe du Sud cet été. Une multiplication des incendies en résulte. Des chercheurs ont mis au point un modèle de prévision de ces vagues de sécheresse estivale, appelées à se multiplier.
Il n’est pas un jour qui passe cet été 2012 sans qu’un incendie de végétation, conséquence la plus visible de la sécheresse, se déclare quelque part dans le pourtour méditerranéen. En Italie, et plus particulièrement en Sardaigne, les pompiers luttent aujourd’hui contre pas moins de 30 incendies. Le déficit hydrique annuel, associé à des actes criminels, explique en grande partie la progression des feux.
Après un hiver d’une sécheresse sans précédent depuis soixante-dix ans, l’Espagne vit un été à hauts risques d’incendies : environ 131 000 hectares ont brûlé pendant les sept premiers mois de l’année, un record pour la dernière décennie. Les derniers en date se sont déclarés dans l’archipel des Canaries, sur l’océan Atlantique.
Destruction d'une forêt milinaire aux Canaries
Sur la petite île de La Gomera, le feu a détruit depuis le 4 août plusieurs centaines d’hectares du parc naturel de Garajonay, classé au patrimoine mondial par l’Unesco, sanctuaire d’espèces végétales rares et vestige des forêts subtropicales qui poussaient là il y a plusieurs dizaines de millions d’années. « Il faudra quarante ans pour que la partie brûlée retrouve son aspect d’origine », a expliqué Ventura del Carmen Rodriguez, conseillère de l’île chargée de l’environnement.
Et la situation pourrait s’aggraver avec une vague de chaleur attendue plus tard cet été. D’autant que les pluies ont été rares en juillet en Espagne, avec 12 mm en moyenne, la moitié de la normale (23 mm). Enfin, la Grèce est frappée depuis le 8 août par d’immenses incendies dans les régions du Péloponnèse et des Météores.
Le climatologue Jean Jouzel, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’explique à La Croix :« L’ensemble des projections les plus sérieuses aujourd’hui montre que la sécheresse s’intensifiera pendant le XXIe siècle au cours de l’été dans la région méditerranéenne, en raison de la baisse de la pluviosité et de la hausse de l’évapotranspiration. »
Et la situation pourrait s’aggraver avec une vague de chaleur attendue plus tard cet été. D’autant que les pluies ont été rares en juillet en Espagne, avec 12 mm en moyenne, la moitié de la normale (23 mm). Enfin, la Grèce est frappée depuis le 8 août par d’immenses incendies dans les régions du Péloponnèse et des Météores.
Le climatologue Jean Jouzel, vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’explique à La Croix :« L’ensemble des projections les plus sérieuses aujourd’hui montre que la sécheresse s’intensifiera pendant le XXIe siècle au cours de l’été dans la région méditerranéenne, en raison de la baisse de la pluviosité et de la hausse de l’évapotranspiration. »
Remontée du climat africain au nord de la Méditerranée ?
Le dernier rapport du Giec publié en 2007 vient confirmer cette tendance : d’ici à 2100, le climat dans cette région sera plus chaud (entre 3° et 5° supplémentaires) et davantage sec (– 47 % de précipitations estivales). Parler d’une remontée du climat africain en Europe au vu des données météorologiques serait toutefois « excessif », estime Jean Jouzel.
D’autre part, aucune étude statistique significative ne vient étayer la thèse de la désertisation. En fait, selon lui, le plus inquiétant reste l’explosion démographique dans la région et la modification de l’usage des terres.
Les extrêmes climatiques ont une incidence marquée sur les secteurs qui sont étroitement liés au climat, tels que l’agriculture, la foresterie, la santé et le tourisme. Le Maroc la subit. Dans ce pays, où le secteur agricole compte pour 16 % du PIB et 45 % des emplois, la production de blé cet été ne devrait pas dépasser les 2,3 millions de tonnes au lieu de 6 millions l’année dernière. Du coup, le Maroc s’est mis à importer un volume de 5 millions de tonnes de blé, un record depuis cinquante ans.
D’autre part, aucune étude statistique significative ne vient étayer la thèse de la désertisation. En fait, selon lui, le plus inquiétant reste l’explosion démographique dans la région et la modification de l’usage des terres.
Les extrêmes climatiques ont une incidence marquée sur les secteurs qui sont étroitement liés au climat, tels que l’agriculture, la foresterie, la santé et le tourisme. Le Maroc la subit. Dans ce pays, où le secteur agricole compte pour 16 % du PIB et 45 % des emplois, la production de blé cet été ne devrait pas dépasser les 2,3 millions de tonnes au lieu de 6 millions l’année dernière. Du coup, le Maroc s’est mis à importer un volume de 5 millions de tonnes de blé, un record depuis cinquante ans.
Des modèles scientifiques pour prévenir les sécheresses
Si, à terme, les épisodes de sécheresses en Méditerranée risquaient de se banaliser, ne serait-il pas possible de prévoir leurs apparitions ? « Cela pourrait éviter des décès lors de fortes canicules. Et c’est également important pour l’agriculture », met en avant Sonia Seneviratne, professeur à l’École polytechnique de Zurich, qui a participé, conjointement avec le Laboratoire français des sciences du climat et de l’environnement (CNRS/CEA), à la mise au point d’un modèle météorologique.
Après avoir analysé soixante années de données de précipitations et de températures issues de plus de 200 stations météorologiques européennes, les scientifiques ont abouti à des résultats prometteurs, publiés, en juin dernier, par la revue Nature Climate Change. Ils démontrent que la probabilité de vivre un été très chaud après un printemps sec est de 70 % dans le sud de l’Europe, contre 30 à 40 % après des mois humides.
Cette corrélation, essentielle pour étudier le développement des sécheresses et des canicules, est toutefois soumise à une contrainte majeure : pour que les fortes chaleurs apparaissent en été, la présence d’un anticyclone persistant reste indispensable, comme l’actuel anticyclone « Néron », à l’origine d’une pénible canicule à Rome.
Par Yves CHAPELLIER - Source de l'article LaCroix
Après avoir analysé soixante années de données de précipitations et de températures issues de plus de 200 stations météorologiques européennes, les scientifiques ont abouti à des résultats prometteurs, publiés, en juin dernier, par la revue Nature Climate Change. Ils démontrent que la probabilité de vivre un été très chaud après un printemps sec est de 70 % dans le sud de l’Europe, contre 30 à 40 % après des mois humides.
Cette corrélation, essentielle pour étudier le développement des sécheresses et des canicules, est toutefois soumise à une contrainte majeure : pour que les fortes chaleurs apparaissent en été, la présence d’un anticyclone persistant reste indispensable, comme l’actuel anticyclone « Néron », à l’origine d’une pénible canicule à Rome.
Par Yves CHAPELLIER - Source de l'article LaCroix
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