Le Paradoxe du bassin méditerranéen, un milieu fortement contraint à la biodiversité exceptionnelle : quelle origine, quelle réalité, quel avenir ?
1. Contexte, objectifs et enjeux de l’appel à projets
BIODIVMEX est, au sein de MISTRALS, le programme dédié aux recherches sur la Biodiversité méditerranéenne terrestre et marine.
Objectifs
Afin de favoriser et d’encourager la coopération scientifique, la mise en réseau, notamment thématiques et le partenariat entre les laboratoires méditerranéens travaillant sur la biodiversité méditerranéenne, BIODIVMEX lance un appel à projets. Les projets déposés devront être portés par un laboratoire français et associer une équipe étrangère (de préférence du Sud ou de l’Est du bassin Méditerranéen) et l’aide demandée ne devra pas dépasser 5000€. Sont éligibles les projets de constitution et d’animation de groupes de travail sur la thématique générale développée ci-dessous à savoir celle du paradoxe méditerranéen. Ces groupes de travail devront alimenter la réflexion sur ce thème, préparer et participer à une réunion de confrontation générale dés début 2014 qui sera valorisée par un numéro spécial d’une revue internationale.
Enjeux
Les changements globaux comme les changements climatiques, le changement d’occupation des sols ainsi que l’exploitation croissante des ressources naturelles affectent le fonctionnement des écosystèmes qu’ils soient naturels ou anthropisés, continentaux ou marins. La Méditerranée est, de part ses spécificités (e. g pression anthropique ancienne et place prépondérante de l’homme actuellement ; forte biodiversité), l’une des écorégions les plus menacés par les changements ce qui a conduit récemment à identifier cette écorégion comme subissant une crise majeure (biome en crise). Néanmoins, en terme de biodiversité, la région méditerranéenne (sensu lato) est l’un des 34 points-chauds (hotspot) de biodiversité identifiés au niveau mondial, sur la base d’une forte richesse en espèces végétales et animales et de la présence d’un nombre très important d’espèces endémiques. En plus de la biodiversité « remarquable » le milieu méditerranéen présente des espèces structurantes largement répandues au sein des paysages terrestres e.g. (chênaies, pinèdes, garrigues, agroécosystèmes structurés par des éléments arborés tels que les oliviers) et les environnements marins (herbiers à posidonies ou coraux, par exemple). Cette richesse se matérialise notamment par l’identification d’un grand nombre d’espaces "naturels" protégés sur le pourtour du bassin méditerranéen. A titre d’exemple, pour les deux régions méditerranéennes françaises seulement, une dizaine de Parcs Naturels Régionaux peut être dénombré, ainsi que six Parc Nationaux et quatre réserves MAB. En outre la région méditerranéenne, montre également des niveaux de biodiversité remarquables dans des agroécosystèmes anciens tels que les Montados au Portugal, les anciennes oliveraies situés sur tout le pourtour ou d’autres systèmes agro-sylvo-pastoraux où la biodiversité a co-évolué avec l’évolution des paysages depuis plusieurs millénaires. Ainsi la convergence d’une biodiversité remarquable avec l’ampleur des pressions humaines est à l’origine du "paradoxe méditerranéen". Derrière cette notion, il y a l’idée que depuis des millénaires le bassin méditerranéen subit une forte anthropisation, mais sans avoir d’effets proportionnels en termes de pertes d’espèces. Ainsi, malgré tous les régimes de perturbations et même les dégradations d’écosystèmes, on a du mal, jusqu’alors, à clairement afficher une liste importante de perte d’espèces. De plus, ce constat concerne une région qui normalement devrait être sinistrée sur le plan biodiversité, au regard de ses caractéristiques bioclimatiques. Or, on a depuis longtemps bien compris que cet "handicap" climatique était en fait un considérable avantage évolutif à l’origine de l’extraordinaire biodiversité méditerranéenne, notamment par la combinaison "particularité climatique + diversité des habitats" (la diversité des habitats étant surtout liée aux reliefs et aux différents types de substrats). Toutefois, il semblerait que les nouvelles formes d’anthropisation (urbanisation, intensification agricole, ...) ainsi que le changement climatique soient en passe de changer aujourd’hui cette donne et que nous sortions progressivement de ce paradoxe méditerranéen sans que l’on puisse avoir aujourd’hui un état des lieux précis de cette dégradation de la situation, notamment en terme d’espèces disparues ou réellement menacées. Ces causes et leurs conséquences n’ont jusqu’alors pas été véritablement évaluées, et sans doute insuffisamment discutées au regard de l’impact des changements globaux et climatiques.
