Fruits et légumes. Les Espagnols redoutent la concurrence marocaine en Russie.

Le lobby espagnol craint que les exportations marocaines ne lui dament le pion en Russie suite à l’embargo sur la production européenne.

maroc-russie fruits legumesLes producteurs ibériques de fruits et légumes pleurent la perte d’un marché de 130 millions d’habitants et envient le Maroc pour cette opportunité en or. En effet, le syndicat agricole COAG, qui mène la vie dure aux produits du terroir, peine à cacher cette jalousie. De l’aveu du secrétaire général de ce même syndicat, Andres Goncora, l’embargo russe sur produits agroalimentaires européennes permettra «à nos concurrents, comme le Maroc, de mieux se positionner sur le marché russe». Les producteurs-exportateurs regrettent que cette sanction russe à l’égard du label européen renforce la position du Maroc sur le marché russe, vu que les produits nationaux n’auront plus à passer par des intermédiaires européens mais seront directement écoulés en Russie.

De surcroît, la filière ibérique craint que cet embargo marque le début d’une nouvelle redistribution des cartes sur ce marché très convoité. En effet, quand l’interdiction russe sera levée, «il faut tout recommencer pour tout reconquérir, une affaire qui est loin d’être facile car un marché du genre ne s’investit pas d’un jour à l’autre», craint Juan Marin, président des producteurs-exportateurs de fruits et légumes de la région de Murcie. «Cela fait 15 ans que nous sommes présents en Russie et voilà que nous perdons tout au profit des autres concurrents», s’est-il lamenté. Et au moment où le ministère de l’Agriculture du voisin dédramatise la situation, en assurant que les expéditions espagnoles vers la Russie représentent à peine 1,8% du total des exportations espagnoles, les producteurs jugent les pertes beaucoup plus importantes qu’elles ne le paraissent. De ce fait, la CE estime que les pertes s’élèveraient à 5,252 millions d’euros, la valeur du total des exportations européennes vers la Russie l’an dernier. Dans le cas ibérique, plus concrètement, l’Espagne a chiffré 338 millions d’euros d’expéditions agroalimentaires vers la Fédération russe en 2013. Or, le lobby juge que les chiffres présentés par les instances européennes ne reflètent pas le volume réel des exportations espagnoles vu que, outre la commercialisation directe, les producteurs espagnols écoulent leurs marchandises à travers des intermédiaires, hollandais, à titre exemple.

La Commission européenne devrait nommer ce jeudi un comité de gestion pour évaluer l’impact de cette décision sur le secteur communautaire et étudier de possibles mesures à mettre en place pour venir en aide à la filière européenne. Pour le Commissaire européenne à l’agriculture, Dacian Ciolos, il est encore tôt de parler d’indemnisation à l’adresse des producteurs comme l’exige la filière ibérique. Le commissaire a vivement conseillé les producteurs d'aller à la conquête de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités, pour diminuer les effets négatifs de cette interdiction. Un appel qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Les Espagnols cherchent déjà à asseoir leur présence sur d’autres marchés, notamment le marché nord-américain.

Source de l'article Leseco Maroc

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