La Méditerranée,
comme beaucoup d’autres endroits sur notre planète souffre d’un développement économique non maîtrisé et de l’incapacité politique d’aller
vers cette maîtrise.
Le constat est
clair et limpide comme l’eau au large de Porquerolles : la Méditerranée souffre
de l’urbanisation, des pollutions diverses, de la démographie galopante, de surpêche,
du réchauffement climatique ….
Le rapport sur
ce sujet, dit « rapport Courteau », du Sénateur
M Roland Courteau publié en 2011 et
approuvé par l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et
Technologiques (OPECST) est une référence
unanimement saluée. Il passe en revue sur 160 pages les dangers qui pèsent sur
notre « belle bleue », du dégazage aux PCB, en passant par la surpêche, les pesticides,
le traitement des eaux usées, les forages off-shore, l’urbanisation de ses côtes, les macro- et micro
déchets, le réchauffement des eaux etc. etc.
…et donne quelques pistes pour améliorer la situation. Il en existe une version de synthèse de 8
pages, idéale à lire à la plage, les
pieds dans l’eau de moins en moins limpide.
http://www.senat.fr/rap/r10-652/r10-652-syn.pdf
Quelques
chiffres en passant pour donner le tournis :
- la Méditerranée est une machine à évaporation énorme
: 3130 km3 par an
- ses eaux se renouvellent en un siècle
- en 30 ans
ses populations côtières sont passées de 96 à 145 millions d’habitants
- le bassin concentre 31 % du tourisme mondial
- environ 60 plateformes d’extraction d’hydrocarbures
sont en fonctionnement
- 60 à 80 %
des habitants de la rive sud ne sont pas reliés à un réseau d’assainissement
valable
- par km2 on trouve 500.000 micro-déchets (300
microns)
- la mer s’est réchauffée de 1°C en l’espace de 30
ans
Le problème de
la Méditerranée est que sa souffrance ne
se voit pas, ou si peu, ou pas encore de partout.
Au mois de juin
2013, deux ans après la publication du
rapport, a eu lieu un débat au Senat
français en présence de M . Courteau
pour « faire le point » ( http://www.senat.fr/rap/r12-536/r12-536_mono.html ) et
force est de constater que les progrès réalisés sont minimes et insuffisants. La
situation est toujours aussi préoccupante.
On arrive par
exemple à réduire le nombre et la quantité des dégazages des navires grâce à une
surveillance aérienne accrue et une politique plus répressive, mais l’outil
satellitaire préconisé n’est toujours pas en place et les plateformes pétrolières
les plus anciennes fonctionnent toujours.
La faute à quoi
et à qui ? Au manque de moyens financiers, de volonté politique, de
coordination des organismes existants et à la crise politique dans les pays
des rives sud et est de la Méditerranée.
L’instabilité politique
sur les rives sud et est de la Méditerranée est dramatique non seulement pour
ses habitants, mais également pour la protection de la mer. L’UPM (Union pour
la Méditerranée, initiée par Nicolas Sarkozy) a clairement échoué pour des
causes politiques liées au conflit israélo-palestinien. Les suites par endroit ‘difficiles’ du printemps arabe aggravent
encore la situation. Ce n’est malheureusement « pas le moment » de s’occuper
des problèmes d’assainissement ou de la résorption des décharges à ciel ouvert en bordure littorale …
Il ne s’agit
pourtant pas de jeter la pierre aux pays du Sud car la situation est loin d’être
rose sur les rives nord de ‘Mare Nostrum’. Je citerais à titre d’exemple la
situation de l’agglomération Marseillaise avec ses problèmes d’assainissement,
de rejets de boues rouges ou de lessivage d’anciens sites industriels ainsi que
l’apport par le Rhône de son lot de PCB et autres nitrates. Par la
configuration de la Méditerranée, ses vents du Nord et ses courants, le Sud hérite
même une grande partie de ‘notre’ pollution.
Une épée de Damoclès
est à peine abordée dans le rapport Courteau : le bouleversement possible du
complexe système des courants, dû à l’augmentation des températures (1°C en
trente ans !) et de la salinité de l’eau. (Sujet abordée dans cet article très
didactique : http://www-g.oca.eu/cerga/GMC/kids/cd/pdffr/Med.pdf ) Ce
bouleversement pourrait avoir des conséquences importantes sur la vie marine.
Alors qu’il
sera impossible d’intervenir en peu de temps sur le réchauffement climatique,
il ne faut cependant pas baisser les bras, mais
essayer de mettre en œuvre un certain nombre d’actions et de mesures
pour sauver ce qui peut l’être encore.
Le nombre d’aires
marines protégées est croissant et il faut s’en féliciter. Mais à quoi sert une aire protégée dans une mer
fermée ou le moindre accident pétrolier aurait des conséquences gravissimes
? Il ne faudrait pas hésiter par exemple
à mettre sur la table le sujet de l’arrêt des plateformes pétrolières les plus
anciennes ou la limitation de la taille des navires. Les porte-conteneurs de la
dernière génération portent à leur bord autant de carburant pour leur propre
propulsion (20.000 tonnes) que ce qu’il y avait dans les soutes de l’Erika !
Ce sujet et d’autres
devrait être pris à bras le corps par l’Union
Européenne qui devrait jouer dans l’avenir
un rôle principal et devenir fédérateur de la protection de la Méditerranée.
La recherche d’un partenariat « dépolitisé
» avec les autres pays du pourtour méditerranéen est un impératif qui ne
pourrait être réalisée par les nations séparément.
La difficulté résidera
dans l’articulation du travail d’expertise des spécialistes, chercheurs,
universitaires, scientifiques avec la décision politique.
Les
gouvernances pan-nationales deviendront une obligation pour la résolution des
problèmes.
Rêvons un peu,
par exemple à la création d’un parlement
des Pays Méditerranéens à l’instar du parlement Européen. A l’heure actuelle cela semble totalement
hors de portée, mais à « Objectif Transition » on part du principe qu’on ne
doit pas s’interdire les utopies ….
Source de l'article Permis Rhône Maritime
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