L’appel d’offres est structuré autour des questions scientifiques que pose ce paradoxe méditerranéen. Il s’agirait à la fois bien sûr de recenser les données et de définir plus précisément l’originalité de la biodiversité méditerranéenne mais surtout de proposer et développer des argumentaires qui permettraient de faire un bilan le plus réaliste possible de l’état de la biodiversité dans le bassin méditerranéen, et ce par grands types de milieux (forêts, eaux douces, systèmes lagunaires, littoral, milieux marins côtiers et profonds, agrosystèmes, petites iles...). Au delà du recensement de données, il serait ainsi utile de pousser les réflexions pour proposer de véritables points de vues et des prises de position courageuses et ambitieuses, afin d’avoir un état argumenté et réfléchi de la dynamique de la biodiversité méditerranéenne et des changements dans les processus associés (fonctionnels, évolutifs) et les services écosystémiques, avec comme double objectif d’orienter les recherches à venir, d’une part, et de hiérarchiser les mesures de conservation et de gestion d’autre part. L’ensemble de ce travail de fond, reposant sur les données existantes, la bibliographie et les connaissances des scientifiques impliqués, pourrait se formaliser par l’édition d’un ouvrage ou d’un numéro spécial d’une revue phare. Bien entendu, ces investigations concernant les écosystèmes devraient s’accompagner d’un travail relevant des SHS pour cerner les changements dans les relations entre l’organisation des populations humaines et leurs territoires. La question de la co-évolution des écosystèmes et des systèmes socio-écologiques et de son caractère explicatif en termes de biodiversité pourra être au coeur des réflexions. Les échelles de temps (temps court vs temps long) sont de même essentielles à considérer. In fine, est attendu un bilan global des enjeux et des nouvelles formes de questionnement quant à la biodiversité méditerranéenne.
2. Modalités de l’appel à projets
Les projets, portés par un laboratoire français viseront, dans un délai très court (deuxième semestre 2013) à mettre en place et faire fonctionner un groupe de travail et de réflexion associant pays du Nord et du Sud de la Méditerranée ou de l’Est du bassin sur le thème général du paradoxe méditerranéen décliné selon un objet ou un angle scientifique particulier. L’appel d’offres souhaite favoriser (mais non exclusivement) les projets impliquant au moins une équipe de sciences « dures » et une équipe SHS. Les animateurs du groupe, porteur du projet, devront tenir compte du fait que dés le début de 2014, une réunion de synthèse permettra une confrontation générale devant déboucher sur une valorisation sous formes de publications de synthèse.
Constitution du dossier – Pièces à fournir Les porteurs de projet doivent rédiger un texte court (4 pages maximum), sous forme de lettre d’intention détaillant :
l’approche thématique choisie, son contexte, sa pertinence concernant le paradoxe méditerranéen,
la constitution et pertinence du groupe de travail proposé,
le mode de fonctionnement de ce groupe de travail (animation, coordination, calendrier de réunions, , etc)
la demande financière, qui sera au maximum de 5000 euros (frais de réunion, frais de mission, animation,. La date impérative de dépôt des candidatures est le 26 juillet 2013
Les propositions sont à envoyer par mail à Thierry GAUQUELIN : thierry.gauquelin@imbe.fr Les projets reçus seront évalués par le conseil scientifique de BIODIVMEX de manière à ce que la notification des projets retenus soit effective début septembre 2013.
Renseignements administratifs et soumission : Thierry Gauquelin , coordinateur Biodivmex, thierry.gauquelin@imbe.fr
Source de l'information Mistrals
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